Cinema
Un lancement du mois du film documentaire sous le signe de l’accessibilité

Un lancement du mois du film documentaire sous le signe de l’accessibilité

30 October 2019 | PAR Julia Wahl

La vingtième édition du mois du film documentaire, qui dure tout novembre, a commencé ce soir mardi 29 octobre à la BPI.

Un Petit Paysan documentaire

Pour sa soirée de lancement, le mois du film documentaire s’est ouvert par une projection de Les Vaches n’auront plus de nom, de Hubert Charuel, l’auteur de Petit Paysan. À ceci près que le personnage de Swann Arlaud s’appelle Sylvaine et est la propre mère du réalisateur et que, si ses vaches disparaissent, c’est parce que la retraite de son mari la contraint à envoyer ses bêtes dans une ferme robotisée pour limiter sa charge de travail. Un moment dur, difficile pour une paysanne éminemment attachée à ses vaches, retranscrit toutefois avec la légèreté permise par l’humour et la chaleur des relations familiales.

Les images du documentaire sont d’ailleurs à peu près contemporaines de la réalisation du film de fiction. Le parallèle entre Pierre, l’éleveur laitier de Petit Paysan, et Sylvaine prend donc tout son sens et nous invite, rétrospectivement, à une nouvelle lecture du film primé à Cannes en 2017, facilitée par un échange entre la salle et Hubert Charuel à la fin de la projection.

Une attention particulière au son

Un échange et une projection encadrés de moments d’audiodescription à l’usage de ceux qui voient : accueillis dans la salle de cinéma de la BPI progressivement plongée dans l’obscurité, comme pour une séance de cinéma banale, les spectateurs furent toutefois aimantés par la petite lumière, à la droite de l’écran vide, qui permettait à l’audiodescriptrice Marie Diagne de lire un texte qui, plus qu’il ne résumait, retranscrivait l’atmosphère des scènes liminaire et finale du film. Une voix claire et doucement timbrée, au rythme lent, qui accompagne d’une douce mélodie la bande son du documentaire. Un travail qui donne à cette dernière, montée et mixée par Aline Huber, une saveur particulière, entre le meuglement des vaches et le bruissement du foin, l’opposition entre la voix forte de Sylvaine et celle, plus sourde, de Jean-Paul, son époux. 

Un travail du son aussi que celui de Marie Diagne, qui décrit son activité en des termes que ne renierait pas un poète classique : la nécessité de compter les syllabes de chaque mot pour ne pas empiéter sur la bande son ; le rythme de sa voix, également, qui participe de la souplesse avec laquelle on passe du son du film à celui de l’audiodescription.

La question de l’accessibilité

Le festival organisé par l’association Images en Bibliothèque place en son cœur l’accessibilité de tous et toutes au film documentaire. Aussi le festival envahit-il certes des écrans de cinéma, mais aussi des bibliothèques, des établissements scolaires ou des structures relevant du champ social. Avec une attention particulière, on l’aura compris, à la question des malvoyants, qui s’incarne, outre cette soirée particulière, dans des ateliers d’initiation à l’audiodescription un peu partout en France.

On ne saurait, de nos jours, parler d’accessibilité sans se poser la question des spectateurs “en région” : les soirées de lancement hors Paris s’étendent du 10 octobre pour l’Occitanie au 6 novembre pour Auvergne-Rhône-Alpes.

Visuel : affiche du festival 

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Julia Wahl
Passionnée de cinéma et de théâtre depuis toujours, Julia Wahl est critique pour les magazines Format court et Toute la culture. Elle parcourt volontiers la France à la recherche de pépites insoupçonnées et, quand il lui reste un peu de temps, lit et écrit des romans aux personnages improbables. Photo : Marie-Pauline Mollaret

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