Musique
A l’Auditorium de Bordeaux, un ciné-concert “Sueurs froides” d’une vertigineuse beauté

A l’Auditorium de Bordeaux, un ciné-concert “Sueurs froides” d’une vertigineuse beauté

15 March 2019 | PAR Alexis Duval

Dirigée pour l’occasion par Ernst Van Tiel, la partition que Bernard Herrmann a composée pour le chef-d’oeuvre d’Alfred Hitchcock a pris tout son sens, jeudi 14 mars. Un grand moment de musique et de cinéma.

Imaginez Les Dents de la mer sans les stries cultissimes de John Williams, Meurtre dans un jardin anglais sans les cadences inoubliables de Michael Nyman, American Beauty sans la douce ironie de la partition de Thomas Newman… La liste des exemples est sans fin. Et à chaque fois, la même conclusion s’impose : sans le travail des compositeurs, les films ne seraient pas aussi percutants, aussi marquants, aussi puissants… Bref, sans musique, le cinéma ne serait pas le cinéma.

En proposant au public un ciné-concert de “Sueurs froides”, jeudi 14 et vendredi 15 mars, dans le cadre du deuxième festival Ciné-notes, l’Opéra national de Bordeaux a voulu rendre hommage à la géniale partition que Bernard Herrmann a composée pour le film d’Alfred Hitchcock. Quelle formidable idée ! Et surtout, quelle formidable soirée ! Jeudi, l’Auditorium était plein à craquer. Cinéphiles et mélomanes s’étaient rués sur les places pour assister à un moment qui promettait d’être unique.

Pellicule et partition

Avec Ernst Van Tiel à la direction, l’Orchestre national Bordeaux-Aquitaine a donné tout son sens à l’œuvre des deux maîtres du suspense, Hitchcock et Herrmann. Ensemble, ils ont collaboré sur sept films. L’Homme qui en savait trop (1956), La Mort aux trousses (1959), Psychose (1960), Les Oiseaux (1963)… Autant d’oeuvres devenues indispensables dont les images comme la musique restent longtemps en mémoire.

Dans Sueurs froides (1958), cet air lancinant et reconnaissable entre mille porte en lui toute l’inquiétude et le mystère de l’intrigue. Le regard vaporeux de Kim Novak face à James Stewart qui se noie dans l’incompréhension au milieu d’une forêt de séquoias trouve un écho dans les lignes mélodiques angoissantes à souhait de Bernard Herrmann. Pellicule et partition et le son fusionnent pour créer une perfection synesthésique.

Le ciné-concert s’est terminé sous les applaudissements nourris du public aquitain. Au moment de saluer, Ernst Van Tiel a brandi sa partition. Comme pour montrer que ces vivats n’étaient pas pour lui et sa formation, mais pour Bernard Herrmann. Jeudi 14 mars, l’Opéra national de Bordeaux a donc honoré avec panache deux génies de disciplines artistiques différentes et complémentaires. Pour la soirée du lendemain, la maison aquitaine affiche complet. Mais patience : il y a fort à parier que le Festival Ciné-notes reviendra pour une troisième édition !

Crédits photo : AD

Benoît Jacquot : “Le premier, le seul et dernier râteau que Casanova ait pris en pleine poire !”
Table ronde autour de « L’art et la drogue : des relations complices et dévastatrices » à l’ICART
Alexis Duval

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration