Essais
“Ils vécurent heureux et n’eurent pas d’enfants”, avoir le choix de ne pas enfanter

“Ils vécurent heureux et n’eurent pas d’enfants”, avoir le choix de ne pas enfanter

09 February 2019 | PAR Marine Stisi

Les Editions Kero publient Ils vécurent heureux et n’eurent pas d’enfants, ouvrage dirigé par l’autrice et journaliste californienne Meghan Daum et traduit par Julia Kerninon constitué de seize nouvelles qui détruisent tous les clichés attribués d’ordinaire aux hommes et surtout aux femmes qui n’ont pas désirés d’enfants, en donnant la parole justement aux principaux concernés. 

Ils sont seize, seize autrices et auteurs qui ont fait le choix de ne pas avoir d’enfants. Ils ne le regrettent pas. Pour la plupart, ils se sont posé la question. Certaines autrices sont même déjà tombées enceintes, avant de se faire avorter ou de perdre l’enfant. Certaines l’avaient voulu, certaines auraient voulu le vouloir. Pour d’autres, ça a toujours été très clair. Non, jamais. Pas de modèles type ainsi dans cet ouvrage qui confronte véritablement la question, sans jugement, sans préjugé. Ne pas avoir d’enfants, ne pas en vouloir, est une réalité qui mérite d’être entendue, respectée et certainement pas contredite à tout bout de champs.

« Tu verras, tu changeras d’avis ».

« Quand tu regarderas dans les yeux de ton bébé, m’a dit un jour mon amie Sarah, cela deviendra ton Tibet ».

Elles sont nombreuses, ces phrases, retranscrites par tous les auteurs et autrices de ces nouvelles, ces petites phrases qu’ils ont entendues pour leur prouver qu’ils le regretteront sans doute et qu’ils changeront d’avis. Car avoir enfant, c’est naturel. Car une femme qui n’a pas d’enfants, forcément, est incomplète. Elle n’est pas réellement femme tant qu’elle n’a pas donné la vie. Et pourtant.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, il n’est toujours pas aisé, en 2019, d’assumer le désir de ne pas avoir d’enfants. La société l’accepte toujours assez mal, juge une femme qui souhaiterait ne s’occuper que d’elle-même, sans sacrifice ni compromis. Il n’y a pas si longtemps que la presse parle de ceux-là, les childfree. Pourtant, ils sont très nombreux, ces couples, a avoir pris la décision, pour de multiples raisons, de rester comme ils sont, ne pas être les parents de qui que ce soit. Certains adorent les enfants, sont des tontons et tatas fabuleux. D’autres n’aiment pas les enfants en effet, et alors ?

De ces seize nouvelles, la journaliste Mona Chollet dit qu’elles élèvent cruellement le débat. C’est absolument vrai et peut-être d’ailleurs qu’elles ouvrent le débat tout court, puisque d’habitude, la parole n’est jamais donné aux principaux intéressés. Ici, il y 300 pages accordées à la question. Si c’est parfois assez inégal, ça fait du bien, enfin, de lire que le choix est une réalité. Et qu’il y a du monde pour défendre cette idée là. La question de la liberté, toujours. 

Ils vécurent heureux et n’eurent pas d’enfants, ouvrage digiré par Meghan Daum, Editions Kero, 270 pages, 18€.

Date de publication : 16/01/2019

Visuel : ©DR  

« La Ronde » et « Le Temps des Collections » ou le musée comme terrain de jeu
[BERLINALE] “Systemsprenger” de Nora Fingscheidt, film d’une beauté explosive
Avatar photo
Marine Stisi
30% théâtre, 30% bouquins, 30% girl power et 10% petits chatons mignons qui tombent d'une table sans jamais se faire mal. Je n'aime pas faire la cuisine, mais j'aime bien manger.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration