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Un mémorial en hommage aux victimes du patriarcat

Un mémorial en hommage aux victimes du patriarcat

11 January 2021 | PAR Lise Ripoche

Dimanche 10 janvier 2021, une soixantaine de colleur.euses ont constitué un mémorial en l’honneur des victimes du patriarcat. Le collectif Collages Féminicides Paris continue d’alerter l’opinion populaire sur le scandale des violences domestiques, comptabilisant 98 féminicides conjuguaux en 2020. 

 

Le funeste bilan de l’année 2020

Karine, Sarah, Franciele, Sylvie, Jessyca, Natacha… et tant d’autres, côte à côte, en lettres capitales noir sur blanc. Cette graphie immédiatement reconnaissable est celle des colleur.euses du mouvement militant qui tapissent les murs des villes de France de noms des victimes de féminicides, et de slogans tel que “Honorons nos mortes, protégeons nos vivantes”. 111 prénoms ont été collés et ça donne le vertige. Ce sont les prénoms de celles et ceux qui, durant l’année 2020 sont mort.e.s sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints.

Funeste bilan auquel s’ajoutent les victimes de putophobie et de transphobie, pour lesquels les chiffres viennent à manquer alors que l’état refuse de reconnaître le phénomène, préférant enclaver ces meurtres dans un statut de cas isolés, fermant ainsi les yeux sur leur dimension systémique. 

Alors qu’en 2019 on comptait 150 féminicides conjugaux et  l’année dernière 98, la baisse des chiffres est un trompe l’oeil, qu’il serait bien malvenu de voir comme une amélioration de la situation. En effet, le collectif Collages Féminicides Paris explique, dans un communiqué de presse publié sur leur compte Tweeter qu’il faut les replacer dans le contexte des confinements successifs dans l’année. Bien qu’il ait été redouté une augmentation des féminicides, c’est l’inverse qui a eu lieu. Ce phénomène se comprend si l’on prend conscience que le motif le plus fréquent de féminicide est la séparation. Dès lors, l’abaissement des chiffres en 2020 serait du au fait que la plupart auront subit les violences dans le huis-clos du domicile, souvent sans avoir les moyens matériel de le quitter. A l’appui, il faut rappeler que durant les huit premières semaines de confinement, les signalements pour violences conjugales suivis d’interventions ont augmenté de 32%, tandis que les appels au 3919 ont été multipliés par trois.  De même, le second confinement aura vu augmenter le nombre de signalement en ligne des violences sexuelles et sexistes a enregistré une hausse de 60% selon les informations fournies par la ministre déléguée à la citoyenneté, Marlène Schiappa.

Un état sourd 

“Etat coupable, justice complice”, peut-on lire un peu partout sur les murs des villes françaises et dans la rue Bouvier où le mémorial a été placé. A travers ce slogan, le collectif dénonce l’inaction du gouvernement pour lutter contre ces meurtres, incapable de mettre en place des mesures concrètes. Rappelant qu’il était sensé s’agir de la “grande cause du quinquennat”, le collectif souligne l’insuffisance des moyens déployer pour palier à la perpétuation de ces violences. Il cite pour exemple le cas des bracelets anti-rapprochements dont l’usage tarde à se déployer. Aussi, le but de cette action est-il de parvenir à suffisamment faire retentir le scandale de la perpétuation des féminicides afin de pousser l’état à employer des moyens suffisants et efficaces pour lutter contre. Ces actions doivent aussi contribuer à mobiliser les citoyens, comme l’explique une porte-parole du collectif: « Il ne faut pas fermer les yeux : on entend la voisine crier, et on n’ose pas s’en mêler, ce n’est plus possible ! »

 

 

 

 

crédit visuel:© Yaël Hirsch

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