Laurence Equilbey, Insula Orchestra, Beethoven, extase pour spectateurs
L’automne laisse passer les premiers frimas, le soleil rend le vent léger, la Philharmonie de Paris accueille en son sein une jolie exposition Beethoven avec une magnifique œuvre d’Arnulf Reiner. Pour honorer en grande pompe Ludwig Van, Laurence Equilbey a donné rendez-vous à Insula Orchestra, Accentus, Viktoria Mullova au violon et Alice Sara Ott à l’énergie éclatante de beauté musicale en fusion avec choeur et orchestre proche de la perfection, soulevés après l’entracte par une direction précise et époustouflante.
La salle est comble, le bois de la scène porte Insula Orchestra et ses instruments d’époque collectionneurs de sons rares, Viktoria Mullova en tenue de sirène est avec son violon pour jouer le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op 61.
La lecture proposée est lumineuse, limpide, un son intemporel, essentiel où le violon enveloppe l’espace des sons de l’orchestre avec grâce.
Les cordes libèrent phrasé créatif, altier, soutenu par une direction incisive, précise et colorée.
L’orchestre brode un tissus sonore idéal pour le violon de haut niveau sous les doigts de Viktoria Mullova. Sans surjouer, minauder ou cabotiner, sa technique et son corps deviennent quasi invisibles pour laisser place aux notes, à la rondeur des mouvements, aux exigences rythmiques de la cadence jusqu’aux nuances graves, intimes.
L’interaction orchestre soliste est exemplaire pour les grandes dimensions et le second mouvement plus intérieur jusqu’à l’agile final au refrain joyeux en tête tout l’entracte jusqu’à la puissante seconde partie du concert.
L’entracte a sonné après les nombreux applaudissements et le solo de violon pour Viktoria Mullova.
Devant les portes de jeunes musicologues attendent d’être adoptés par des spectateurs pour répondre aux questions des spectateurs et deviser avec eux. Insula Orchestra proposait cette expérience ludique et joyeuse. Chacun regagne son siège pour laisser place aux Ruines d’Athènes po.113.
Accentus et Insula orchestra offrent toutes leurs puissances et la finesse d’une musique immédiate et forte. Sans lien avec Emmanuel Macron, le son est en marche, il avance, la dramaturgie emporte avec elle les émotions des spectateurs. Le chœur peut chanter, avec la force Turque, “Maaaahomeeeet” sans qu’aucun spectateur ne crie gare au grand remplacement !
La musique est magnifique, la direction énergique, cadencée. Mention très spéciale aux talentueuses et exquises percussions.
La lumière se fait légère, sombre, un beau piano est installé. La scène de la Philharmonie de Paris semble étrangement petite.
Alice Sara Ott, élégante et pieds nus s’installe au piano pour la “Fantaisie pour piano, chœur et orchestre.”
Une extase musicale commence dès les premières notes. La fabuleuse pianiste semble inventer un langage pour un dialogue unique et saisissant avec l’orchestre, le choeur, enveloppés par une direction joyeuse au cadre rigoureux pour laisser place à toutes les libertés. Légèreté, force, passion, émotions, douceur, allégresse, l’énergie créatrice de Beethoven renaît et coule comme un fluide invisible tels les rayons d’un vélo en mouvement.
Chaque instrument, chaque voix, chaque note de piano, chaque geste du chef, chaque respiration semblent une évidence nécessaire à créer de multiples sensations et émotions. Les spectateurs jubiles, enchantés par les fantaisies novatrices explosant les codes classiques pour garder la substantifique moelle de la vie intemporelle.
A peine la dernière note entendue, les spectateurs hurlent leurs plaisirs, bravo après bravo les mains claquent, les saluts sincères sont touchants, le bis est aussi magnifique et délicieusement long.
Les spectateurs sortent revigorés, heureux de ces belles rencontres.
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