Musique
[Live report] YANIS, Naâman, Flume et DJ Snake aux Solidays

[Live report] YANIS, Naâman, Flume et DJ Snake aux Solidays

25 June 2016 | PAR Aurelien Bouron

Les Solidays sous le thème de Summer of Love sont lancés le vendredi 24 juin. Jusqu’à dimanche, c’est donc un festival de tolérence, de musique, de partage, d’amour de soi et des autres qui occupe l’Hippodrome de Longchamp.

C’est expliqué chaque année, mais c’est vrai que Les Solidays, organisé par Solidarité Sida, n’est pas un festival comme les autres. La musique, bien qu’essentielle au festival, n’est pas le seul élément important, loin de là. Des expositions sont sources d’émotions fortes comme Résistances de Reza. D’autres font sourire tel que Happy Sex de Zep, le créateur de titeuf, où à travers des dessins et des dialogues explicites, il efface les tabous qui tournent autour de sexualité. La lutte contre le sida est bien évidemment au centre de l’événement. Donc oui nous allons parler musique dans cet article, mais il ne faut pas oublier que cette ambiance générale participe à celle des concerts.

YANIS et son electro pop envoûtant

Envoûtant… c’est le bon mot pour décrire ce musicien à la voix mordante mais profonde. A l’image de ce timbre vocal, sa musique est tout sauf simple et se base sur le contraste. Le rythme est dansant et affirmé, la mélodie est douce et hypnotisante. Des basses a en faire vibrer le sol nous pousse à bouger la tête, des synthés placés à la perfection nous soulèvent les jambes.

Il est 17h30, premier jour des Solidays, et on imagine tous la difficulté de démarrer, de faire bouger les foules et de les motiver. Seulement, sous ce chapiteau qui nous couvre d’un soleil radieux, les cris et les mains levées se laissent remarquer. Sa recette ne semble pas compliquée, un micro qui s’illume, un musicien de chaque côté et lui au centre, qui n’impose pas physiquement et pourtant… Sa joie d’être sur scène occupe cette dernière entièrement, « Je suis tellement heureux d’être là » s’exclame-t-il à plusieurs reprises. Ainsi, sourire sur le visage, il descend et s’enivre du public conquis.

Yanis a donné le ton de ces Solidays et il le résume très bien, « rapprochez-vous, donnez de l’amour, on en a bien besoin en ce moment ».

Naâman et sa joie de vivre

Si vous êtes grincheux et que vous êtes aux Solidays, soit vous vous êtes trompé de festival, soit vous avez trouvé le vaccin parfait contre la mauvaise humeur. Naâman n’est certainement pas celui qui va changer cela avec son reggae qui se reflète dans le soleil flottant au dessus du festival.

Ce musicien français attire un public jeune qui est le premier présent sur les lieux du concert. Mais la rythmique de la guitare, simple et efficace, séduit très rapidement ceux qui ne connaissaient pas. La voix de Naâman est claire, simple, et transpire la joie de vivre. Son flow semble venu de ces endroits paradisiaques où les vagues s’abattent sur un sable fin. Sa principale qualité, et qui est probablement l’une des plus importantes, est qu’il est très communicatif. Il entame un véritable dialogue avec son public où les notes, la danse, la mélodie remplacent les mots.

L’ambiance est décontractée, bon enfant, mais agitée par les instructions que le chanteur et sa bande donnent au public. Sauter, faire tourner son t shirt au dessus de la tête… le public se prête au jeu, c’est signe que ça marche non?

Flume ou comment communiquer le plaisir

Flume… oh Flume, tu nous avais pourtant prévenu dans une interview Toute La Culture, que tu aimais rendre tes concerts spectaculaires : « Je peux donc faire des choses de malade que peu de personnes dans le monde feraient ». Même avec toutes ces informations, c’est une grosse, violente mais magnifique claque que le public des Solidays s’est prise. Tu avais une heure pour nous convaincre, 30 secondes étaient suffisantes.

Les spectateurs s’entassent tout devant car ils savent que ce concert va être un véritable show visuel et auditif. L’artiste commence avec son titre le plus connu, Holdin On. Après l’immobilité et l’impatience du public, la foule ressemble tout d’un coup à un océan en pleine tempête, alimenté par la musique et une bonne dose d’endorphine.

Il est malin ce Flume. Commencer avec les vieux sons est une recette qui marche parfaitement, les gens chantent en cœur et hésitent entre une danse endiablée pour profiter de ce qu’ils entendent ou regarder devant eux pour profiter de ce qu’ils voient.

Si Flume a un don, c’est bien celui de placer le « drop » au bon moment… il lit le public, et ne va pas forcément lui donner ce qu’il veut, au moment où il le veut. Il fait monter l’attente, la frustration, l’envie et… boom. Helix, la première chanson de son album en est le parfait exemple, et au moment où le son se lâche enfin, attention à vos pieds car il se pourrait bien que tout le monde se mette à sauter dans tous les sens.

Un véritable jeu de lumière s’exprime sur la scène. Des cubes de néons couronnent ce théâtre, des vidéos colorées, sombres, étranges sont diffusées derrière le musicien. Bref la scène est comme il le voulait, naturelle, mais géométrique, vraie, mais extraterrestre. Il fend les cinq hectares des Solidays à la manière de Tove Lo et Little Dragon, avec leurs voix incisives et envoûtantes.

Flume n’a pas besoin d’un jeu de scène très développé, sa musique est suffisante, mais il décide tout de même de s’exposer, de composer en mouvement, de passer devant ses platines pour profiter et danser en rythme avec le public dont il est devenu le metteur en scène. Vous voulez une astuce pour savoir si un concert marche ? Essayez de prendre une photographie, si c’est presque impossible d’éviter d’avoir des mains levées dans le cadre, c’est que ça marche.

DJ Snake, la bête de scène 

Il est 1h, et on bascule dans la dernière partie de soirée et ça se ressent au style de musique. Plus hard, qui cherche à envoyer des basses au détriment du reste. Voilà comment se décrirait le concert de DJ Snake.

Les gens dansent, sautent même. Cette transpiration qui couvre à peu près tout le monde, prouve bien que les sons de DJ Snake marchent. Mais on s’est éloigné de Flume et sa qualité sonore, nous ne sommes plus avec Naâman et son don à faire bouger les gens, ou bien avec Yanis qui nous transporte. Des grosses basses, quelques reprises de musiques connues dont les modifications sont si minimes qu’on pourrait penser que c’est l’original. Non DJ snake ne s’est pas tué à la tâche, mais que pourrions nous lui reprocher si son objectif est d’enflammer les Solidays, de faire sauter de manière frénétique un public dont la fatigue, bien que présente, ne s’aperçoit pas ?

Avec ses effets de lumières, ses flammes qui jaillissent de sa scène, non il ne passe pas le test musical, mais oui il passe le test de chauffeur de foules, de surexcité de la scène, et soyons honnête, on aime beaucoup.

Visuels: Solidays – Concert de Yanis (AB©) – Concert de Naâman (AB©) – Concert de Flume (AB©)

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Aurelien Bouron

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