Musique

Chroniques, playlist, clips : rétrospective du mois de février

03 March 2010 | PAR Mikaël Faujour

Après la rétrospective du mois de janvier, voici celle du mois de février, qui a charrié son lot de découvertes, d’enthousiasme. Nous ne prétendons pas à l’exhaustivité, mais vous faisons part de nos coups de cœur, déceptions ou rires. Olé.

Le titre qui ouvre ce premier album de The Rodeo, « On the Radio », avait mis la puce à l’oreille : un bon single folk aux accents americana, ponctué de banjo, ce qui ne manque pas d’appeler une comparaison facile avec Moriarty. Frais, entraînant, tantôt joyeusement touffu et tantôt plus dépouillé (la ballade « My Ode to You », ou un « Uncle Sam », pas loin d’une Soko), Music Maelström convoque les sonorités US et avive par instants un far west imaginaire plein de charme. Le tout s’avère plaisant, parfois délicieux (la country enlevée de saloon « Little Soldier »), sans être tout à fait renversant. Il est vrai que la niche folk est assez pléthorique ces dernières années, et l’abondance finit un peu par émousser la sensibilité. Un album honnête, charmant, et auquel on a envie de revenir. Ce qui n’est déjà pas si mal. (On regrette un peu l’absence de la chouette reprise du « Amazing » de Kanye West, qui apparaissait sur son Hotel Utah EP.)
3,5/5

Sur notre joueliste : « Little Soldier », « On the Radio »

Les Bordelais de Luke sont de retour un peu plus de deux ans après leur dernier album studio. La bande à Thomas Boulard offre un nouveau bel album, D’autre part, moins fiévreusement électrique peut-être qu’elle a pu l’être sur ses précédents efforts, mais non moins touchant. La ballade « Pense à moi », aux airs de Raphaël, qui avait paru en avant-courrier ne nous avait pas franchement convaincus. L’album est quant à lui un peu plus alléchant, les textes de cet authentique auteur qu’est Thomas Boulard se taillant la part belle (cf « Le Robot » ou « M. Tout le Monde », le très beau « Dans l’ombre ») sur des compositions qui sans aucun doute auront plus d’épaisseur et de force sur le terrain de prédilection du groupe : la scène.
3/5
Sur notre joueliste : « Le Robot », « Dans l’ombre »

Le gros morceau du mois et, pour tout dire, de ce début d’année 2010, était bien évidemment le nouvel et cinquième album de Massive Attack, Heligoland. Nous vous avons déjà dit tout le bien que nous a inspiré ce fabuleux nouvel effort studio, qui est déjà en lice pour être l’un des 5 albums majeurs de l’année. Obsédant, hanté, hypnotique, sombre, changeant, capiteux : les qualificatifs ne manquent pas pour cet album riche et divers autant que cohérent, qui reste à écouter encore et encore. Chef d’œuvre.
4,5/5
Sur notre joueliste : « Pray for Rain », « Splitting the Atom », « Paradise Circus », « Saturday Come Slow »

Venus de Brooklyn, les gars de Yeasayer étaient assez attendus par ceux qui avaient reçu avec enthousiasme leur fantastique premier album en 2007, le splendide All Hour Cymbals. Tenants d’un néo-psychédélisme brassant sonorités world, space rock, folk et électroniques, Yeasayer ne se refuse à rien pour créer des gemmes sonores assez captivantes de beauté parfois, à l’image de leur premier single « Ambling Alp » – qui a tout pour être un des meilleurs morceaux de l’année 2010 –, aussi irrésistible que son excellent clip surréaliste. Harpe, accordéon, bidouillages electro, harmonies vocales étourdissantes, rythmes chavirants, production minutieuse : leur musique ne sacrifie pas la sophistication ou la complexité au charme pop immédiat de la mélodie. Yeasayer prépare le futur de la pop, tout comme les collègues de Brooklyn avec qui ils peuvent soutenir la comparaison, de Grizzly Bear à MGMT ou Vampire Weekend. S’essoufflant un peu en cours de route, Odd Blood s’avère un poil en dessous de leur premier opus. Il n’en est pas moins un bel album, dansant et solaire – ce qui est, par surcroît, bien venu en plein hiver. On attend leur venue dans un Trabendo plein à craquer le 19 mars.
3,5/5

Sur notre joueliste : « Ambling Alp », « Madder Red » , « I Remember », « O.N.E. »

Dès l’extraordinaire, « Acts of Man », qui ouvre ce nouvel album de Midlake, pas moyen de décrocher. Les Texans envoient une ballade renversante, réminiscente du meilleure Neil Young, à la mélancolie insidieuse et irrésistible. Il n’y a qu’à s’asseoir ou s’allonger, tout poser, tout laisser, écouter. The Courage of Others a reçu une belle salve d’applaudissements de la critique ce mois-ci – et ce n’est que justice. Là où une certaine facilité, un certain sens de la complaisance, du pathos et de la lourdeur aurait porté des jeunots vers un marécageux doom metal, toute la force de Midlake est plutôt de développer ses thèmes sans lyrisme forcené, avec une finesse de ton assez prodigieuse (écouter notamment « Core of Nature »), proche d’un Nick Drake parfois (« Fortune »). Le chanteur Tim Smith est parfait de bout en bout, chantant d’une voix mélodieuse rappelant par instants Rufus Wainwright. Album hivernal, brumeux, triste et beau à pleurer, The Courage of Others est d’une élégance extrême et pourrait bien se trouver dans beaucoup de palmarès des meilleurs albums de l’année.
4,5/5
Sur notre joueliste : « Acts of Man », « Winter Dies » , « Core of Nature », « Rulers, Ruling All Things », « The Horn », « The Courage of Others »

Douze ans après les débuts de sa carrière solo et son classique Hellbilly Deluxe, Rob Zombie publie sa suite, logiquement intitulé Hellbilly Deluxe 2 (passons sur l’interminable sous-titre des deux albums). On se souvient encore de ce premier album resserré et compact de moins de 40 minutes, gorgé de morceaux ultra-efficaces (« Dragula », « Superbeast », « Living Dead Girl »…), entre le goût de l’horreur des Misfits et le génie du métissage programmation/metal de Ministry, avec un groove irrésistible et… dansant – chose assez rare dans le metal pour être signalée. Douze ans plus tard, l’ex-leader de White Zombie a quelque chose d’un respecté aïeul plutôt qu’un statut de précurseur attendu comme pouvant secouer le monde du metal… Mais on garde plaisir à recevoir de ses nouvelles. Ce 4e album studio ne bouleverse donc pas le paysage musical, mais l’artiste a suffisamment de savoir-faire et d’expérience pour offrir un disque plaisant, rappelant le cousinage avec Manson (exemple avec « Jesus Frankenstein » ; à noter : la présence sur l’album de l’ex-guitariste de Manson, John 5) ou de Ministry (« Sick Bubblegum »). Le ton, la voix, l’univers restent définitivement marqués par la patte spooky de Rob Zombie où l’horreur le dispute au kitsch façon série Z (« Werewold Women of the SS », tout un programme !). Pas franchement indispensable, mais pas mauvais non plus. On reviendra plutôt au Hellbilly Deluxe, première mouture. À noter cependant : la longue (près de 10 mn) et étonnante pièce qui clôt l’album, « The Man Who Laughs ».
3 /5
Sur notre joueliste : « Jesus Frankenstein », « Burn »,  « The Man Who Laughs »

Signalons rapidement le dernier album de Finntroll, groupe finlandais de metal dont nous vous avons parlé. Si la plupart de nos lecteurs n’y seront sans doute pas très sensibles, les amateurs de metal qui ne connaîtraient pas encore Fintroll, devraient tendre une oreille à Nifelvind, dernier effort studio en date. Ou la rencontre improbable du metal à la finlandaise (dans le voisinage de Children of Bodom) et de mélodies traditionnelles. Résultat détonnant : on danse sur du metal hurlant et une voix feulant. Entre la taverne à bière et la taverne du Diable. Roboratif.
3/5
Sur notre joueliste : « Ett Norrskensdåd »

Également sur notre joueliste : 3 titres du dernier album d’Agnès Bihl, Rêve général(e) : « Quand on voit c’qu’on voit », « Habitez-vous chez vos amants ? », « De bouche à oreilles ».

Côté vidéos, une petite sélection. Après le passage remarqué des Fitzcarraldo Sessions au Bataclan, 2 vidéos : la première captée lors du concert, avec Craig Walker (ex-Archive), pour le titre « Animosity » et la seconde filmée lors des répétitions, avec Phoebe Killdeer pour l’excellent « The Gambler ».

Signalons aussi le chouette clip de la chanteuse néo-soul Paloma Faith « Upside Down », récemment passée au Nouveau Casino ; celui de « Go Do », de Jónsi (Sigur Rós), dont le 1er album paraîtra bientôt ; celui des metalleuses canadiennes de Kittie, « Sorrow I Know ».

Et, pour la plaisanterie, ce clip vidéo de la gélatineuse pièce montée de Céline Dion, « My Heart Will Go On », autrement dit le générique du Titanic… dévasté à la flûte à bec par un trublion jubilant.

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Mikaël Faujour

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