Chanson
Interview de Bénabar, l’indocile heureux

Interview de Bénabar, l’indocile heureux

09 February 2021 | PAR Jean Emmanuel P.
L’auteur et chanteur Bénabar sort son 9ème album studio, intitulé Indocile Heureux. Un album qui brouille les pistes, employant des registres très différents (humour, coup de gueule, retour au romantisme…), tout en traitant des grandes thématiques de la chanson française (l’amour, l’amitié, la mort…). Toute La Culture a interrogé Bénabar sur la genèse de son nouvel album et sur son écriture, dans le contexte particulier du premier confinement. 
 
Votre nouvel album, “Indocile Heureux” qui vient de sortir, semble «  inclassable », comment le situez-vous dans votre parcours ? 
 
Bénabar. Merci pour l’emploi du terme “inclassable”, c’est très flatteur, car c’est toujours un peu une volonté d’avoir un album qui échappe à l’air du temps et à ce qui peut apparaitre parfois, comme préfabriqué. 
 
Ce neuvième album est dans la continuité de ma carrière. Pour moi, il n’y a rien de ponctuel, c’est la suite logique du précédent, car j’écris des chansons tout le temps, et elles peuvent passer d’un album à l’autre. Dans l’album, il y a certaines chansons que j’ai faites pour le précédent et que je n’avais pas gardées. C’est après coup que je me rends compte qu’un album est un élément d’un continuum, là où les tournées peuvent être des marqueurs.
 
Vous avez conçu votre album avant le 1er confinement puis décidé de le retravailler, pourriez-vous nous expliquer le processus d’élaboration, et les évolutions apportées ? 
 
B. Cet album est à l’image de 2020. On avait fini avant le confinement qui a tout bouleversé comme pour tout le monde, alors que j’étais en tournée. Plutôt que t’attendre dans ce moment en suspend, j’ai préféré refaire des chansons, peut-être pour me rassurer. Faire des chansons c’est un repère, c’est rassurant. Après, on a fait une synthèse des chansons d’avant et d’après, à la sortie du confinement. 
 
Des chansons ont été retirées, deux ont été rajoutées « Les Belles histoires » et « Exigeons l’impossible », qui sont des chansons plus lumineuses, plus enthousiastes et optimistes. On a réenregistré des morceaux de textes, parce j’avais trouvé mieux sur tel ou tel couplet. On a retravaillé l’album, qui aurait été très différent sans le confinement. Après le confinement, on s’est retrouvé dans un studio pour refaire de la musique, c’est un moment indispensable quand on est tous ensemble pour enregistrer. 
 
Pourriez-vous nous donner quelques secrets de fabrication, quand vous écrivez et composez vos chansons ?
 
B. Je n’ai pas de rituel particulier à proprement parler. Il s’agit plutôt d’une sorte de « bordel organisé » comme on dit, à l’image d’un bureau dérangé avec des feuilles partout, mais où on sait très bien, où est quoi. Il y a des bouts de textes, de mélodies, de maquettes, dans tous les sens. Ça ressemble à un énorme désordre quand on regarde de l’extérieur mais moi je sais où j’ai mis ce qui m’intéresse, et ce qui m’intéresse moins. Je pioche dedans, et j’y mets des post-it, des petits bouts de papier…
 
Après, le gros du travail, c’est de passer de l’inspiration à la chanson, à sa rédaction et là c’est un travail presque manuel, couplet après couplet. Je reprends. Je retravaille. Il y a quelque chose de palpable, c’est une période que j’aime bien, et qui est très artisanale. 
 
… Vous commencez par le texte ou la musique ?
 
B. D’abord, ce qui compte ce sont les idées de ce que je veux raconter. Quand j’ai trouvé, je fais le texte et la musique en conséquence. La musique est censée servir le texte, pour moi, c’est pour ça qu’il s’agit de chanson française. Cela se fait de manière très empirique, c’est très impressionniste de faire des chansons. 
 
Ce sont des thèmes, des situations, des personnages, des portraits qui arrivent, un détail qui me touche à un moment. Dans la chanson «  William et Jack » » dans l’album, les deux Dalton du milieu, je ne les connaissais pas. Depuis longtemps je réfléchissais à une chanson sur la classe moyenne, d’où je viens. Et j’ai trouvé cette idée, qui m’a amusé, qui pouvait coller sur ce que je voulais dire.
 
Pour la chanson, « On ne choisit pas d’aimer », il y avait l’idée d’aborder le sentiment que cela peut arriver à tous, que l’on ne contrôle vraiment pas notre destin sentimental. Avec le coup de foudre, on ne peut pas dire je ne vais aimer cette personne, une fois qu’on l’aime, on l’aime. 
 
Qu’est-ce qui vous a poussé à sortir l’album dans une période aussi particulière, et comment abordez-vous la suite ?
 
B. Ça s’est fait comme ça. On avait renoncé plusieurs fois déjà l’année dernière, et on devait le sortir au mois de novembre. Quand l’album est fait, il faut le sortir.
 
Le suite ? Faute de visibilité, je n’ai pas de tournée encore programmée. J’ai fait un ou deux live stream, mais je n’en ai pas abusé. Je ne pense pas qu’il faille solliciter le public à tort et à travers. Mais je ne suis pas contre, si il faut s’adapter. Mais j’ai hâte de retourner à la scène, car la scène reste pour moi essentielle. Je viens de là, j’ai commencé à faire des chansons par la scène, et c’est l’origine de ma démarche artistique. La scène, c’est la cause et la conséquence d’une chanson, c’est le moment où on présente son travail à quelqu’un qui est là. J’ai par ailleurs un projet de tournage, pour une série télé. Je ne vais surtout pas me plaindre.
 
Crédit photo : couverture album
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