Les 26e victoires de la musique classique en direct de la Seine Musicale
Ce mercredi 13 février, la cérémonie de Victoires de la musique classique a couronné 7 artistes.
Le concert a duré plus de trois heures et a permis d’entendre des ensembles (Insula, Orchestre National d’île de France, Maitrise des Hauts de Seine) et des solistes incontournables (Lang Lang, Renaud Capuçon, Julie Fuchs ou Philippe Jarrousky). Les découvertes ont été fortes avec notamment Thibaut Garcia, Alexandre Kantorow, Theo Fouchenneret, Eléonore Pancrazi, Anmbroisine Bré et Guilhem Worms pour les nominés révélations
La Seine Musicale était pleine avec bon nombre de jeunes venues du conservatoire de Boulogne pour fêter les 26e Victoires de musique classique. Alors que les premiers invités arrivaient vers 19:30 rien ne s’est vraiment passé avant 20:50, quand Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak ont répété leurs deux duos.
Puis les deux présentatrices, Leila Kaddour Boudadi et Judith Chaine ont lancé les festivités. Au générique : le Boléro de Ravel par l’Orchestre National D’Île de France dirigé par Julien Leroy. A priori : le son a plus été aménagé pour la télévision que pour la grande salle flambante neuve : du public, à l’orchestre et en plein centre, rien ne semble vraiment sonorisé et les notes ont tendance à disparaître dans un brouhaha et derrière le bruit de l’air conditionné.
Mais les voix sonnent et le premier duo du couple Alagna/Kurzak dans le “O suave Fanciula” de La Bohème emporté le public. Lang Lang, victoire d’honneur, a donné une grande valse de Chopin endiablée, puis un extrait de la BO de Amélie Poulain de Yann Tiersen. Une foule de chanteurs est monté sur scène pour nous bousculer avec le quadrille de Carmen : la maîtrise des hauts de France a été très appréciée.
Très vif et lyrique Jean-Guihen Queyras a enchaîné avec le 2e concerto pour violoncelle de Haydn.
Puis la blonde et vivante Elsa Dreisig, soprano et révélation aux victoires, a chanté l’air des bijoux du Faust de Gounod avec un naturel à faire pâlir la Castafiore.
Les présentatrices ont poussé la chansonnette à capella pour annoncer que Renaud Capuçon rendait un hommage à Michel Legrand avec “Un été 42”. Recevant un disque d’or en direct pour son dernier album dédié à la musique de film, le violoniste a partagé ses pensées : « il faut juste qu’on soit naturel avec la musique ». C’est le principe de plaisir que Renaud Capucon prône pour la pédagogie, notamment pour faire apprécier la musique classique qui se compose aujourd’hui.
Après un point vidéo sur les anciennes révélations des Victoires sur scène ce soir, Nicolas Angelich a donné le 5 e concerto de Beethoven avec le Insula Orchestra et Laurence Equilbey.
La soprano concourrait pour la révélation Ambroisine Bré a choisi de chanter le “Laci Darem La Mano” de Don Giovanni avec une basse argentine.
Enfin du palmarès ! La première victoire remise à Nicolas Angelich, meilleur soliste.
Alexandre Kantorow s’est révélé dans le concerto pour piano no2 de Tchaikovsky et le public ne voulait pas s’arrêter de le féliciter.
Puis deux des trois concurrents de la révélation voix : Eléonore Pancrazi et Guilhem Worms, ont chanté ensemble un duo de l’italienne à Alger.
Plusieurs générations de sont mélangées pour le mouvement lent du deuxième trio de Schubert. Sauf qu’il y avait trois trios qui se sont donné la réplique à partir de 5 ans (et parmi les plus vieux : David Kadouch, Pierre Christian Lamarcka). Un bel ensemble qui nous a projeté dans la BO de Barry Lindon.
Stéphane Dégoût est ensuite entré en scène en Hamlet de Albert Thomas.
Concourant pour le prix de la révélation, le guitariste Thibaut Garcia a interprété de concerto de Rodrigo avec une retenue qui a séduit le public.
L’artiste lyrique de cette année 2019 est Stéphane Degout qui remporte une deuxième victoire.
Nathalie Milstein, Nathanaël Gouin, Marie-Ange Nguci et Pierre Yves Hodique ont interprété le Concerto pour 4 claviers de Bach avec l’orchestre du conservatoire de Boulogne Billancourt. Philippe Jarousky a interprété avec un de ses élèves un air de tristesse baroque impressionnant.
La victoire de l’enregistrement est allé aux Troyens avec les chœurs et orchestre philharmonique de Strasbourg et c’est Stephane Dégoût qui est venu chercher la victoire, en porte-parole du chef, John Nelson.
Foulard violet de bad boy de la prohibition, Edgar Moreau a donné le concerto jazzy pour violoncelle de Friedrich Gulda. Une découverte pour pas mal de spectateurs et qui les a fait swinguer.
De la même génération, Theo Fouchenneret a joué l’adagio du 23e concerto pour piano de Mozart. C’est donc mélancolique au sortir de ce moment fort que le public a pu apprendre que la mezzo soprano Eléonore Pancrazi était la révélation lyrique de l’année. Son discours était un grand remerciement à sa famille corse.
Toute de paillettes vêtue, Julie Fuchs a pris le relais pour un air de la Cenerentola.
Alors qu’il vient de voir son concerto pour violon enregistré par Renaud Capucon. Guillaume Connesson a reçu la victoire du compositeur. « Un compositeur n’existe que pour ses interprètes », a-t-il remercié.
Comme le veut la tradition le compositeur de l’an passé propose une musique originale; nous avons donc entendu “Blow Out” de Karol Beffa.
Enfin, dernier roulement de tambour et Thibaut Garcia a obtenu la victoire de la révélation.
Une belle soirée qui a permis de donner envie d’écouter plein de musiciens classiques d’aujourd’hui.
Visuel : YH