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[Interview] Le chef d’Orchestre Yannis Pouspourikas nous parle du concert d’ouverture de saison de l’Opéra de Nice

[Interview] Le chef d’Orchestre Yannis Pouspourikas nous parle du concert d’ouverture de saison de l’Opéra de Nice

29 September 2016 | PAR Yaël Hirsch

La saison de l’Opéra de Nice débute ces 30 septembre et 1ier octobre 2016 avec deux grandes oeuvres instrumentales allemandes :  Le concerto pour violon et orchestre en mi mineur de Mendelssohn et la 5 e de Mahler. Côté soliste, les niçois s’apprêtent à entendre le violoniste australien Ray Chen et à la direction de l’Orchestre Philarmonique de Nice, c’est un chef français, actuellement en poste à Essen, en Allemagne, qui vient dans une ville qui lui est chère pour diriger Mahler et Mendelssohn. Yannis Pouspourikas nous parle des concerts de ce week-end.

Y a t il souvent de la place pour du symphonique à l’opéra? A l’Opéra de Nice en particulier?

A Nice oui, l’orchestre partage son temps entre la musique symphonique et l’opéra, et propose toujours une saison symphonique en parallèle de la saison d’opéra. Et l’orchestre, en faisant les deux, est absolument capable d’accompagner un soliste comme les chanteurs pour l’opéra. Mais il sait également absolument d’être mis en avant et jouer pleinement le grand répertoire symphonique.

Attendez vous un type de public différent que celui qui viendra entendre cette année la Flûte Enchantée ou Tosca?
Oui, le public de concert et assez différent du public d’opéra. L’opéra vous propose une esthétique très complète: sonore et visuelle. Avec un choix de décors, de costumes, de lumières, une histoire normalement claire. La concert symphonique laisse plus de place à sa propre imagination: pas de texte, et une marge bien plus grande à la compréhension affective de la musique. Certaines personnes aiment les deux, certaines autres préfèrent soit l’un soit l’autre.

Se mesurer à la 5 e de Mahler, cela vous fait quoi?
Plaisir. C’est une œuvre extrêmement complexe, extrêmement riche entre le désir de vie et les angoisses de mort: peu avant cette composition, Mahler a eu été très malade et a bien failli mourir. On le ressent très particulièrement dans cette symphonie. Cela reste un thème omniprésent chez Mahler, chacune de ses symphonies comporte une marche funèbre, c’est pour dire. Mais le caractère sombre de la 5ème est particulièrement prenant, avec des moments de jubilation christique avec de grands chorals de cuivres. Une hésitation permanente entre ces deux mondes.

Avez vous souvent dirige le Philharmonique de Nice? Comment décrieriez vous le travail avec les musiciens comparé à celui qui vous faites à Essen?
J’ai dirigé le Philharmonique de Nice à plusieurs occasions: il y a des années, avec un programme de musique française et trois de musiciens de l’orchestre en solistes. Cela avait été une première très belle rencontre avec cet orchestre.
Je suis revenu la saison dernière pour un projet magnifique et rare: Les Huguenots. Opéra peplum de Meyerbeer, et je dois dire que l’accueil du public niçois a été fantastique. Un opéra qui parle de la différence, et de la difficulté d’être logique et mesuré quand les tensions rentrent dans le domaine des religions. Nous étions quelques mois avant les attentats….

Et comparer deux orchestres est une chose difficile. Chaque orchestre a une « mentalité » . Et vous pouvez imaginer que les mentalités peuvent être différentes entre le nord de l’Allemagne et le sud de la France! Le sud est mu par le plaisir, et l’émotion. Cela fait des groupes, plus sanguins, plus réactifs, et capables de donner des concerts d’une extrême émotion et d’un engagement total.

En tant que chef français avec une carrière internationale, quel rapport entretenez vous avec la ville de Nice et la musique à Nice?
C’est une des très bonnes maisons françaises. Artistes, nous rêvons tous de pouvoir exprimer au mieux nos émotions. Chefs d’orchestre, nous avons besoin de bons orchestres, et de la confiance des maisons d’opéras. Une nouvelle ère s’ouvre pour l’opéra de Nice. Un nouveau directeur, en la personne extrêmement professionnelle de monsieur Eric Chevalier, qui en me réinvitant pour ce programme allemand, m’exprime toute sa confiance, et voit en moi un chef capable de défendre en France au delà du répertoire français.

Pour le concerto de Mendelssohn vous travaillez avec le violoniste australien Ray Chen. Est ce la première fois?
Oui. Nous ferons connaissance cette semaine. Je l’ai déjà entendu, de mon temps comme chef associé à l’opéra des Flandres. Il a remporté en Belgique le concours Reine Elisabeth. Un violoniste hors pair, très ouvert. Et ce sera notre première collaboration.

Cette ouverture de saison très internationale de l’opéra de Nice annonce t elle une saison tout aussi internationale?
J’en suis sûr. De par leur programmation. De part leur culture (Nice est restée « italienne » très longtemps). De part les artistes qui s’y produisent. Et de la part du public qui visite l’opéra.

Vous dirigez du symphonique mais aimez aussi conduire des opéras, à Essen et dans le monde entier. Quels sont vos grands projets de la saison?
La Cinquième de Mahler à l’opéra à Nice! Je repartirai ensuite pour une saison allemande. Nous jouons beaucoup, difficile de citer tout les titres: l’amour des trois oranges, Carmen, Zauberflöte…. Et de nombreux concerts symphoniques.
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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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