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[Chronique] “Holy Fire” des Foals : le retour rock et contrasté des talentueux britanniques

[Chronique] “Holy Fire” des Foals : le retour rock et contrasté des talentueux britanniques

12 February 2013 | PAR Bastien Stisi

Fer de lance de la scène rock britannique depuis la sortie de l’expérimental Antidotes (2008), et surtout depuis la superbe confirmation de Total Life Forever (2010), les Foals reviennent en 2013 avec un troisième opus hyper attendu, Holy Fire, que nous annoncions il y a quelques semaines et qui marque le virage considérablement rock entreprit à cette occasion par le groupe d’Oxford. L’album est disponible sur Spotify depuis quelques jours. On l’a écouté pour vous :

Guitares branchées, batterie virevoltante, le « Prélude » de l’album, quasiment post-rock, évoque les expérimentations foutraques et débridées du premier opus Antidotes, et introduit un disque que l’on envisage dès lors puissamment rock et enragé. Cette magnifique impression, elle nous est largement confirmée par le très efficace « Inhaler » sur lequel les guitares s’alourdissent considérablement et font ressortir la puissance vocale de Yannis Philippakis, étonnamment enragé pour l’occasion.

Ce virage brutalement rock occasionné par cette introduction énergique est toutefois rapidement nuancée, et l’un des premiers extraits de l’album, « My Number », est là pour rappeler les aspirations pop du groupe, largement véhiculées il y a trois ans par le très médiatisé Total Life Forever. Un brin funky, léger et guilleret, le morceau paraît définitivement calibré pour les ondes FM. Un statut de tube en puissance que viendront sans doute lui contester les mélodies gentillettes de « Bad Habit », qui terminent de réguler l’ambiance de l’album vers des aspérités et des sensations plus électro rock, tout comme le feront les sonorités harmonieuses de « Everytime ».

Et puis, les Foals plongent la guitare, la basse, et la batterie dans les méandres du passé, interrogent les recettes fructueuses du second album, et en ressortent avec un « Late Night » un peu convenu, imitation inefficace du splendide « Spanish Sahara » et de sa progression enivrante. Il faut bien l’avouer, l’album commence à s’essouffler et à se répéter un peu, malgré l’honnête complainte pop-rock de « Out of the Woods », et la qualité des envolées lyriques et emphatiques de « Milk & Black Spiders ».

Et puis, intervient le décapant et vitaminé « Providence » – le titre du morceau pouvait difficilement être mieux choisi –, qui relance l’énergie et l’intérêt du disque qui défile dans nos oreilles engourdies. Guitares extatiques et enivrantes, percussions excitées et énervées, les Foals citent quasiment le rock rocailleux des Black Keys, en y ajoutant cette touche électrisée qui fait toute la singularité de leur instrumentation, et enchaînent avec une conclusion diablement rock, fureur inhabituelle et magnifique que l’on avait pu découvrir à l’occasion du live que les garçons d’Oxford avaient donné à la Maroquinerie, en décembre dernier. Sans aucun doute le morceau le plus jouissif de l’album, beaucoup plus retentissant s’il en est que les complaintes langoureuses mais revues de « Stepson » et de « Moon », qui concluent tout en douceur ce troisième album tellement attendu par la planète rock.

Holy Fire n’est sans doute pas un chef-d’œuvre. On ne recevra pas cette fois de claque violente et bienfaisante, comme ce fut le cas lors de la découverte du math rock psyché d’Antidotes en 2008. Ce troisième album, pluriel et évolutif, demeure toutefois empli d’une efficacité certaine, de quelques pépites rock (« Inhaler », « Providence ») et de joailleries pop (« My Number », « Everytime »), qui permettent au groupe oxfordien d’affirmer encore davantage la qualité de sa marque au sein de la scène indé rock britannique, tout en promettant au public parisien une performance de haute volée lors du passage du groupe à l’Olympia, le 25 mars prochain…

Visuel © : pochette de Holy Fire des Foals

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Bastien Stisi
Journaliste musique. Contact : [email protected] / www.twitter.com/BastienStisi

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