Classique
La création mondiale de « Sur Vertiges » de Daniel D’Adamo par le quatuor Béla et Noémi Boutin

La création mondiale de « Sur Vertiges » de Daniel D’Adamo par le quatuor Béla et Noémi Boutin

10 October 2018 | PAR Victoria Okada

Un double événement aux Bouffes du Nord. Dans le cadre de « la Belle Saison », le Quatuor Béla et Noémi Boutin crée Sur Vertiges, quintette pour violoncelle solo et quatuor à cordes de Daniel D’Adamo (1966-) ; l’œuvre est associée au Quintette à cordes en ut majeur op. 163 D 956 de Schubert. Ce dernier est suffisamment rare (on se demande si ce n’est pas une première) pour une formation spécialisé dan la musique du 20e et du 21e siècles, dont le répertoire commence avec Ravel et Debussy.

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Sur un demi-cercle blanc, sont disposés cinq cubes blancs, et devant chaque cube, une pupitre avec partition. Au fond, quelques panneaux de tissus noir. Et entre les deux, un jeu de quatre pupitres dans un espace noir. Déjà, on sent que l’œuvre sera l’objet de mise en espace. Noémi Boutin arrive avec son violoncelle et s’assied sur le carré central. Les musiciens du quatuor Béla prennent leur place, debout, derrière elle. Ils commencent à jouer. On ne peut pas parler ni de mélodie ni d’harmonie, ce sont des fragments d’on ne sait quoi… Ce sont en fait des « sons » qu’ils produisent, des sons proches de bruits, d’effets sonores, de gazouillements, de frottements, comme équivalent d’onomatopées. Le quatuor fait écho au solo, lui répond, lui donne des réplique. Ce qui se produit entre ces deux unités, c’est parfois une reprise de l’une par l’autre, et d’autres fois, une confrontation. La première partie relativement paisible cède petit à petit à des répliques plus intenses, plus violentes. La progression de la musique est accompagnée par des jeux de lumières qui éclairent, selon les moments, juste la soliste ou chaque musicien avec un effet de « spot », ou l’ensemble de la scène, ou encore la soliste par des rayons de projecteurs placés sur les deux extrémités. Dans une partie vers le milieu de la pièce, Noémi Boutin met, à la place de sourdine, un objet qui ressemble à une pince à linge ou une attache ; une sorte de préparation à l’instar d’un piano préparé, qui donne un son étrange mais intéressant. Plusieurs sections nettement identifiables se succèdent, avec plus ou moins de vigueur, d’intensité et de virulence, servis par des techniques variés.

Puis, les quatre musiciens s’avancent l’un après l’autre et s’assoient sur chaque cube, aux côtés de la soliste. Des notes prolongées se font entendre par des coups d’archet amples. On se dit que c’est maintenant un son d’instruments à cordes qu’on connaît. Et ces notes se transforment sans transition et sans marquer d’arrêt les premières notes, longues, du Quintette de Schubert ! L’inetprétation se poursuit, avec quelques petits problèmes de justesse. En effet, après n’avoir produits que des « sons » pendant une quinzaine de minutes, les instruments devraient être raccordés pour la pièce « classique » de Schubert mais la conception est telle que celle-ci est une partie intégrante de l’autre qui se joue sans discontinuité. Difficile défi, donc, d’interpréter dans la foulée un si grand Quintette… Cette pensée se trottait instamment dans la tête quand, après le premier mouvement, on passe au scherzo, puis au final, suivi de quelques « sons » qui ne sont pas dans la partition. Pendant ce temps-là, sur l’écran noir, on voit scintiller des ampoules comme des étoiles, et l’éclairage finit par laisser voir ce qui est derrière les panneau… Mais où est passé le mouvement lent ? C’est à ce moment-là qu’on entend les douces notes de d’« Adagio » et à mesure que la musique progresse, la lumière baisse, pour laisser plonger, tout à la fin, la salle entière dans la pénombre.

Ce concert fut un vrai spectacle où les deux compositions ne font qu’une, où la musique et la lumière vont de pair.

Photo © Hervé Frichet

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