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« Erdenlicht » : Igor Levit et Antonio Pappano jouent Busoni à Berlin

« Erdenlicht » : Igor Levit et Antonio Pappano jouent Busoni à Berlin

07 September 2022 | PAR Nicolas Chaplain

Le festival Musikfest, organisé par le Berliner Festspiele, accueille les meilleurs orchestres et solistes internationaux pendant une vingtaine de jours à la Philharmonie de Berlin. Ainsi se sont succédé Klaus Mäkelä et le Concertgebouw d’Amsterdam, Yannick Nézet-Séguin et le Philadelphia Orchestra, Sir Simon Rattle et le London Symphony Orchestra, Franz Welser-Möst avec l’orchestre de Cleveland, Lahav Shani avec Rotterdam… Andris Nelsons dirigera l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig.

La programmation compte également sur les orchestres berlinois : le Berliner Philharmoniker et leur chef Kirill Petrenko, la Deutsche Oper et Paolo Bortolameolli, le Konzerthausorchester sous la direction de Christoph Eschenbach, le Rundfunk-Sinfonieorchester et Vladimir Jurowski, le Deutsches Symphonie-Orchester et Robin Ticciati.

Antonio Pappano et l’Orchestra dell’Accademia Nazionale di Santa Cecilia ont proposé un programme original, intense et exalté, aux multiples couleurs, composé de La Nuit transfigurée de Schönberg et du Concerto pour piano en do majeur, op. 39 de Ferruccio Busoni.

Achevé en 1904, le Concerto est une œuvre exceptionnellement longue, complexe, hétéroclite et cependant chatoyante, éloquente. La performance de l’orchestre, du chœur d’hommes présent dans le dernier mouvement et du soliste Igor Levit était impressionnante, captivante.

Sans vergogne, Igor Levit fait chanter, siffler, gronder, murmurer son instrument. Sa technique stupéfiante, sa compréhension du répertoire romantique, son endurance et son goût pour les gageures – en 2020, il a joué pendant 20 heures l’œuvre d’Erik Satie, Vexations – font de lui un interprète idéal du concerto de Busoni dont il a déjà enregistré d’autres titres. L’artiste traverse à toute allure l’œuvre anarchique, gigantesque et excessive. Sans peur, il se love dans les références aux romantiques, à Brahms, à Liszt, les arpèges virtuoses, les cadences fiévreuses, l’ivresse d’une tarentelle démoniaque, les chuchotements nocturnes, les digressions délicates, les fragments fous, chaotiques. Il révèle une somme de détails magiques, cherche et obtient divers sons dont il varie les résonnances, les effets foudroyants.

Dans le 5e et dernier mouvement (“Cantico”), un chœur d’hommes chante un hymne éblouissant et amène. Les paroles extraites d’un drame en vers de Adam Oehlenschläger célèbrent Allah et son œuvre, la vie éternelle, la lumière du monde.  

© Fabian Schellhorn / Berliner Festspiele

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