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La Philharmonie accueille Maria Joao Pires

La Philharmonie accueille Maria Joao Pires

21 February 2022 | PAR Jean-Marie Chamouard

Maria Joao Pires est l’invitée de la Philharmonie de Paris, le 18 février 2022 pour un récital de piano. Elle interprète la sonate n° 13 de Franz Schubert, la Suite Bergamasque de Claude Debussy et la sonate n° 32 de Ludwig van Beethoven.

Une pianiste touchante, inspirante

Elle rentre sur scène, menue, simple, presque modeste. La salle Pierre Boulez est comble. Les premières notes de la musique de Schubert s’égrènent. Les qualités de son jeu se révèlent d’emblée: délicatesse dépouillement, sincérité.
Maria Joao Pires est née à Lisbonne le 23 Juillet 1944. Elle débute le piano très jeune et jouera son premier récital, consacré à Mozart à l’âge de 5 ans Elle suivra une formation au conservatoire de Lisbonne puis en Allemagne Elle deviendra célèbre en remportant en 1970 le grand prix à Bruxelles lors du concours dédié au bi centenaire de la naissance de Beethoven. Lors de sa carrière internationale, elle interprétera en particulier les œuvres de Mozart, Beethoven et Schubert. Elle a joué dans des films du cinéaste portugais Manoel de Oliveira et a fondé en 1999 au Portugal le centre Belgais pour l’étude des arts. Ce centre est devenu « sa maison », un lieu harmonieux, en pleine nature, ouvert sur le monde. Elle y joue et enseigne toujours, même si ses concerts internationaux se font plus rares, rendant encore plus précieuse sa présence à la Philharmonie ce soir

L’été heureux de Schubert

Schubert a composé la 13ème sonate à l’été 1819 lors de ses vacances à Steyr. Elle a été dédiée à, Josephine Von Koller, la fille de son hôte, « très jolie et bonne pianiste ». L’allégro initial est très mélodieux, d’un lyrisme paisible, le thème est tendre, réconfortant. L’andante est très romantique, la musique est lancinante, nostalgique. L’attention de l’auditeur est captée par cette immersion dans le monde intime et secret du compositeur. L’allégro du troisième mouvement est un brusque réveil, la musique est joyeuse, entrainante, espiègle évoquant les jours heureux de l’été. Elle est valorisée par l’énergie et la délicatesse de la pianiste.

Un chef d’œuvre impressionniste

La suite Bergamasque de Claude Debussy a été composée en 1890 et remaniée plusieurs fois jusqu’à sa publication en 1905. Par sa structure elle fait référence à la musique baroque et à la Commedia dell’arte de Bergame. Fluidité, ruptures rythmiques, plénitude , le prélude assure une belle ambiance sonore, le piano devient orchestre. Lors du menuet, la musique est légère, amusante, on devine les pas sautillants et délicats des danseurs. Le Clair de lune s’inspire du poème de Verlaine : « fêtes galantes ». La musique est très expressive, très célèbre aussi. Le clair de lune imprègne le paysage, les danseurs, la fête. La douceur nocturne n’est pas exempte d’un peu de tristesse et de passion, dans la partie rapide de l’œuvre. L’interprétation est juste, très émouvante. La suite se termine par une danse traditionnelle, le Passepied.

Le testament de Beethoven

La 32ème sonate pour piano, composée en 1722, est la dernière de Beethoven. Elle a été considérée par Thomas Mann comme « un adieu à la sonate ». L’œuvre, ne comportant que deux mouvements, bouleverse la structure de la sonate. Mystérieuse, audacieuse, techniquement difficile, elle déconcerta les contemporains de Beethoven. Après une introduction angoissante, le premier mouvement est puissant, rugueux, impétueux. Ruptures rythmiques, dissonances, grondements de tonnerre des graves, l’œuvre est visionnaire, résolument moderne. C’est un combat intérieur, exprimant la douleur, la souffrance humaine mais aussi la volonté, l’héroïsme. Maria Joao Pires y déploie toute son énergie, toute sa virtuosité. Le deuxième mouvement est l’Arietta, six variations développées à partir d’un thème d’une ineffable beauté. Le début est comme figé dans une pureté religieuse. Sublime musique, sublime prière. Lors des variations suivantes, fougue et rapidité succèdent à la lenteur initiale, exprimant la dualité de l’Arietta : l’apaisement et l’harmonie venus de l’au-delà alternent avec la persistance de la colère et des passions humaines. Le retour final du thème ramène l’auditeur au delà de la tristesse dans une douce contemplation.
Schubert, Debussy, Beethoven, la Philharmonie nous a offert un riche programme, pour une grande dame du piano.

 

Visuel ©JMC

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Jean-Marie Chamouard

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