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Rencontre avec Audrey Estrougo et Benjamin Siksou pour la sortie du Dvd de Toi, Moi, Les autres

Rencontre avec Audrey Estrougo et Benjamin Siksou pour la sortie du Dvd de Toi, Moi, Les autres

24 August 2011 | PAR Yaël Hirsch

Comédie musicale avec des belles chorégraphies et une BO connue de tous (Claude François, M, Téléphone …),  “Toi, Moi, Les autres” est signé par la jeune et talentueuse Audrey Estrougo. Benjamin Siksou y incarne un jeune bourgeois désinvolte marié à la sophistiquée Cécile Cassel, et qui s’éprend lors d’un détour vers le nord de Paris, de la belle et naturelle Leïla Bekhti. Un West Side Story métissé, qui sort le 1ier septembre en dvd et Blu-Ray chez Wilde Side. A cette occasion, la réalisatrice et le jeune comédien et chanteur nous ont reçu pour parler du film. Rencontre.

Pourquoi avez vous choisi de traiter un thème politique fort, l’expulsion des immigrés clandestins, à travers  une comédie musicale?

Audrey Estrougo :  Mes producteurs m’ont proposé de faire une vraie comédie musicale à l’américaine. Au début, je n’étais pas vraiment emballée. A moins de dire à ma manière des choses importantes à travers cette forme exigeante. J’ai commencé à visionner des grandes classiques du genre, pour en comprendre les codes et quels aspects je pouvais transgresser, quels autres aspects je devais garder. Et j’ai réalisé que  les plus grandes comédies musicales sont engagées, Chez Bob Fosse ou évidemment dans West Side Story, la discours politique est très important. J’ai décidé de faire une vraie belle comédie musicale qui s’assume et comme ça ne m’intéresse pas de faire des films qui ne défendent rien, j’ai commencé à travailler sur le scenario avec une idée précise : toucher un vaste public à travers une comédie musicale qui soit à la hauteur en termes de chorégraphie, musique, et jeu d’acteur. Le challenge était passionnant. Et de fait, l’aspect musique et danse rend les sujets plus abordables pour le grand public, mais ce n’est pas parce qu’on enlevé du sérieux et du compliqué à une œuvre qu’on lui enlève sa force. L’idée c’était de faire un film ralliant le plus grand public possible et de toucher ce dernier avec un thème politique important aujourd’hui. En prenant des chansons qui font partie du patrimoine et que tout le monde connaît.  C’est pour cela que j’ai choisi des chansons des années 1906 au début des années 1980 (sauf M). En écoutant Radio Nostalgie, j’ai remarqué que c’était ce répertoire qui rassemblait toutes les générations, j’ai écouté des milliers d’albums en médiathèque, j’ai fait de longues playlists, et j’ai même demandé à ma mère de me dire quelles chansons elle ne connaissait pas dans ces listes que l’établissait. Comme ça,je savais exactement quoi éliminer. J’ai ensuite choisi les chansons en fonction des thèmes du film pour qu’ils fassent avancer l’histoire…

Comment le public a-t-il reçu ce film?

Benjami Siksou : Nous avons fait une tournée d’un mois et demie en province . Les gens étaient très touchés, toutes catégories d’âge confondues.

AE : Beaucoup ignoraient ce qu’était réellement un sans-papier, qu’il n’avait pas commis de crime a été une découverte pour eux grâce au film. C’était important pour moi de leur permettre d’identifier cette problématique. Après la sortie, le film a bien marché en Province, un peu moins bien à Paris où 20 films sortent par semaine, et où c’est vraiment une jungle.

Quelle est la plus jolie réaction de vos spectateurs?

AE : Une femme est venue pour me dire que “Toi, Moi, Les autres”devrait être remboursé par la sécurité sociale, tellement le film fait du bien au moral.

BS : Oui, je crois vraiment que c’était un des plus jolis compliments.

Comment avez-vous choisi vos acteurs?

AE : L’idée de faire tourner Leïla Bekhti est venu dès le moment d’écriture du scénario. Cécile Cassel l’a très vite rejointe. J’avais besoin de visualiser les deux personnages féminins avant de choisir le héros. Benjamin Siksou est arrivé par des voies plus conventionnelles : le casting.

BS: Oui, et Leïla et Cécile étaient également présentes. Je n’avais pas encore lu le scénario quand je suis arrivé pour le casting, mais j’avais vu le premier film d’Audrey, “Regarde-moi”. J’ai ai été impressionné par ce film à la fois plein de fougue et parfaitement maîtrisé. J’avais donc très envie de travailler avec Audrey. La comédie musicale c’était un peu la cerise sur le gâteau.

Était-il facile de se glisser dans la peau d’un jeune premier bourgeois?

Bs : Bien que je ne me sente pas spécialement proche de ce personnage dans la vie – je suis moins désinvolte et plus travailleur- Audrey m’a vite fait comprendre qu’il fallait le ramener à moi. J’ai vite abandonné les tics ou les mimiques d’acteur que je voulais attribuer au caractère pour trouver son identité au fond de moi. Et pour cela il fallait être juste par rapport aux émotions du personnage tel qu’il évolue dans le film.

Comment  dirigiez-vous vos acteurs sur le tournage? Notamment pour certaines scènes extrêmement précises dans les chorégraphies et le jeu du regard comme le duo amoureux sur le toit?

AE : Il y a eu 6 mois de répétitions avant le tournage qui lui a eu lieu extrêmement rapidement. Comme toujours j’ai fait travailler mes acteurs sur les interrelations de leurs personnages, plus que sur le texte.  Par exemple, comme le personnage de Benjamin rencontre Leïla et qu’il ne la connaît pas, ils ont très peu répété ensemble. Et bien sûr, nous avons travaillé les aspects techniques notamment la danse.

BS : J’ai beaucoup plus répété avec Cécile qu’avec Leïla, alors que j’avais plus de scènes avec Leïla! Pour la scène sur le toit, nous l’avons tournée en deux nuits sur un parking. La première nuit, avec les conditions métrologiques, rien n’a marché. mais le deuxième soir, Audrey a presque tout mis dans la boîte en un long plan-séquence.

Quel est votre meilleur souvenir du tournage?

BS : La présence des danseurs sur le plateau. Ils nous ont transmis une énergie folle.

AE : La scène “J’aurais rêvé d’un autre monde” (celle où une des amies de Leïla est au poste de police et en passe de se faire renvoyer dans son pays comme immigré clandestine, NDLR). C’était une longue scène triste ou tout le monde pleurait, et d’une très grande intensité.

Quels sont vos prochains projets?

BS : Le nouvel album, et toute une série de concerts live depuis cet été, notamment au Duc des Lombards le 21 septembre prochain.

AE : J’écris un nouveau scénario sur l’univers carcéral, et notamment féminin, sujet qui n’a pas été traité. Je passe beaucoup de temps à Fleury-Mérogis, et je peux déjà vous dire que ce film sera avec… Benjamin Siksou.

Pour une autre critique du film lors de sa sortie à l’écran le 23 février dernier, c’est ici.

“Toi, Moi, Les autres”, de Audrey Estrougo, avec  Leïla Bekhti, Benjamin Siksou, Cécile Cassel, Marie-Sohna Condé, France, 2010, 1h24,  sortie dvd et Blu-Ray chez Wilde Side le 1ier septembre 2011.

Bonys : Making off (26 min Dvd/ 52 min Blu Ray), Les chorégraphies, Bandes-Annonces.

 

Portrait Audrey Estrougo © Patrice Ricotta

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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