Classique
[Interview]: Guillaume Connesson “La musique doit raconter, vous accompagner dans votre vie et vous nourrir, intérieurement.”

[Interview]: Guillaume Connesson “La musique doit raconter, vous accompagner dans votre vie et vous nourrir, intérieurement.”

01 October 2014 | PAR Marie Charlotte Mallard

Lucifer, un nom mythique aux résonances sataniques dans l’imaginaire collectif, un personnage ambiguë, qui a inspiré un ballet au compositeur Guillaume Connesson. Une oeuvre qui donne son nom au dernier enregistrement de celui-ci, sur lequel on retrouve également un Concerto pour violoncelle interprété par Jérôme Pernoo et l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo. Un disque ou la force expressive nous embarque dans chacune des deux oeuvres dans une aventure fantastique à la fois trépidante et dramatique, un onirisme tourmenté et envoûtant. Guillaume Connesson revient pour nous sur ces deux créations, nous parle de la composition et de la place de la musique contemporaine sur nos scènes.  

Connesson-LuciferSur cet album vous présentez deux œuvres, un Ballet en deux actes Lucifer, ainsi qu’un Concerto pour violoncelle et orchestre composé pour Jérôme Pernoo, qu’est ce qui relie ces deux œuvres selon vous, est-ce parce que les deux jouent sur les mêmes ambiances sonores ou bien parce qu’elles se rapportent au même imaginaire?

Ce sont deux œuvres différentes et complémentaires à la fois. On m’avait demandé deux œuvres qui me tenaient particulièrement à cœur et qui me représentaient. L’une est un ballet et l’autre une œuvre concertante et je trouvais que cela faisait un portrait de ma musique d’orchestre assez complémentaire, que cela montrait les différentes facettes de mon travail. Quant à l’imaginaire dont vous parliez, il y a je l’espère une patte commune. Le concerto de violoncelle est une œuvre plus abstraite, de musique pure, ne serait-ce que parce qu’il n’y a pas de texte de départ, de scénario. Lucifer à l’inverse, est une œuvre d’opéra sans chanteur, c’est très imagé, c’est même parfois une œuvre descriptive.

Le premier mouvement est très minéral et abrupt le troisième nommé paradisiaque, semble lui évoquer clairement la nature, le papillonnement animal, et surtout le ruissellement de l’eau avec ces petits pizzicati, alors peut-on dire que ce concerto est naturaliste ?

Le premier mouvement est le seul qui est véritablement parti d’une image, en l’occurrence celle de la fonte des glaces et d’une photo parue pour illustrer le drame du réchauffement climatique, la fonte de la banquise et la dérive de grands morceaux de glace sur une mer bleue intense. Vous parliez de minéral, j’ai en effet vraiment travaillé sur des blocs, des sonorités abrupts, jusqu’à tel point que les percussionnistes utilisent des pierres qu’ils frappent entre elles.Le mouvement lent est une image de paradis, avec là aussi une vision d’insectes, d’oiseaux, d’eau qui coule. Il s’agissait aussi d’une recherche sur la sensualité des sons. Nos villes sont saturées de sons, avec le bruit des voitures mais aussi avec la musique  qui est omniprésente, dans les bars, les magasins et notre écoute est conditionnée par cela. Lorsqu’on est dans la nature on vit quelque chose de très intense d’un point de vu sonore, c’est un moment d’éveil où vous vous mettez à réentendre les choses, cela a quelque chose de très sensuel et c’est ce que j’ai  voulu évoquer avec  ces gouttes d’eau sur une vitre par exemple, que je retranscris à la fin du mouvement lent avec les pizz pendant que l’orgue de verre crée un moment suspendu.

On a l’impression que la fin est un peu entre deux feux, il y a cet empressement qui semble aller vers le danger, une urgence, mais également des sonorités swing  très populaires, comme une danse endiablée. Que représente cette danse, et peut-on dire que l’on va  du positif vers le négatif ?

Rien n’est très positif justement, la première partie est dramatique avec ces chocs et une tension permanente. Le mouvement lent est une évocation paradisiaque mais qui vous fait aussi souffrir telle l’évocation du souvenir heureux car c’est un moment ou on ne peut pas retourner. Je l’ai d’ailleurs indiqué sur la partition de violoncelle. Le bonheur est quelque part le moment où l’on ressent avec plus d’acuité la fragilité des choses et donc la mort. Tout cela est très imbriqué, et le dernier mouvement avec cette espèce de danse orgiaque, représente cela par l’excès même de cette danse.  C’est une joie hystérique et un peu angoissante de quelqu’un qui veut oublier sa finitude, et qui va s’enivrer de joie. J’ai en tête cette image de gens qui font la fête, qui s’enivrent de danse et de joie pour oublier le quotidien.

Quel a été le retour de Jérôme Pernoo, son ressenti ?

Ça a été un moment très fort et ce d’abord dans l’écriture. Par exemple pour la cadence, je lui ai montré des extraits, et on a travaillé ensemble. C’était des allers – retours entre lui et moi, une composition à 4 mains. Le moment de la création est un moment angoissant pour l’un comme pour l’autre mais il y a eu un vrai enthousiasme de Jérôme. Pour moi la plus belle marque d’enthousiasme c’est de jouer et d’avoir envie de rejouer cette œuvre, de la faire voyager et connaitre.

Comment se passe le travail de composition, travaillez-vous toujours avec l’artiste ? 

En orchestre, on utilise 50 % des capacités d’un instrument alors que dans une musique concertante on peut pousser l’instrument. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait dans ce concerto. Pour cela il est préférable de travailler avec un interprète car il y a des choses que seul celui-ci peut vous donner. Pour moi la collaboration est importante mais j’insiste sur le fait qu’il y a des cas précis où il est recommandé de travailler avec l’interprète, mais que cela ne se fait pas toujours. J’ai écrit un concerto pour piano pour Jean-Yves Thibaudet, mais on ne s’est pas parlé, on ne s’est vu que lors des répétitions. Pour ma part, je modifie toujours les choses si l’interprète me le demande. C’est pour moi une évidence qu’on ne doit pas créer de la difficulté pour de la difficulté et qu’il ne faut pas hésiter à simplifier les choses tant que cela n’abîme pas la pensée musicale. La difficulté n’a de sens que si elle apporte un plus, un supplément d’âme, une force expressive. Si c’est juste une acrobatie mal fichue ça n’a aucun intérêt.

On a parfois l’impression que dans musique contemporaine on essaie à tout prix de faire une démonstration de techniques d’écriture ?

C’est vrai mais ce n’est pas général. La recherche de nouvelles sonorités instrumentales, d’univers sonores inouïs est une recherche importante, indispensable, et légitime. Le problème c’est l’artiste qui confond la finalité, et les moyens. La finalité c’est ce que l’on raconte, c’est ce que l’on veut faire ressentir, ce que l’on exprime. Le déploiement de sonorités inouïes sans qu’il n’y ait véritablement de langage, d’émotion, donne un catalogue de sons certes inouïs, mais stérile. En outre, ce catalogue qui depuis 50 ans ne s’est pas renouvelé est banalisé et n’a plus souvent la vivacité de la nouveauté. Quand Penderecki propose des modes de jeux non usités auparavant pour les cordes comme dans Thrènody for the victimes of Hiroshima, il a provoqué une stupeur, celle de l’ouverture à des mondes surprenants. Aujourd’hui, il n’y a plus cette émotion-là, le seul moyen qu’une œuvre dure c’est sa charge émotionnelle et son discours, l’effet sonore ne peut pas remplacer le langage.

Parlez-moi de votre ballet, votre Lucifer retrace l’histoire de l’ange déchu, le porteur de lumière, qui fut condamné après être tombé sous le charme d’une humaine, pourquoi ce thème ?

C’est une figure qui m’a toujours fasciné. Ce qui m’a interpellé, c’est ce nom de départ extrêmement positif «  Le porteur de Lumière » et cette figure prométhéenne de la connaissance qui va ensuite devenir quelque chose de négatif. Parmi mes lectures, il y a des textes des écritures, quelques textes apocryphes, des textes païens, et toute la mythologie autour du Graal. L’une des grandes légendes du Graal évoque le fait qu’il s’agirait d’une émeraude tombée du front de Lucifer pendant sa chute. Ce Graal-là est quelque chose de positif et serait le symbole de la connaissance. Lucifer va s’aveugler de sa connaissance, il va vouloir la donner mais lui-même devient fou d’orgueil ce qui l’amène à sa perte. J’ai eu comme maître Marcel Landowski dont l’œuvre la plus connue s’appelle Le Fou. Une œuvre qui parle d’un savant dont la ville est assiégée et qui est tiraillé parce qu’il a mis au point une arme qui pourrait sauver la ville mais qui est une arme de destruction massive. Tout son défi est de se demander s’il va sacrifier sa ville pour sauver l’humanité de cette arme de destruction. La connaissance a deux visages, c’est une quête sans fin de l’homme, une quête noble mais qui peut aussi faire des ravages, je crois que c’est cela qui me passionne avant tout.

Est-ce que, ce qu’il se passe dans notre monde vous a amené à travailler sur ce personnage ?

Probablement, c’est sans doute une façon de parler du monde moderne, de notre course à la science, et de son dévoiement qui peut aussi être une chose terrible. Mais c’est un thème très ancien, la science permet des évolutions formidables et peut aussi être destructrice. C’est à double visage comme Lucifer comme l’homme qui peut faire les pires atrocités et les choses les plus sublimes.

Votre musique semble très instinctive, on y sent facilement des ambiances, des décors -un côté monumental au premier mouvement, le suspense lors du voyage, la curiosité, le mystère lors de la rencontre, le côté pompeux lors du procès – elle est de ce fait accessible telle la musique de film, est-ce une notion à laquelle vous pensez lorsque vous composez ?

C’est une question qu’on me pose assez souvent, mais je n’ai pas spécialement cette volonté quand j’écris, d’ailleurs cela n’aurait pas de sens d’y penser car on ne peut jamais savoir comment va être reçue une œuvre. La seule question que je me pose c’est en premier lieu de savoir si elle me parle à moi. C’est peut être délirant d’orgueil ou naïf mais j’ai toujours l’impression que si cela me parle et me touche cela touchera les autres. Qu’à posteriori, les gens puissent s’inventer un monde différent de celui que je propose, c’est presque la finalité de la musique. La musique doit vous accompagner dans votre vie et vous nourrir, intérieurement, nourrir votre imaginaire, c’est quelque chose que vous donnez et que les gens reçoivent ou pas.

On sent dans votre travail de multiples inspirations, la féerie et la légèreté de Debussy, la fougue et la rythmique de la musique russe, le swing et la jazzy de Gershwin, quels sont les compositeurs qui ont créé votre imaginaire musical?

En tant que compositeur en 2014, nous sommes dans une situation particulière, car nous avons à notre disposition un monde de musique infiniment plus grand et riche qu’un Debussy en 1910. Vous en écoutez plus, parce que vous pouvez le faire toute la journée. L’imaginaire d’un compositeur actuellement est donc fait d’une mosaïque de musique, non seulement classique, mais également pop, rock, funk. Un compositeur avant avait un maître et quelques compositeurs qu’il avait pu entendre en concert ou qu’il avait étudié, aujourd’hui la ressource est telle que la difficulté est d’arriver à faire son miel, à avoir son jardin personnel.

Dans les choses qui me semblent avoir compté il y a toute la tradition française, de Berlioz jusqu’à Messiaen, Ravel, Debussy, Roussel, Poulenc, Honegger. Je dis parfois prétentieusement qu’Honegger était mon grand-père, car il était le maître de Landowski, qui lui-même est celui avec qui j’ai fait mon apprentissage.J’y vois ainsi une sorte de filiation, de petite famille musicale bien que ma musique est très différente par bien des aspects. Il y a également la famille américaine, avec notamment le minimalisme américain comme Steve Reich, Philippe Glass, et surtout John Adams.  J’ajouterais des musiques non classiques, comme le funk, la pop, dont Lucifer est aussi imprégné. Il y a en effet, ces rythmiques jazzy qui ont autant de source dans la musique savante que dans la Pop. Il y a des lignes de guitare basse dans Lucifer très funk, et des lignes de cuivres qui pourraient être empruntées à la Motown.

La littérature, la mythologie visiblement vous inspirent et votre univers apparaît très fantastique, où  aventurier, quels sont les courants littéraires qui stimulent votre imaginaire?

Il y a deux choses, d’un côté les grands écrivains et de l’autre une littérature plus fantastique et populaire de la fin du 19e début 20e. Je suis un passionné de Flaubert, Salammbô m’a par exemple bouleversé. Au 19e  j’aime vraiment, Edgard Poe, et Baudelaire qui me parlent beaucoup et au 20e j’ai une passion absolue pour Proust et La recherche. Pour ce qui est du fantastique, autant le fantastique actuel me parle peu, autant cet imaginaire du début de la période scientiste m’inspire. Je pense évidemment à Jules Verne, mais aussi Wells ou Conan Doyle. Il y a aussi, Abraham Merritt qui m’a inspiré deux pièces, un concerto de piano et symphonie pour cordes. Il y a encore une fois quelque chose en rapport avec l’enfance et sa naïveté. J’aime la naïveté en musique, face à un art contemporain parfois austère basé sur des choses agressives. Je pense à un compositeur que j’adore et qui à mon sens a été sauvé par sa naïveté : Messiaen. La naïveté et le coté contemplatif de Messiaen a quelque chose d’enfantin qui l’a sauvé de la sécheresse de l’art contemporain. Je pense qu’il y a des sentiments qui apportent une sève à l’art et surtout un contre poison à la froideur et à un danger excessif de l’intellectualisation.

Que pensez-vous de la représentation de la musique contemporaine sur les scènes aujourd’hui ?

Il y a un problème majeur avec la création contemporaine, qui a mon sens est à la base de beaucoup d’autres problèmes : celui du renouvellement du public, de la muséification du répertoire, du disque, et celui des éditeurs. Beaucoup de difficultés rencontrées dans le milieu de la musique classique viennent d’un certain échec de la musique contemporaine qui n’est pas parvenue en 50 ans à renouveler le répertoire, à s’imposer et à offrir des œuvres qui sont jouées, mais reprises et intégrées dans la mémoire, non pas du grand public, mais déjà des artistes. Il y a un public de mélomanes, sensible, ouvert qui est prêt à recevoir les œuvres à condition qu’on leur propose des œuvres dont ils ont le sentiment que cela va leur apporter quelque chose. Selon moi, il y a trop souvent dans la musique contemporaine, un manque d’intérêt pour le fond. Si la musique ne raconte pas elle n’apporte pas de plaisir, d’expression forte, d’émotion. De plus, les chefs mènent des carrières de moins en moins sédentaires, ils vont diriger d’un bout à l’autre de la planète et prennent de moins en moins de temps pour lire des partitions. Stéphane Denève, qui fait une carrière magnifique aux Etats-Unis est un très rare qui prend du temps pour écouter, recevoir des partitions, et s’interroger sur ce qu’il a envie de diriger. Cette pause est indispensable, car c’est aux chefs de défendre la musique contemporaine et d’imposer les compositeurs.

La clef de tout cela est dans le désir, la création contemporaine doit exciter le désir. C’est aux artistes de produire des œuvres qui donnent envie. Il y a tout un travail à faire pour que les gens en arrivent à venir au concert parce qu’il y a une œuvre de Thierry Escaich, de Philippe Hersant ect…. A l’orchestre de Pau, Fayçal Karaoui a fait un travail admirable pour la composition contemporaine et le public commence à venir pour les compositeurs en résidence. A l’orchestre Colonne, Laurent PetitGirard œuvre beaucoup aussi. Concernant l’opéra, la province continue à créer mais à Paris il n’y a plus de création parce qu’on a acté le fait que l’opéra contemporain n’était jamais véritablement intéressant et que c’était un échec permanent de ce fait l’originalité ne réside plus que dans la mise en scène. C’est assez scandaleux d’ailleurs lorsqu’on connait les moyens financiers dont bénéficie cette enseigne à l’instar de toutes les autres. A partir du moment où le répertoire se renouvellera toute la chaîne artistique et économique suivra. La peur du remplissage des salles face à la musique contemporaine est en partie justifiée par l’intellectualisation de la musique. Les maisons d’opéra doivent se tourner vers les compositeurs et les langages qui  ont une possibilité de créer des œuvres qui vont parler au public. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas faire un peu d’avant-garde mais il faut avoir un équilibre. L’opéra de Paris pour l’instant n’a consacré ses commandes qu’à la musique d’avant-garde, hors quand on voit le public d’opéra c’est un paradoxe d’aller chercher les compositeurs les plus élitistes pour leur commander des œuvres.

Maintenant qu’il est gravé sur cd, pouvons-nous envisager de revoir Lucifer sur scène ? Quels sont vos prochains projets ?

Je l’espère, le ballet a été créé à Biarritz par Thierry Malandain, en juin 2011 qui a d’ailleurs fait des captations. C’est une de mes œuvres les plus chères dans les deux sens du terme car elle demande beaucoup de moyens. Cela étant il y a eu des reprises en Allemagne. Concernant mes futurs projets, j’ai un concerto qui va être donné très prochainement à Bruxelles. Une rencontre entre mon ami Stephane Denèvre qui va diriger ce concerto avec son nouvel orchestre et Jerome Pernoo. J’ai la création dans un mois d’un concerto pour quatuor de percussion et orchestre à Lille. Puis une cantate pour chœur et orchestre à Bordeaux. J’ai un opéra qui sera créé en novembre 2016 et une résidence en saison 15/16 un projet de concerto pour violon pour Renaud Capuçon et un pour harpes en 17 avec Xavier Demestre.

Guillaume Conesson, Lucifer, Concerto pour violoncelle (Jérôme Pernoo) et Lucifer, ballet en deux actes (Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Jean-Christophe Spinosi) Deutsche Grammophon, sortie le 8 septembre.

De Rihanna à Ben Hur : les news ciné de la semaine
La sélection cinéma de la semaine du 1er octobre
Avatar photo
Marie Charlotte Mallard
Titulaire d’un Master II de Littérature Française à la Sorbonne (Paris IV), d’un Prix de Perfectionnement de Hautbois et d’une Médaille d’Or de Musique de Chambre au Conservatoire à Rayonnement Régional de Cergy-Pontoise, Marie-Charlotte Mallard s’exerce pendant deux ans au micro d’IDFM Radio avant de rejoindre la rédaction de Toute la Culture en Janvier 2012. Forte de ses compétences littéraires et de son oreille de musicienne elle écrit principalement en musique classique et littérature. Néanmoins, ses goûts musicaux l’amènent également à écrire sur le rock et la variété.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration