Classique
Jean-Luc Ho en nocturne à Bach en Combrailles

Jean-Luc Ho en nocturne à Bach en Combrailles

15 August 2018 | PAR Bénédicte Gattère

On ne dira jamais assez combien les nocturnes de Bach en Combrailles en font le charme et la saveur. Encore une fois, la preuve en a été faite avec le diptyque de concerts donnés par Jean-Luc Ho au clavecin et à l’orgue autour du difficile et ô combien canonique Art de la Fugue de Bach !

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 Habitué du festival, le claveciniste et organiste Jean-Luc Ho inaugurait la formule de résidence d’artiste de Bach en Combrailles pour cette année 2018 : une proposition pleine de sens quand on connaît l’engagement de l’artiste auprès de son public. À n’en pas douter, cette formule sera reconduite lors de la prochaine édition… Pour l’heure, elle a permis au jeune interprète de talent de reprendre l’Art de la Fugue dans le cadre des nocturnes. Cette œuvre a été présentée une fois seulement auparavant lors de l’édition 2010. Elle était alors jouée par le consort de violes Sit Fast. Elle reste une gageure dans le choix de son interprétation, faisant partie de ces “monuments” du classique mais également parce que Bach n’a pas indiqué d’instrument précis au moment de sa composition, demeurée inachevée. Au demeurant, un consensus s’est établi depuis autour de la thèse d’une approche pour le clavier.

Jean-Luc Ho admet volontiers que ne pas connaître la destination du recueil représente aussi bien un défi qu’une ouverture sur des possibilités de lecture différentes. Pour celui qui a grandi avec l’enregistrement du grand Gustav Leonhardt, aborder l’Art de la Fugue par lui-même est un rêve : le temps de la résidence lui a permis de mûrir son interprétation personnelle au clavecin et à l’orgue. Il lui a aussi fourni un “cadre” adéquat pour monter cette œuvre comme il le précise lui-même. Étudiée sous tous les angles par les spécialistes, elle demeure “une musique d’une pureté absolue” aux yeux de Jean-Luc Ho. C’est la richesse de sa polyphonie que le musicien a néanmoins choisi mettre en évidence, à l’encontre d’une lecture qui en gommerait les complexités.

Avec l’orgue, instrument polyphonique par excellence, le choix de l’interprétation était limpide : lignes musicales en contrepoint, sujets, réponses, contre-sujets s’épanouissent pleinement au clavier. Cet art subtil de la reprise et de l’infinie métamorphose chez Bach, Jean-Luc Ho nous l’a fait sentir et entendre avec une grande délicatesse, –une sensibilité permise par sa familiarité avec l’œuvre du compositeur tout autant que par son jeu d’une grande liberté. Le premier concert au clavecin constituait du reste une parfaite entrée en matière de l’Art de la Fugue. Bien que la soirée puisse paraître un peu longue après le concert de 21heures, ces moments intimistes en nocturne font tout le cachet du festival Bach en Combrailles… Comment en effet imaginer un cadre plus propice à l’écoute d’un Bach intime que cette petite église de Landogne (Puy-de-Dôme), à la lueur des bougies disposées pour l’occasion, donnant à la soirée une atmosphère à la fois chaleureuse, simple et solennelle ?

L’interprétation qui a été proposée par le jeune claveciniste était éminemment réussie ; elle donnait tout simplement l’impression au public de toucher du doigt la substance du génie de Johann Sebastian Bach ! Le concert donné sur le grand-orgue de l’église de Pontaumur, pour le deuxième volet, a permis ensuite de poursuivre cette exploration fine de l’Art de la Fugue. On sent bien que ce n’est pas un vain mot lorsque Jean-Luc Ho parle de “[la] très grande vitalité” qu’il lui prête. Continuer d’explorer cette musique réputée ardue comme le fait le jeune musicien a l’immense mérite de la garder réellement vivante. Fin septembre, il renouvelle l’expérience de la résidence, invité cette fois par le Festival de Royaumont.

Un prochain concert autour de l’Art de la Fugue devrait être donné par Jean-Luc Ho à l’orgue Ahrend des Jésuites de Porrentruy (Suisse) le 4 novembre 2018. Toutes les informations sont à retrouver sur son site.

Visuel : © Arts/Scène Diffusion

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Bénédicte Gattère
Étudiante en histoire de l'art et en études de genre, j'ai pu rencontrer l'équipe de Toute la culture à la faveur d'un stage. L'esprit d'ouverture et la transdisciplinarité revendiquée de la ligne éditoriale ont fait que depuis, j'ai continué à écrire avec joie et enthousiasme dans les domaines variés de la danse, de la performance, du théâtre (des arts vivants en général) et des arts visuels (expositions ...) aussi bien que dans celui de la musique classique (musique baroque en particulier), bref tout ce qui me passionne !

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