
Cecilia Bartoli se donne pour Mission de faire redécouvrir les compositions d’Agostino Steffani
La magnifique mezzo-soprano italienne continue à démocratiser la musique baroque à grand renfort de trilles généreuses, de la totale mobilité de son visage qui lui confère un charisme irrésistible quand elle habite la scène mais également par une savante politique de communication à tendance néo-gothique. Un disque quasiment entièrement constitué de premiers enregistrements mondiaux de partitions archivées de compositions datant de la période pré-baroque (contemporains de Monteverdi). la redécouverte par Cecilia Bartoli d’un génie méconnu, d’Agostino Steffani (1654-1728), le chaînon manquant entre Monteverdi et Vivaldi, sera probablement un nouveau bestseller pour Decca chez qui la diva a écoulé plus de 650 000 exemplaires de son “Vivaldi Album” en 10 ans. Une bien jolie mission, donc mais présentée de manière assez … effrayante.
La diva est accompagnée dans sa “Mission” par l’irrésistible et éternellement juvénile contre-ténor Philippe Jaroussky et par l’orchestre I Barocchisti, dirigé par Diego Fasolis. L’album permettra donc de découvrir toute une série de compositions pré-baroques d’Agostino Steffani dont on ne connaissait presque que l’opéra “Niobé” (ici par Véronique Gens). Comme l’album Vivaldi, “Mission”‘ est vendu sous forme de livre relié, enrichi de plusieurs textes historiques. Mais le plus original dans ce nouvel opus se voit dès la couverture sombre où la mezzo-soprano apparaît inquiétante, le crâne rasé avec une croix de bois dans la main. Transformation? Eh oui, Usant et abusant des nouvelles technologies, La Bartoli ne se contente pas d’une vidéo de présentation où elle porterait l’une de ses robes à paniers et en taffetas qui lui vont si bien. La haute technologie est conviée au secours de la musique oubliée avec une application i-pad et plusieurs web-épisodes qui oscillent entre Harry Potter et le Bal des vampires où Cecilia Bartoli fait planer le mystère, étant poursuivie dans sa mission secrète par une caméra indiscrète. A temps, la cantatrice étonne, capable de se déguiser en ancien compositeur baroque italien qui aurait muté avec un des héros de True Blood… Mais même sans un poil sur le caillou la diva garde le sourire…
La Mission de Cecilia Bartoli passe par la salle Pleyel le 13 novembre prochain, avec un accompagnement par le Kammerorchester Basel.