Chronique de Cannes : où sont les stars ?
Vous connaissez ces jours tristes où la pluie bat les fenêtres de votre salle à manger ? Personnellement, je trouve ça triste. La seule solution, c’est prendre une cigarette et allumer la télévision. Pour le clap de début du Festival, j’espérais admirer les nombreuses vedettes, diamants au cou, arpentant les longues marches rouges et or. Point de stars. Ni Brad Pitt ni Pénélope Cruz, mais Shu Qi, sourire en coin, membre éminent du jury que personne ne semblait connaître. La simple soirée d’ouverture n’a attiré que Charlotte Gainsbourg ou Claude Lelouch, fastes d’une soirée aussi morose que le temps cannois. J’ai le sentiment que nous sommes à l’orée d’une quinzaine insolite. Rassurons-nous, l’ambiance « Cannes est une fête » renaît aujourd’hui, avec la projection provocante et polémique de « Nuit d’ivresse printanière », sulfureux récit d’un tabou passionnel chinois : l’homosexualité. Film à l’image de Cannes, qui navigue entre pénombre et lumière, se risquant aux foudres de la censure et des excès langoureux. Il incarne la noirceur du Festival, se partageant entre nuit d’ivresse en boite de nuits et critiques acerbes du jury. Excès ? La candeur de Simone Silva, arborant ses seins nus sur la plage (avant d’être écartée des mondanités cinématographiques) ou les éclats hystériques de Roberto Begnigni. A bout de souffle, le cinéma est-il en crise, alors qu’il célèbre le cinquantenaire d’une nouvelle vague contestataire ? Les lèvres d’Isabelle Huppert se tordent et aucune ride n’apparait sur son visage, car elle aime toujours autant les films sans oser les juger. Le ton est donné avec élégance. Cannes, c’était vraiment mieux avant ?
Jérémy Collado