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Alexandre Bloch, directeur de l’Orchestre National de Lille nous parle de cette saison 2021-22

Alexandre Bloch, directeur de l’Orchestre National de Lille nous parle de cette saison 2021-22

22 September 2021 | PAR Yaël Hirsch

L’Orchestre National de Lille et son chef sortent de la crise sanitaire avec plus d’énergie que jamais. Alors que le concert d’ouverture de saison réunit tout l’orchestre les 23 et 24 septembre, autour du thème de la “Lumière, la création et la transfiguration” avec le soliste Victor-Julien Laferrière dans un programme Saint-Saëns, Strauss et aussi une création de Nante, Alexandre Bloch qui s’apprête à le diriger répond à nos questions sur la nouvelle saison.

C’est un bien joli thème la mort et la transfiguration après ce que nous venons de traverser ! Pouvez-vous nous parler du concert d’ouverture ?

Il s’agit de rentrer de manière joyeuse et festive. Mais dans la transfiguration il y a également vraiment l’idée d’une élévation de l’âme, après toute une agonie. Pour nous, ce concert d’ouverture marque le retour de l’orchestre en grand effectif, notamment autour d’une grande pièce de Strauss, ce que permet le pass sanitaire. Alors que nous n’avons cessé de nous adapter et de nous préparer à faire les choses selon les possibles – en présentiel ou en numérique – ce qui nous a permis de maintenir toute la programmation l’an dernier, cette saison s’ouvre sur une belle vague d’optimisme, avec un programme ambitieux, dans laquelle on trouve, du Bernstein, du Strauss mais aussi le concerto pour orchestre de Bartok…

Comment va l’orchestre ?

Nous sommes contents de reprendre en grand effectif. Cela nous avait manqué et nous sommes encore dans l’énergie du Tosca de mai dernier à Lille et de la tournée estivale pour nous retrouver avec ce concert d’ouverture… Alors que nous avons beaucoup enregistré l’an dernier, notamment un Carnaval des animaux avec comme narrateur Alex Vizorek, un album avec la chef Lucie Leguay, une Voix humaine de Poulenc qui doit sortir en octobre et avec le ténor Cyrille Dubois, un enregistrement des airs de musique française en partenariat avec le Palazetto Bru Zane chez Alpha Classics, notre politique discographique et de diffusion se poursuit. Nous aurons une tournée, avec notre programme Bernstein et aussi des moments solennels comme le concert “La jeunesse forge l’amitié” qui célèbre les 30 ans du traité de Maastricht et 3 ans du traité d’Aix-la-Chapelle.

Et vous entamez la saison avec des outils numériques encore affûtés… Comment fonctionne l’Audito 2.0 ?

Lors du deuxième confinement, nous avons voulu encore affûter nos outils de streaming que nous avions déjà installés avant et pendant le premier confinement, et qui nous ont permis contrairement à d’autres orchestres qui n’avaient pas ces moyens techniques de maintenir nos programmes. L’Audito 2.0 est notre salle de concert virtuelle qui propose des concerts, des interviews, des reportages… C’est une chaîne youtube qui a dépassé le million de vues. Nous avons ainsi entretenu non seulement le lien avec le public mais également la possibilité pour nos musiciens de pratiquer leur art, et de maintenir leur technique, devant un public, autrement que seuls dans leur salon pendant les longues semaines de confinement.

Parmi les grands compositeurs à l’honneur cette saison, il y a Mozart et il y également « votre » Bernstein…

Mozart est évidemment un compositeur incontournable et nous l’avons joué avec l’Orchestre cet été avec la Symphonie n° 38 dite « Prague », notamment au Concertgebouw d’Amsterdam. C’était un grand moment pour nous, car nous avons travaillé beaucoup d’autres morceaux avant d’oser Mozart, en quelques sortes. Cette saison, les 7 et 8 octobre, il y aura le Requiem, dirigé par notre chef invité Jan Willem de Vriend et puis le très attendu ciné-concert autour du film Amadeus de Milos Forman,  dirigé par Ernst van Tie les 4 et 5 novembre.. Et en effet, je dirige un grand concert Bernstein à Lille, Calais et à la Philharmonie, à Paris, où nous interpréterons la Symphonie n°1, « Jeremiah ». Alors que dans la 3e symphonie, qui s’appelle Kaddish, Bernstein opère un véritable retour aux sources, nous interprèterons une œuvre moins connue qu’est le Concerto pour orchestre, « Jubilee Games », les 16 et 17 juin

Pouvez-vous nous parler des créations de la saison ?

Les commandes ont toujours été un des fers de lance de l’Orchestre. Nous avons des compositeurs en résidence depuis les années 2000 et ces résidences ont beaucoup compté pour eux, par exemple Thierry Escaich ou Graciane Finzi parlent toujours de Lille avec ardeur. Cette année, Alexandre Tharaud créera en avril le Concerto pour piano et orchestre de notre compositeur en résidence Alexandre Nante un Argentin de 28 ans, passé par le conservatoire de Paris, et très prometteur. Nous ouvrons la saison avec la création de Sinfonía del cuerpo de luz, une pièce qui parle des chakras du corps humain. Et après qu’il a créé un premier spectacle pour Halloween l’an dernier, je vais diriger la création de notre artiste associé Julien Joubert : un autre spectacle jeune public « Famillissimo » au mois de juin.

Quels sont les grands solistes attendus ? Et les  jeunes talents à suivre cette saison ?

C’est toujours un exercice difficile de ne pas oublier des artistes dans cette riche saison, mais à côté des grands noms, comme Alexandre Kantorow ou Daniil Trifonov, ou encore notre violoniste en résidence l’an dernier mais qui nous reste fidèle cette année pour une tournée régionale, Nemanja Radulovic, on trouvera en ouverture de saison, Victor Julien-Laferrière. L’orchestre attend avec impatience le grand violoniste allemand Frank Peter Zimmermann et puis en octobre, nous accueillerons également le violoncelliste britannique Steven Isserlis que j’ai rencontré à un festival en Italie et à qui j’ai osé parler lors du petit déjeuner à l’hôtel. Nous avons également de grands chefs invités en plus du fondateur, Jean-Claude Casadesus, et de Jan Willem de Vriend : Lionel Bringer, Louis Langrée, Joshua Weilerstein et Ludovic Morlot dirigeront cette année au Nouveau Siècle.

Les transversalités ou dialogues des styles et des arts sont aussi très présents…

Le Jazz et la pluridisciplinarité ont toujours été présents à l’Orchestre National de Lille. Cette saison, l’on pourra découvrir « Ravel et le jazz » avec le Belmondo Quintet, Chilly Gonzales en concert, mais aussi Wynton Marsalys qui commence sa tournée européenne à Lille. Du côté des musiques du monde, je suis très heureux d’accueillir les Sirba Octet en fin d’année.

Quelles sont les autres nouveautés ?

Nous proposons cette saison de nouveaux formats, notamment des grands récitals comme ceux de Daniil Trifonov, Alexandre Kantorow, Wynton Marsalys ou Chilly Gonzales, nous allons conserver le format plus court et sans entracte qui avait mis en place pendant le pire de la crise sanitaire pour certains concerts et après le succès de l’été de l’Orchestre, nous préparons également un printemps de l’Orchestre, cette saison, pour jouer auprès de tous les publics : étudiants, personnes âgées et scolaires. Alors que le projet Demos se poursuit avec un deuxième orchestre d’enfants qui finit son cycle, nous sommes en période de recrutement : à l’heure où nous parlons sept nouveaux musiciens nous rejoignent et les concours ne sont pas finis : nous attendons encore trois ou quatre nouveaux membres de l’orchestre.

visuel (c) Marco Borggreve

 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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