Musique
Carte blanche à la Seine Musicale de Natalie Dessay : “Je suis une chanteuse de patrimoine”

Carte blanche à la Seine Musicale de Natalie Dessay : “Je suis une chanteuse de patrimoine”

20 February 2019 | PAR Yaël Hirsch

Ce jeudi 21 février, Natalie Dessay entame sa carte blanche à la Seine musicale avec une soirée de jazz accompagnée du Big Band de Frédéric Manoukian. C’est la première des cinq dates d’une “Seine libre” aussi diverse, vivante et exigeante que la chanteuse. Rencontre.

Voix inoubliable de la Reine de la Nuit, d’Olympia ou de la Somnambule, Natalie Dessay a enchanté dans le genre “opéra” les plus prestigieuses scènes de la planète. Depuis 2013, la soprano a choisi un tournant moins lyrique et plus divers : elle a enregistré un oratorio que Michel Legrand avait commencé à écrire pour Barbra Streisand et véritablement crée avec elle 30 ans après, est passé d’un Songbook américain à des Lieder avec le pianiste Pierre Cassard et elle chante des extraits de comédies musicales avec Yvan Cassar, son mari et sa fille (entendu à l’instant lyrique, lire notre article). C’est un peu tout cela que la grande voix apporte dans sa carte blanche en 5 concerts exceptionnels qui s’étalent sur l’année 2019 à la Seine Musicale. Seine libre, cela commence le jeudi 21 février et Natalie Dessay nous fait entrer en coulisses !

Seine libre, c’est un très joli titre. C’est votre première carte blanche ?

Souvent les cartes blanches, c’est une date. Cinq soirées c’est une première pour moi. Donc au début, j’étais un peu effrayée. Dans les cartes blanches, on peut tout faire et quand il n’y a pas de cadre, la liberté est trop grande quelque part. Mais après, il y a tellement de choses que j’aime et que je veux faire connaitre et partager, que du coup, c’est assez facile.

Et c’est rare quand on donne carte blanche à quelqu’un, que la personne soit tout le temps sur scène…

Quelque part, j’aurai bien voulu déléguer et programmer d’autres gens mais le projet, c’était d’y être impliquée. Et avec plaisir … La Seine Musicale est un lieu superbement intéressant qui mélange les genres comme dans cette carte blanche où j’essaye de partager tous ce que j’aime et qui n’est pas forcement connu et auquel on ne m’associe pas forcement non plus… Mais au fond, il s’agit toujours de raconter des histoires et de proposer un univers au spectateur…

Et vos choix nous surprennent encore et encore… Sur le cirque L’envolée, le 13 octobre, par exemple ! On ne vous attendait pas forcement là…

Pour cette session, je vais surtout présenter, peut être participer un peu. En plus c’est du fil souple et moi souple .. J’essaye modestement d’apprendre le fil dur, la corde quoi, ce qui est déjà bien mais là… le fil souple, c’est trop dur !

Vous continuer aussi les cours de chant et de théâtre ?

Les cours de chant et le yoga. Le théâtre, je viens de jouer pendant quatre mois. On va reprendre la pièce de Stefan Zweig [Légende d’une vie qui a eu lieu au Théâtre Montparnasse] cet été en festivals. Apres, j’ai un autre projet avec le metteur en scène Christophe Lidon à l’orée 2020 et puis un autre en 2021. Entre-temps, il y a de la chanson, un nouveau Big Band. Notamment ce jeudi 21 février. Nous avions déjà fait une partie de ce programme en croisière l’année dernière et nous avons décidé de le faire le plus souvent possible…

Racontez-nous le programme de cette première session ?

Il y aura de la soul , avec les trois quart des chansons en anglais et du blues. Et puis avec Laurent Naouri, nous reprendrons des chansons françaises. Lui chante Aznavour, Gainsbourg et moi Nougaro, Vian … Nous interprétons aussi ensemble une chanson de Salvador mêlée à une autre, en duo. Je chante aussi “Tendre” de Nougaro avec Ludovic Beier, et nous ferons “L’accordéoniste” à 3 voix.

Il y a aussi du théâtre dans cette carte blanche 2019 ?

Oui , parce que le 30 septembre, on va raconter l’histoire de Pannonica de Koenigswarter qui est donc une muse- mécène et jazzmen de la scène new-yorkaise des années 1950. Le 30 novembre, avec le Zoo Octet, je vais réciter et incarner Pannonica, avec une musique originale qui racontera l’histoire. Je ne pense pas que je chanterai. Je vais vraiment raconter l’histoire, pour faire connaitre cette femme. Parallèlement à tout cela dans le hall, il y aura une exposition George Rousse qui est un photographe que j’adore et peut être une installation …

Avant ça, le 14 mai, vous proposez un programme “classique”…

Avec Philippe Cassard, nous proposons en effet un programme avec du Schubert et 8 lieder de Wolf et puis de la mélodie française matinée d’Espagne. C’est un beau programme, très original. Un peu de Chopin aussi et j’enchaîne avec Lully et puis une vocalise et un Roussel …

C’est peut être la plus mélancolique des cinq dates ?

Oui un peu, cela s’appelle “Âmes solitaires et cœurs amoureux”.

Et votre dernière Seine libre sera un hommage à la comédie musicale…

Nous n’avons pas encore la date, mais nous serons probablement 3 chanteuses avec Gilda Solve, Neima Naouri, ma fille. Et puis Yvan Cassar au piano et Benoît Dunoyer de Ségonzac au Saxophone…

Vous chantez souvent avec votre fille?

Non, pas souvent? Mais le plus possible. Nous avons chanté ensemble le petit duo de Michel Legrand.

Michel Legrand a créé son oratorio Between Yesterday and Tomorrow avec vous. D’autres composent-ils pour votre voix ?

Non et je le cherche pas spécialement. Là je vais faire un album hommage à Claude Nougaro donc il y aura des chansons de Legrand dedans évidemment. Et c’est Yvan Cassar qui dirige le projet, c’est lui qui va l’arranger et le produire… Je ne cherche pas a devenir une chanteuse de variétés, donc je suis plutôt une chanteuse de patrimoine !

Et pour le futur, nous imaginons bien que vous allez encore nous surprendre, il y a un rôle dont vous rêvez en comédie musicale ?

Je continuerais à chanter tant que ma voix le permettra et j’apprend toujours. Le genre de la comédie musicale bien sur, je prends même des cours depuis un an car la technique est très différente. Je n’ai jamais rêvé de rôle en particulier. Cela dépend du projet, je rêve d’équipe de production plutôt. Si c’est un rôle génial dans une production triste, cela ne m’intéresse pas. Mais si c’est un rôle plus petit mais dans une superproduction, c’est mieux.

Et le cinéma ?

Si l’on me propose un superbe rôle dans un grand film avec un metteur en scène talentueux et de beaux dialogues, bien sûr que je vais dire oui ! Mais les femmes de plus de 50 ans n’ont pas beaucoup de rôles. Ils sont souvent joués par les mêmes et c’est bien normal, donc a priori je ne vois pas ce qui pourrait se présenter.. C’est dommage parce que j’aurai des choses à dire et à jouer. Mais  je veux absolument continuer le théâtre, c’est ma passion première et chanter, bien sûr, cela fait parti de mon ADN… J’aimerai faire de la musique avec mes enfants et mon mari, tous les quatre… Pour ma fille, ça démarre bien, elle va faire ses choses à elle. Mon fils est saxophoniste entre autres de jazz, il fait ses projets aussi.. J’aimerais que nous soyons un jour tous réunis. Ça se présentera occasionnellement, mais il faut aussi que chacun fasse son chemin indépendamment des autres.

visuel : affiche 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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