Classique
La Grandeur de l’Espagne avec l’Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch et Juan Manuel Canizares à la Philharmonie

La Grandeur de l’Espagne avec l’Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch et Juan Manuel Canizares à la Philharmonie

27 November 2018 | PAR Jean-Marie Chamouard

Alexandre Bloch, l’Orchestre national de Lille, Juan Manuel Canizares et la Philarmonie de Paris nous offrent une escapade musicale vers l’Espagne. Ce concert « Espana » est joué lors du week- end « Orchestres en fêtes » consacré à Debussy et Ravel.

[rating=5]

Le concert est le fruit d’une rencontre franco espagnole entre le jeune chef Français Alexandre Bloch qui dirige l’orchestre national de Lille depuis Septembre 2016 et Juan Manuel Canizares, célèbre guitariste et compositeur espagnol. C’est aussi la rencontre entre l’école française impressionniste du début du vingtième siècle et les musiciens espagnols Enrique Granados et Joaquin Turina qui ont été formés à la composition à Paris .Debussy et Ravel seront aussi très influencés par la musique espagnole. C’est enfin la rencontre entre la musique classique, les danses folkloriques espagnoles et le Flamenco.

Maurice Ravel (1875-1937) a composé l’Alborada del gracioso dans sa version pour orchestre en 1919. C’est une sérénade espiègle et mélancolique : le bouffon, représentant un homme d’âge mur, vient à l’aube déclarer son amour à une jeune fille. La musique est entraînante, rythmée, malicieuse puis survient le chant mélancolique du basson qui exprime la plainte de l’amoureux dans les brumes matinales. Puis les brumes s’estompent, le jour se lève, la musique s’accélère et l’œuvre magnifiquement orchestrée se termine dans une apothéose joyeuse.

Enrique Granados (1867- 1916) a écrit son opéra Goyescas en hommage au peintre Francesco Goya qu’il admirait beaucoup. L’opéra sera joué à New York en 1916 et cette première sera suivi d’un drame : lors du voyage de retour, son bateau sera torpillé par un sous marin allemand et le compositeur mourra en mer. L’intermedio est une courte pièce pour orchestre jouée à la fin du premier acte. L’action se situe dans une fête populaire espagnole et il apparaît une jalousie naissante entre le matador et le capitaine et amant de la belle Rosario qui se terminera par un duel tragique.

Juan Manuel Canizares a magistralement interprété son propre concerto Flamanco Al Andalus , crée en 2016 à la mémoire de son maitre et ami Paco de Lucia. Cette œuvre unit le flamenco et la musique classique. La guitare réalise, lors des premiers et deuxièmes mouvements une longue plainte et un chant triste et nostalgique. Après une cadenza, le troisième mouvement devient joyeux, les rythmes du flamenco devenant de plus en plus endiablés. Cette œuvre a procuré au public une grande émotion. Cette œuvre contemporaine parait être une œuvre majeure du flamenco et du répertoire classique pour la guitare et devrait passer à la postérité.
Claude Debussy (1862 -1918) a crée Ibéria en 1910 .L’Espagne de Debussy est imaginaire, il ne s’y est jamais rendu mais Manuel de Falla reconnaitra dans Ibéria l’atmosphère des villages et des nuits andalous. Le premier mouvement est une danse sévillane. Le deuxième appelé parfum de la nuit est délicat, grave et paisible à la fois. On entend les bruissements nocturnes d’un jardin andalou et cette musique laisse au spectateur des impressions douces et mélancoliques avant un troisième mouvement qui exprime une allégresse populaire lors d’un matin de fête.

Le concert se termine par les Danzas Fantasticas de Joaquim Turina (1882-1947), synthèse de la musique impressionniste française et du folklore espagnol .La première aragonaise est à la fois dansante et méditative , la deuxième exprime les lamentations et l’amertume de l’âme et la troisième évoque la vigne , la mer et la fête au bord du fleuve Guadalquévir .

Ce concert fut un moment de pur bonheur. Le programme original nous a fait découvrir des œuvres parfois peu connues et magnifiées par le talent et l’énergie communicative de l’orchestre national de Lille et de son jeune chef.

visuel : JB Millot

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Jean-Marie Chamouard

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