Chanson
La Garden Party de Florent Marchet à La Cigale

La Garden Party de Florent Marchet à La Cigale

04 February 2023 | PAR Lucine Bastard-Rosset

Hier soir, ce jeudi 2 février, s’est tenue à La Cigale une Garden Party des plus insolites. Florent Marchet et le musicien Raphaël Thyss ont animé une fête entre voisins alternant des discours légers, drôles et des chansons aux tonalités sombres. Un concert où larmes et rires deviennent un.

Elliott Armen en première partie

Sur les coups des 19h30, le chanteur breton Elliott Armen franchit les quelques mètres qui le sépare du public. Muni de ses seuls instruments pour l’accompagner, il débute sa première chanson sur un ton calme et doux, bien représentatif de sa musique. Les accords au piano virevoltent dans la salle, les pistes se superposent, enregistrées en live grâce à un looper. S’y ajoutent peu à peu la guitare, sa voix envoûtante, puis des rythmiques réalisées d’un battement de pied.

Elliott Armen est ému de se produire sur la scène de La Cigale, en première partie de Florent Marchet. Entre les chansons, il pose d’une voix hésitante quelques paroles, il nous présente ses chansons, sa musique. On apprend alors que Berenika a été composée lors d’un séjour en République Tchèque : une berceuse écrite pour cette enfant qui n’arrivait pas à dormir. Une intention bienveillante, une attention portée aux autres et qui se retrouve dans sa musique.

La Garden Party de Florent Marchet

Sur la pochette de son dernier album, Florent Marchet est assis devant une étrange petite maison, l’herbe à ses pieds. Il nous invite de son regard à entrer dans cette demeure pour assister à la Garden Party. Sur scène, Florent Marchet utilise le même procédé en transposant le dessin sur une scénographie. Son piano à queue est posé au beau milieu d’un jardin, juste à côté du barbecue fumant, de la piscine à bulles, du linge séchant au vent. Quoi de plus convivial ? De plus anodin ?

Florent Marchet fait raisonner dans cette atmosphère chaleureuse des chansons toujours plus tristes et mélancoliques : il parle des aspects ténébreux du monde, des peurs de la vie, des tourments, des tracas. “De Justesse” ouvre cette plongée dans la douleur en transposant en mots l’angoisse perpétuelle que vit un parent pour son enfant : cette peur qu’il parte avant l’heure, qu’il ne soit plus vivant.

Ce sont ces mots à la justesse inquiétante qui font la force de cet artiste. Écouter Florent Marchet, ce n’est pas écouter une musique gaie qui change les idées. Et pourtant, ses paroles nous portent et nous libèrent : on prend conscience de nos peines, de nos douleurs et ainsi, on s’ouvre à la vie. Chaque chanson plonge au plus profond de nous pour faire ressortir tout ce qui nous construit : les épreuves vécues, celles connues par d’autres, celles qui nous effraient.

Un concert entre rires et pleures

On pourrait le dire ainsi : Florent Marchet tente de faire passer la pilule en faisant diversion. Cette diversion passe par l’humour de ses intermèdes : il divertit le public en racontant des anecdotes, en jouant de son talent d’orateur pour se moquer avec ironie du monde actuel. Il rit de ses propres propos car “on n’est pas là pour se raconter de petits malheurs Monsieur Marchet, on filtre ! Donc on ne va aborder que des sujets légers !”.

La légèreté des transitions entre en rupture directe avec les chansons, mais permettent d’en faire ressortir le sens. Il explique sans véritablement expliquer ce qui l’a poussé à écrire, l’origine de ses textes. Il fait des liens improbables, raconte des historiettes, il nous fait rire et on en rit, car au fond, rien de tout cela n’est drôle, mais ne vaut-il pas mieux en rire qu’en pleurer ?

Un concert entre traditions et innovations

Le musicien multi-instrumentiste Raphaël Thyss accompagne magnifiquement Florent Marchet : au clavier, à la trompette, au flugabone, au chant, aux percussions. Ses partitions prodiguent à chaque chanson des émotions plus fortes. La trompette magnifie les sensations et fait vibrer les mots du chanteur. Ensemble, ils ont donné vie au dernier album Garden Party, mais ils ont également redonné vie à des chansons plus anciennes telles que “L’eau de rose”, “Courchevel”, ou encore “Le Terrain de sport” en changeant les tonalités, les instruments, le rythme. Qui aurait pu penser qu’il était possible de danser sur “Benjamin” ? De voir Florent Marchet se lever sur son piano tout en continuant à jouer ?

Florent Marchet joue assis à son piano, mais malgré cette posture peu encline à l’ouverture aux autres, il ne perd jamais le contact avec son public. Son regard est continuellement tourné vers ceux qui l’écoutent, il ne regarde que très rarement ses doigts qui filent sur le clavier. Cette connexion est d’autant plus forte et émouvante lorsqu’il l’a établit avec P.R2B, venue exclusivement pour partager ces 4 minutes sur scène lors de la chanson “Montréal”. Tout deux ont livré un duo d’une grande sensibilité.

Florent Marchet a livré un très beau concert ce jeudi soir à La Cigale.

Visuel : ©pochette album

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Lucine Bastard-Rosset
Après avoir étudié et pratiqué la danse et le théâtre au lycée, Lucine a réalisé une licence de cinéma à la Sorbonne. Elle s'est tournée vers le journalisme culturel en début d'année 2022. Elle écrit à la fois sur le théâtre, la musique, le cinéma, la danse et les expositions. Contact : [email protected] Actuellement, Lucine réalise un service civique auprès de la compagnie de danse KeatBeck à Paris. Son objectif : transmettre l'art à un public large et varié.

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