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Célébration sous la baguette de George Benjamin pour l’ouverture du Festival Présences (07/02/2020)

Célébration sous la baguette de George Benjamin pour l’ouverture du Festival Présences (07/02/2020)

08 February 2020 | PAR Yaël Hirsch

Doublé célébration ce vendredi 7 février à l’auditorium de Radio France : le Festival Présences soufflait ses 30 bougies, tandis que le compositeur britannique George Benjamin, à l’honneur cette année, fêtait son 60e anniversaire en dirigeant l’Orchestre National de France dans deux de ses œuvres, deux créations françaises signées Gérard Pesson et Hans Abrahamsen, ainsi qu’une création mondiale de Claire-Mélanie Sinnhuber.

L’instrument originel de Benjamin, le piano, travaillé auprès de Peter Gellhorn, était à l’honneur et présent dans trois pièces sur cinq, en cette soirée d’ouverture, avec les deux solistes Vanessa Benelli Mosell et Alexandre Tharaud.

Après les présentations, la soirée a donc commencé avec Ravel a son âme, de Gérard Pesson (2013, 6mn, création française) qui pointe dans son titre vers deux grandes figures du panthéon français : Ravel et Ronsard. Grave et mélancolique sans son début, la pièce prend de la force et de la hauteur et tandis que les rythmes se multiplient et s’accélère, un sentiment un peu cosmique naît, quelque chose de la symphonie ou même du péplum intime… Le compositeur est venu saluer le public.

Talons haut, robe bustier à volant fendue et brushing blond parfait, la sublime et sophistiquée Vanessa Benelli Mosell est venue prendre place au piano tout juste installé pour interpréter le “Duet pour piano et orchestre” (2007-08, 12 mn) de George Benjamin avec l’ONF. Dédié à Pierre-Laurent Aymard, pianiste proche de Benjamin qui jouera sa musique Jeudi soir dans le cadre du Festival Présence, ce duet est doux, à l’image des moments de harpe qui émanent de l’orchestre et puis, à mesure qu’il superpose les sons, le piano se fait plus rugueux et le dialogue plus intense…

Dernière pièce de la première moitié du concert, la création française de “Left alone” (2014-15, 21 mn) de Hans Abrahamsen mobilise uniquement la main gauche d’Alexandre Tharaud, les cordes ouvertes du piano et une partie des musiciens de l’orchestre pour un fresque très rythmé, qui nous emporte, nous bouscule, se développe de surprise en surprise et nous abandonne sur un moment suspendu…

Après le chaleureux entracte, c’est seule au piano que Vanessa Benelli Mosell interprète pour sa première mondiale la “Toccata” (2019, 10 min) de Claire-Mélanie Sinnhuber qui se développe comme un programme selon l’acronyme du mot (T, comme touches blanches, O, comme ostinato, C comme croisement des mains, C comme comptine, A comme allant, T comme touches noires et A comme anamnèse” mêlant la technique et des concepts forts. Virtuose, intense, et aussi impressionnante dans son jeu de jambes avec les pédales qu’avec ses mains sur les touches, Vanessa Benelli Mosell habite pleinement cette pièce à la fois épurée, qui joue sur une forme immémoriale et qui en même temps alterne les souffles et les saturations avec une immense puissance vitale. Complices, la compositrice et l’impressionnante pianiste ont salué ensemble un public conquis.

Il nous a beaucoup parlé de cette figure dans l’interview qu’il nous a donnée (lire notre article). Les “Palimpsests” (2002, 21 min) de George Benjamin sont venus clôturer cette soirée en une immersion profonde et précieuse dans ces couches d’harmonies qui traversent les temps, les humeurs et les barrières pour nous porter tous dans une lévitation qui nous unit, alors même que chaque instrument, aussi bien les clarinettes que les basses ou les altos s’entendent avec un détachement pur. Un moment de spiritualité et de musique très puissant qui donne très envie de suivre les 16 autres concerts et opéras que Présences déploie jusqu’au 16 février prochain…
visuels : YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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