Non classé
« Famille de démons que ces Borgia ! » A l’occasion de la série diffusée sur Canal Plus, (re)découvrez le flamboyant roman Les Borgia de Klabund.

« Famille de démons que ces Borgia ! » A l’occasion de la série diffusée sur Canal Plus, (re)découvrez le flamboyant roman Les Borgia de Klabund.

11 November 2011 | PAR Elodie Rustant

La série Borgia diffusée par Canal Plus touche à sa fin ! Que va-t-il advenir des membres du sanguinaire clan ? La série désormais culte de la chaîne cryptée nous a dépeint à grands coups de supplice de la roue, trahisons et autres viols la sympathique ambiance qui régnait sur l’Italie, et plus précisément sur le Vatican au XVe siècle.

Pas facile de résumer en une saison de douze épisodes les longues années de cette dynastie dont la sulfureuse réputation est largement exagérée par le mythe qui s’est formé autour d’elle.

Réalisée par l’Américain Tom Fontana, la série possède tous les attributs d’une superproduction (coût total : 25 millions d’euros), ce qui est malheureusement souvent gênant pour la crédibilité de l’histoire. Décors somptueux, costumes rutilants, lumière étudiée, la reproduction de l’Italie du pape Alexandre VI est trop clinquante et sophistiquée.

Autre problème, à Rome on parle italien normalement non ? Entendre les cardinaux vociférer en anglais, franchement c’est dérangeant. En VF, on relève également quelques incongruités langagières : « Ouvre cette putain de porte !» vocifère la belle Giulia Farnese lorsque le pape ne se montre pas assez coopératif à son goût. Quant à Juan Borgia (le ténébreux Stanley Weber), il lance un « va te faire foutre » à son César de frère… mouais. Pourquoi pas « casses-toi pauv’ con » à Charles VIII aussi ?

Mention spéciale au casting judicieusement choisi. Mark Ryder campe un Cesare Borgia convaincant et sexy en diable frôlant souvent la schizophrénie. Le fils de Rodrigue Borgia s’est rendu tristement célèbre par ses meurtres en pagaille et son ambition démesurée. Quant à l’Allemande Isolda Dychauk incarnant une Lucrezia plus illuminée que vénéneuse, sa longue chevelure miel et son teint laiteux rappellent les portraits féminins des grands maîtres florentins.
Si vous n’êtes toujours pas repu de ce savant cocktail de violence, luxure, complots et église corrompue, lancez-vous dans l’excellent roman de Klabund Les Borgia que les éditions Max Milo ont eu la judicieuse idée de rééditer.
A travers une écriture saccadée et nerveuse, l’écrivain allemand nous brosse un terrible portrait de la sombre famille. La construction très cinématographique de l’ouvrage offre une vision à la fois intime et historique des personnages. Grande et petite histoire se mêlent pour laisser place à une narration haletante dans laquelle la décadence et la poésie sont inextricablement liées.

La justesse du ton nous dépeint alors bien plus cruellement les vices des personnages que ne le feraient toutes les pires scènes de castration filmées en gros plan.

« Voyons Julia, ne fais pas la sotte et reste ici. Qu’est-ce que cela veut dire quitter notre service ? T’imagines-tu que tu retournerais vivante au Piémont ? C’est que tu nous connais mal. Tu en sais trop sur notre compte, Julia, pour ne pas pouvoir devenir dangereuse auprès de nos ennemis. Son excellence César Borgia et Sa Sainteté, qui est assise à la table là-bas, ne te laisseraient pas aller bien loin. Au premier pont du Tibre, il t’arriverait un regrettable accident – sais-tu nager ? Sûrement pas. Reste avec moi, Julia. C’est un conseil que je te donne. Je te traite mal, mais je te laisse au moins vivre. Et même je t’aime bien. C’est parce que je t’aime bien qu’il faut que je te tourmente. Mais pour pouvoir te tourmenter, il faut que je te garde en vie. Ne pleure pas Julia (…) »

« Nous les Borgia devrions rester complètement entre nous. Nous devrions aussi n’avoir d’enfants que de nous-mêmes, des Borgia, toujours des Borgia. Aucune goutte de sang étranger ne devrait se mêler au nôtre. »
Klabund, Les Borgia, trad. Pierre Deshusses, Max Milo, 252 p., 2011, 16 euros.

Le cheval de Turin : pour son ultime opus, Béla Tarr ne transige pas
La Troade mise en scène par Valérie Dréville: une déclamation dansée
Elodie Rustant

2 thoughts on “« Famille de démons que ces Borgia ! » A l’occasion de la série diffusée sur Canal Plus, (re)découvrez le flamboyant roman Les Borgia de Klabund.”

Commentaire(s)

  • Cesare de Borja

    Depuis des siècles, le nom des Borgia a été traîné dans la boue et aujourd’hui il est synonyme de vices, de meurtres et de complots. Et si réalité était autre? J’en ai marre que tout le monde croit que c’est une famille de démons, il ne faut pas oublier qu’ils étaient espagnols et que toute l’Italie les détestait. Toutes ces histoires d’empoisonnement, de meurtres j’y crois pas trop,elles sont pour a plupart basées sur des rumeurs, des calomnies, des sarcasmes et rien d’autre. Rien n’est prouvé, on ne connait même pas la date de naissance de Cesare jusqu’à maintenant alors…côté vérité historique personne ne peut réellement prouver ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Et si par malheur il y aurait vraiment eu des meurtres, c’est pas grave, les Borgia n’ont fait que se défendre. On devrait faire une autre série qui aurait une approche moins “démoniaque” vis à vis des Borgia. C’est vrai quoi on a vraiment l’impression qu’on a juste calqué la série sur un ramassis de conneries non fondées. Pour ma part, je préfère nettement The Borgias à Borgia.

    November 23, 2011 at 14 h 25 min

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration