Classique
Alisa Weilerstein enchanté Saint-Saens au TCE

Alisa Weilerstein enchanté Saint-Saens au TCE

26 January 2019 | PAR Jean-Marie Chamouard

Outre le concerto pour violoncelle de Saint-Saëns, magnifiquement interprété par AlisaWeilerstein, Douglas Boyd et l’orchestre de chambre de Paris nous offrent un programme varié : la Symphonie de chambre de Dimitri Chostakovitch, Moz-art à la Haydn d’Alfred Schnittke et la symphonie n°35 de Mozart.  

?La symphonie de chambre est la transcription par Rudolf Barshai du huitième quatuor de Dimitri Chostakovitch (1906-1975). Celui-ci a été écrit en trois jours en 1960 alors que Chostakovitch était en visite à Dresde. Il a été frappé par l’étendue des destructions de la ville à la suite des bombardementsde la deuxième guerre mondiale. Cette œuvre a donc été dédiée aux victimes de la grande guerre mais elle est aussi imprégnée par l’angoisse de l’auteur aux prises avec l’oppression du régime. Chostakovitch souhaitait que cette œuvre soit jouée lors de ses funérailles. C’est un orchestre uniquement composé de cordes qui interprète la symphonie de Chambre. Elle débute par une longue plainte funèbre suivie d’un allégro frénétique. Les reprises du thème sont romantiques mais entrecoupés d’accords brutaux donnant un rythme particulier à cette musiquecontrastée et d’une tristesse très émouvante.

?Camille Saint Saëns (1835-1921) composa son concerto pour violoncelle et orchestre en 1872. Il voulait rendre hommage à son maitre Beethoven etrenouer avec le concerto comme forme classique de composition. Il souhaitait mettre en valeur le violoncelle, instrument alors peu utilisé. Ce soir le concerto est interprété par Alisa Weilerstein violoncelliste américaine de 36 ans  qui mène une carrière de soliste internationale. Elle se consacre également à la musique de chambre en particulier dans le trio Weilerstein qu’elle forme avec son père violoniste et sa mère pianiste. Alisa Weilerstein interprète avec fougue le concerto de Saint Saëns et rend sublime le chant de son violoncelle.

Après un accord unique de l’orchestre, le violoncelle introduit en majesté le premier thème. La puissance du violoncelle se dégage du premier mouvement. Lors du second mouvement le chant mélancolique du violoncelle est accompagné en sourdine par les cordes puis les bois. Le troisième mouvement est syncopé, dansant avant de se terminer dans un moment tragique. Le jeu de l’orchestre déploie  alors une grande énergie et une grande intensité.

Alfred Schnittke (1934-1998) est un compositeur soviétique originaire de la communauté allemande de la Volga. Formé à Vienne, il renonce à la musique sérielle et il initie un polystylisme intégrant des traditions musicales diverses. IL appartient en partie de « l’Underground musical soviétique » puis son œuvre est  diffusée à l’ouest dans les années 70 et il deviendra célèbre dans les années 80 et 90. Moz art à la Haydn a été composé en 1977. C’est un pastiche ironique qui mêle des extraits de la musique de Mozart et de Haydn avec de nombreuses dissonanceset audaces musicales. La parodie est aussi visuelle avec l’alternance de l’obscurité et de la  lumière et les déplacements des musiciens qui quittent la scène l’un après l’autre à la fin de cette œuvre qui procure une vraie surprise au spectateur.

?La symphonie n°35 de Mozart est appelée la symphonie Haffner du nom du maire de Salzbourg qui avait commandé en 1782 une sérénade à Mozart pour fêter son anoblissement. La sérénade a ensuite été transformée en symphonie : celle-ci a été composée l’année de son mariage avec Constance et au début de sa période viennoise quand Mozart a pu enfin prendre son indépendance vis-à-vis de son père et de l’archiduc de Salzbourg. La symphonie est joyeuse et conserve son caractère de sérénade.L’orchestre de chambre de Paris met en valeur en particulier la finesse, la douceur mélodique du deuxième mouvement et l’énergie joyeuse du presto final.

?Douglas Boyd, l’orchestre de chambre de Paris et Alisa Weilerstein ont offert au spectateur un concert d’une grande qualité et d’une grande diversité.

visuel :Decca 

Des “Troyens” d’Hector Berlioz antiromantiques à l’Opéra Bastille
Michel Legrand, le génial compositeur et pianiste, est mort
Avatar photo
Jean-Marie Chamouard

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration