Classique
Les disques classiques et lyriques du mois de janvier 2019

Les disques classiques et lyriques du mois de janvier 2019

01 February 2019 | PAR La Rédaction

Le début d’année a été aussi mélodieux que divers avec quelques pépites attendues écoutées en avant-première et beaucoup de très belle musique de chambre. Voici les disques que nous avons reçus et écoutés en janvier alors que février pointe le bout de son nez.

Par Victoria Okada et Yaël Hirsch

Belle collection vocale du début de l’année

Julie Fuchs est une « Mademoiselle » confirmée
Accompagnée par l’Orchestre National de France, dirigé par Enrique Mazzola, la soprano française propose sous le titre léger de Mademoiselle son deuxième album chez Deutsche Grammophon : il s’agit d’un parcours orignal dans le Bel Canto. En trois langue, on y entend des airs classiques de Donizetti et Rossini Mais aussi pas mal de Pacini, Barbieri, Foravanti et Meyerbeer ou Berlioz. Commençant sur une note sombre et généreuse avec « Il faut partir » de la Fille du régiment, elle dévoile tous les aspects de sa voix agile et colorée. Jamais en force et toujours en mouvement, elle crée le ravissement. A entendre live le 7 mars à la Cité de la Musique et le 9 au Grand Théâtre d’Aix.
Julie Fuchs, Orchestre National de France, Enrique Mazzola, Mademoiselle, Deutsche Grammophon, sortie le 15/02/19. Liens d’écoutes et achat, ici. YH

Jodie Devos chante Offenbach colorature

En publiant son premier disque solo, Jodie Devos célèbre les 200 ans d’Offenbach, mais pas n’importe comment. En collaboration avec le Palazetto Bru Zane, elle aborde des partitions coloratures dans des œuvres pour la plupart méconnues : Boule de neige, Les Bavards, Les bergers, Robinson Crusoé… Le plaisir est double : celui de goûter au timbre clair de cette soprano habile et subtile, dont la carrière est en train de prendre une véritable envergure depuis son Deuxième Prix et le Prix du Public au Concours Reine Elisabeth de Belgique, son pays natal ; et celui de découvrir ces musiques qui s’éloignent parfois de l’image communément admise pour Offenbach — compositeur d’opérettes et de musiques légères. À quoi s’ajoute un autre plaisir, celui de comprendre toutes les paroles sans texte, grâce à sa diction extrêmement limpide. Un intrus dans cette collection d’agilité vocale, que notre soprano réalise avec justesse et virtuosité, le « Barcarolle » des Contes d’Hoffmann, permet cependant d’apprécier une deuxième voix, celle de la mezzo soprano Adèle Charvet. Un grand chef offenbachien Laurent Campellone dirige Münchner Rundfunkorcheter, ce qui est un plaisir de plus, un grand. Offenbach colorature : 1 CD Alpha Classics, ALPHA 437, durée : 60’59. VO

Aedes chante Brel et Barbara à cappella

En 2001, ces deux monstres sacrés de la chanson avaient été mis en mouvements par Maurice Béjart. En 2019, c’est la Musique chorale sans instruments qui s’empare des comédies humaines que forment les chansons de Jacques Brel et Barbara. Pour certains Brel intimistes comme “Voir un ami pleurer”, le résultat est bluffant d’émotion. Pour certains morceaux déchirants de Barbara comme “Attendez que ma joie revienne”, le résultat est quasi-religieux. Il y a aussi des redécouvertes comme le truculent “Air de la bêtise” de Brel qui fait déjà opérette. Un CD surprenant et riche.

Brel & Barbara, Ensemble Aedes, dir. Mathieu Romano, 73’31, evidence classics, décembre 2018.  YH

Trois programmes étonnants chez Erato

Le label Erato sort ce début de l’année trois disques dont l’un marque autant que les autres. Le premier, Songplay par Joyce Di Donato et ses complices qui sont plutôt des musiciens de jazz. Ils réarrangent le répertoire connu de tous les chanteurs classiques, ces mélodies qu’ils abordent tous au début de leurs études. Des airs simples, pour la plupart écrits en Italie au 18e siècle, ont été arrangées très différemment : Vivaldi sur un rythme de samba, un tango sur une aria de Marcello… 14 titres décoiffants, que Joyce Di Donato chante avec toutes ses qualités, tant sur la technique, le timbre, que sur l’expression. Songplay : 1CD Erato, 0190295534367, durée : 70’49, sortie 1er févier. VO

Deux des meilleures voix actuelles, Diana Damrau et Jonas Kaufmann enregistrent ensemble Italienisches Liederbuch d’Hugo Wolf. Ils ont déjà remporté un succès triomphal dans douze villes d’Europe avec ce programme, avec la complice de l’une des plus grands pianistes de Lied de notre temps, Helmut Deutsch. L’enregistrement de ce recueil de mélodies, puisées dans le répertoire de la poésie populaire vénitienne et toscane, a été réalisé en directe d’un concert à la Philharmonie d’Essen en février 2018. Leur art est si complet qu’il ne laisse pas beaucoup de place à l’imperfection ; leurs timbres chaleureux et leurs expressivités inspirées font plaisir, surtout à leurs fans, y compris la pochette quelque peu kitsch ! Italienisches Liederbuch, 1CD Erato, 0190295658663, durée : 76’34, sortie 11 janvier. VO

Dans son disque Voglio Cantar, la soprano hongrloise Emöke Barath réunit, autour des chansons et des airs de Barbara Strozzi (qui fête cette année le 400e anniversaire de naissance), ceux de ses compositeurs contemporains : Biagio Marini, Antonio Cesti, Tarquinio Merula et Francesco Cavalli. Considérée comme la première compositrice de l’histoire dont le talent a été reconnu tel quel, Barbara Strozzi a laissé des pages expressives remplies d’émotion, non dépourvues de virtuosité typiquement italienne. Emoke Barath les chante en véritable ambassadrice, grâce à sa technique pleinement rassurante et une grande élasticité vocale. L’Ensemble Il Pomo d’Oro, dirigé depuis le clavecin par Francesco Corti, est son excellent complice qui met efficacement en valeur sa voix. La prise de son est tout aussi virtuose. Voglio Cantar : 1 CD Erato, 0190295632212, durée : 80’, sortie janvier. VO

 

Schumann concerto only cover

Schumann Violoncelle : Sol Gabetta VS Gaultier Capuçon

Les deux violoncellistes star sortent quasiment en même temps un disque Schumann sur lequel chacun choisir sa version du fameux concerto en “la” (1850) et des Fantasiestucke : côté Sol Gabetta, ambiance chambriste avec le Kammerochester Basel dirigé par Giovanni Antonini et expressivité maximale pour l’opus 129. Accompagnée par Bertrand Chamayou vivacité, elle. Côté Gautier Capuçon installé dès la couverture dans un sous-bois à l’automne, l’atmosphère est plus compassée et avec douceur le soliste semble se fondre dans la partie du Chamber Orchester of Europe dirigé par Bernard Haitink. Côté guests : Martha Argerich et Renaud Capuçon épicent les fantaisies de bien des émotions. A écouter et comparer sans retenue.

Sol Gabetta, Kammerochester Basel, Giovanni Antonini, Bertrand Chamayou, Schumann, Sony, 4 CD, 58 min, sortie le 30/11/2018, 16 euros.  Gautier Capuçon, Schumann, Martha Argerich, Renaud Capuçon, Bernard Haitink, Chamber Orchestra of Europe, 18/01/2019. YH. 

CDs intimistes

Cinderella Prokofiev & Cowell par le pianiste Wilhelm Latchoumia

Avec beaucoup d’énergie sombre et puissante, le pianiste lyonnais réunit 19 pièces de Cinderella de Prokofiev et 4 morceaux un peu magiques du compositeur américain Henry Cowell dans un disque où le piano remplit l’espace. Une belle manière de découvrir le second des deux compositeurs, connu pour ses musiques de films et en effet tout à fait contemporain de Prokofiev. Wilhelm Latchoumia, Cinderella, La Dolce Volta/ PIAS, 60’37, Sortie le 22 février 2019. YH

 

 

Musique de chambre de Camille Pépin

Le premier disque de la jeune compositrice Camille Pépin est à l’image de sa personne : énergique, pétillante et espiègle. Né de rencontres musicales et humaines, l’enregistrement a été effectué grâce aux musiciens défendeurs de la musique d’aujourd’hui. Une formation inattendue pour Lyrae, pour quatuor à cordes, harpe et percussion ; une touche d’humour (ou pas) dans Chamber Music pour mezzo-soprano, violon, violoncelle, cor, clarinette, piano et chef d’orchestre, qui considère le chef d’orchestre comme un instrument, musique débordante de force vitale frénétique ; Indra, sa première œuvre pour le duo de violon et piano (elle avoue qu’elle était paniquée à l’idée de composer pour « seulement deux instruments » !)… L’interprétation est rafraichissante et engagée. Quant à Luna, pour violon, violoncelle, cor, clarinette et piano et Kono-Hana pour violoncelle (inspirée par la déesse japonaise de cerisier), elles expriment un caractère mystérieux et contemplatif. Un beau panorama d’une créatrice musicale émergente dont la beauté des compositions est renforcée par les jeunes interprètes de talent. Chamber Music : Avec Ensemble Polygones, Fiona McGown (mezzo-soprano), Raphaëlle Moreau (violon), Célia Oneto-Bensaïd (piano), Thibault Lepri (percussions), Anaëlle Tourret (harpe), Léa Hennino (alto), Léo Margue (direction). 1 CD NoMadMusic, NMM057, durée : 72’32. sortie le 22 février. VO

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