Backspacer, le nouveau Pearl Jam
Le neuvième album de Pearl Jam est sorti il y a une semaine. Disque solide, puissant et plein d’une communicative jubilation, ce Backspacer confirme le talent de la bande à Eddie Vedder qui est à peu près l’équivalent contemporain des Stones.
À force de voir le groupe triompher dans la reconnaissance unanime des critiques et des colossales tournées mondiales, on en oublierait d’où vient Pearl Jam, comme s’il était né dans la gloire immédiate. Les petits gars de Pearl Jam (en fait les deux guitaristes et le bassiste) ont longuement affûté leur sens du rock’n’roll dans la scène alternative de Seattle, au sein de formations excellentes – souvent méconnues – comme Temple of the Dog, Mother Love Bone ou surtout le capital Green River, l’un des tout premiers groupes grunge.
Après le temps des vaches maigres, l’arrivée du chanteur – et quel chanteur ! – Eddie Vedder au début des années 90 conduit à la formation de Pearl Jam. Le premier album, Ten, paraît quelques semaines avant le Nevermind de Nirvana ; tous deux contribuent à lancer le « phénomène grunge » et attirent l’attention sur la fabuleuse et pléthorique scène de Seattle. Depuis lors, une discographie impeccable, avec assez peu de faux pas, qui en fait le groupe de rock le plus populaire de la planète et le seul successeur crédible des Rolling Stones – U2 relevant plus de la mauvaise plaisanterie et du gâchis.
Neuvième album, Backspacer qui vient de paraître s’inscrit dans la pure tradition du groupe, celle de Ten et de Versus ou Vitalogy, dans ce rock racé, classique, direct, où l’acuité mélodique le dispute à une énergie et un allant décidément inépuisables. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le groupe est revenu vers Brendan O’Brien, qui avait produit Vs. et Vitalogy. Depuis la décharge rock’n’roll d’ouverture « Gonna See My Friend » jusqu’à la ballade apaisée « The End », Backspacer accroche de part en part. Le duo McCready et Gossard (sortes de Keith Richards et Ron Wood de l’époque) joue depuis si longtemps que l’un et l’autre riffent comme on respire. Pearl Jam a le sens du rock, la science de la chanson immédiate, simplement mais parfaitement construite – ce qui en fait bien les héritiers des Who et de Neil Young & the Crazy Horse, qui demeurent leurs influences majeures.
Il est à regretter que « The Fixer » ait été choisi pour premier single, car aussi bon soit-il, il n’égale pas l’irrésistible « Got Some », le très direct et quasi punkisant « Supersonic » ou le merveilleux « Force of Nature ». Toujours aussi intense et égal à lui-même, l’immense Eddie Vedder place deux splendides ballades, dans la lignée de celles qu’il réalisa pour la BO du Into the Wild de Sean Penn. Les arpèges de « Just Breathe » ont des airs de Kansas et « The End » achève l’album lumineusement.
Beau disque de rock’n’roll, ce Backspacer est tout bonnement jouissif : le groupe se fait plaisir et fait plaisir. La Confiote de Perle est ô combien précieuse.
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6 thoughts on “Backspacer, le nouveau Pearl Jam”
Commentaire(s)
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Christian
À titre d’information, “Pearl Jam” réfère à la confiture que faisait la grand-mère de Vedder, qui se prénommait Pearl…
Enfin quelqu’un qui partage mon opinion sur U2, je ne pensais pas qu’une telle personne existait…la plus grande mystification de la musique rock…
Mikaël Faujour
Bonjour Christian et merci pour ton post. J’ignorais cette anecdote sur le nom du groupe. Me voilà éclairé. N’empêche, “confiote de perle” fait sourire le dadaïste qui vit en moi. :-)
Au sujet de U2, je ne parlerais pas de mystification. Même si des vidéos comme celle-ci http://www.youtube.com/watch?v=_Ye8GLPUVsM font office de preuve du profond ridicule de Bono.
Cependant, ils ont été un très grand et très influent groupe. Leurs années 80 sont pleines de chansons mirifiques. Après, bon… Je te soumets un post que j’ai laissé sur un site pour lequel j’avais préalablement travaillé…
“U2, les Empereurs de l’esbroufe”
Sans juger de la qualité musicale du groupe, qui à la réécoute de bien des albums est non seulement évidente et peu contestable, mais qui rappelle combien il est l’un des plus influents des bientôt 30 dernières années, je soumets aux lecteurs et aficionados de U2 un article critique au sujet de la prétention altermondialiste affichée par la bande à Bono. Une prétention qui m’a toujours paru assez grotesque, en plus d’être grandiloquente. Ce côté “faites pour le bien de tous ce que je ne fais pas mais vous demande de faire” est des plus agaçants. Voici le chapeau, puis le lien vers un article qui tape dans le mille. Bonne lecture.
“Ces célébrités qui vivent sur soixante planètes” Et qui n’ont jamais les pieds sur terre. Des maisons somptueuses dans le monde entier, des jets privés avec lesquels elles écument la planète, des voitures puissantes et tout un train de vie à l’avenant. Si le commun des mortels vivait comme ces stars, que ce soit Madonna, Angelina Jolie ou Bono, il faudrait l’équivalent de 60 planètes, voire bien plus, pour permettre ce train de vie. Et parmi elles, certaines prêchent, comme Bono, pour la sauvegarde de la planète. Bono, et son groupe U2, qui s’est fait le chantre de l’aide humanitaire, avec comme terrain de prédilection la pauvreté en Afrique ou le commerce équitable, et toutes ces choses qui confèrent à un groupe quelconque une aura planétaire qu’il n’aurait pas eue sans cela. Mais il y a loin de la coupe (de champagne) aux lèvres. Bono et les siens sont, ne nous y trompons pas, les relais des élites mondiales. Le concert Live 8 en 2005 sous le regard bienveillant des membres du G8 en est, s’il en était besoin, la preuve éclatante.
http://blog.emceebeulogue.fr/post/2009/07/28/Ces-celebrites-qui-vivent-sur-soixante-planetes
Christian
Merci Mykaël pour ta réponse! Il est vrai que mon jugement sur U2 est sévère et devrait appeler quelques nuances. Mais n’empêche que leur réputation me paraît tellement surfaite…. Je pense surtout qu’ils gèrent mieux leur carrière et sont davantage “corporate” que bien d’autres groupes au talent égal ou supérieur. Sans parler de Bono qui à mon humble avis (et je me trompe peut-être complètement) semble être un fieffé narcissique. J’imagine que les éternelles lunettes se justifient par une maladie oculaire? Si tel est le cas, je n’y crois pas davantage que la décoloration naturelle de la peau de Michaël Jackson. Mais bon, je m’égare un peu là… Je ne saurais dire pourquoi, cette impression est viscérale et drôlement agaçante… Qui suis-je pour juger? Des millions de personnes ne sauraient avoir tort! Bonne journée!
P.S.: Les premières écoutes de Backspacer m’ont laissé perplexe.. Mais je me réjouis de constater que le plaisir croît avec l’usage! Je m’ennuie seulement de la puissance “mystique” des premiers albums! J’imagine que c’est la nostalgie qui commence à s’installer, celle que nos vieux éprouvaient lorsqu’ils parlaient de la musique de leur jeunesse!
Mikaël Faujour
Bonjour Christian et merci pour ton post. Oublie un peu le personnage insupportable de Bono (l’article que je t’ai envoyé résume un peu ce qu’il inspire en terme de révolte politiquement correcte…). Réécoute les albums de U2. Tu y trouveras des perles authentiques. Le groupe n’a pas volé sa réputation.
Pour “Backspacer”, je partage ton avis. De prime abord, je suis resté de marbre. Puis quelques écoutes plus tard, j’ai simplement réalisé combien ce groupe a le sens de la simplicité et de la justesse. C’est moins enlevé, moins nerveux et peut-être surprenant qu’un 1er album (ah ! la nostalgie de Ten, album si parfait…), mais ça reste du solide.
Christian
Bonjour Mykaël, merci encore pour ta réponse. Je vais revisiter U2 comme tu le suggères ;-) À la prochaine!