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[Interview] Flume : “Avec “Skin”, je voulais que la musique sonne venue d’ailleurs et avec une âme”

[Interview] Flume : “Avec “Skin”, je voulais que la musique sonne venue d’ailleurs et avec une âme”

24 June 2016 | PAR Aurelien Bouron

Flume, le jeune artiste australien qui s’est fait connaître il y a quelques années avec des sons comme Holdin On ou des collaborations avec Chet Faker, sera aux Solidays ce soir, vendredi 24 juin, avec un nouvel album pour faire bouger les spectateurs. Skin, sorti en mai dernier rassemble des artistes du monde entier avec des ambiances et des couleurs au contraste surprenant. Toute La Culture a interviewé Flume pour en savoir plus. 

La musique électronique a une place particulièrement importante en Australie, est-ce que c’est cela qui vous a influencé, ou est-ce plus global ?

J’ai bien sûr été influencé par la scène Australienne mais surtout par internet, Soundcloud, et aussi par la scène L.A Beat, comme Flying Lotus (Un mouvement musical de Californie qui mélange électro et hip hop). C’est un peu ce qui a démarré le projet Flume. Je voulais vraiment mélanger le hip hop et la dance music.

C’est pour cela que vous avez travaillé avec plusieurs rappeurs sur votre nouvel album « skin » ?

Exactement, et j’ai accès à des artistes dont je n’avais pas accès avant. Le succès de mon premier album m’a ouvert beaucoup de portes.

D’ailleurs, sur votre premier album, vous avez beaucoup collaboré avec des musiciens australiens, alors que sur celui-ci, il y a des américains, des canadiens, des suédois, vous avez voulu être plus international au niveau musical ?

Déjà, au début je n’étais pas très connu donc je suis resté local. Mais tout ça m’a aidé a connaître et rencontrer d’autres personnes, comme Little Dragon, j’ai toujours été un vrai fan du groupe et de la chanteuse. On s’est rencontré à Sydney, on a joué ensemble, on a essayé des choses, et c’était cool.

La voix de la chanteuse était inhabituelle et très belle, avec un côté étrange qui la rend très unique. Quand vous entendez une chanson de Little Dragon, vous savez instantanément que c’est eux.

C’est donc de cette manière que vous choisissez avec qui vous travaillez ?

Oui, ça en fait partie, mais j’aime aussi travailler avec des gens qui ont un sens de la mélodie intéressant, comme Tove Lo par exemple. Prenez AlunaGeorge, j’adore son timbre de voix, ce n’est pas plastique, mais elle fend la musique avec cette voix d’une manière qui va très bien avec ce que je fais. C’est presque extraterrestre, et c’est ça que je recherche.

Vous recherchiez une ambiance particulière pour cet album ?

J’ai eu besoin de beaucoup de temps avant de savoir ce que je voulais. J’avais envie de croiser la musique pop et expérimentale. J’aime beaucoup l’univers d’Arca qui a travaillé avec FKA Twigs, et qui lie une musique électronique sombre avec des voix très brillantes, un peu comme SOPHIE qui m’a beaucoup inspiré.

On dirait que vous avez eu du mal à commencer l’écriture de cet album, vous avez rencontré des difficultés ?

Oui, il y a eu plusieurs moments difficiles pour moi. D’abord, il y avait la pression du premier album qui avait plutôt bien marché, et je sentais que les gens espéraient des choses de moi et de ma musique. J’avais aussi des attentes vis-à-vis de moi-même, j’ai placé la barre assez haute car je voulais faire quelque chose de qualité. Je ne pouvais pas juste écrire ce que je voulais et n’importe quoi, et c’est très difficile de se sentir en sécurité et créatif dans ce contexte. Donc j’ai commencé la méditation et c’était génial. Ça m’a aidé à arrêter d’accorder de l’importance à ce qu’on pense de moi. Aussi, passer 6 jours par semaine au studio et travailler, travailler, travailler, ça ne marche pas pour moi. Donc je ne me forçais pas à y aller, car si je me force et je ne crée rien, c’est un réel échec pour moi.

Quand je me sentais coincé dans ma créativité, je montais dans un avion et je partais seul dans un autre pays.

Quel pays par exemple ?

J’étais à Los Angeles et je n’arrivais à rien donc je me suis barré, je suis allé au Mexique dans une ville au bord de la plage. J’ai surfé et j’ai écrit. Et c’est à ce moment-là que j’ai écrit la première musique de l’album, Helix.

Une chose similaire s’est passée avec la chanson Free. J’étais chez moi, ma créativité bloquée, donc je suis allé en Tasmanie, complètement au sud de l’Australie, et je suis allé dans un chalet dans la forêt. Là j’ai pu me promener dans la nature et j’ai réussi à écrire cette chanson.

Donc cet album a été ponctué de voyages, de méditations, d’introspection ?

Exactement, et je pense que c’est pour ça que sur cet album, il y a des moments intenses, calmes, et que cela ne reste pas au même niveau. Ca dépendait de mon état d’esprit du moment. Je me suis senti très heureux, puis frustré, et plein d’autres émotions, donc tout cela a eu un réel impact sur ma musique.

C’est pour cela que vous avez appelé votre album « Skin » ? (Qui signifie peau) Car ça sonne très personnel comme nom d’album !

Oui, je ne me sentais pas dans ma propre peau de temps en temps, je ne me sentais pas moi-même, mais la réelle raison que je trouve la peau est quelque chose de bizarre, presque extraterrestre, mais c’est aussi vivant, naturel et intime. Avec Skin, je voulais que la musique sonne comme ça, étrange, unique, venue d’ailleurs, mais qui a une âme, qui est vivante.

C’est drôle car vous décrivez le nom de l’album et les artistes avec qui vous avez collaboré de la même manière. Extraterrestre, bizarre, unique…

Ah effectivement ! Et bien c’est exactement le but de tout cela, c’est pour ça que la couverture de l’album est comme ça : Une fleur qui est naturelle mais qui pousse d’une manière étrange, en changeant de couleurs, mais ça reste une beauté naturelle qui vient de tout ce contraste. J’aime donc mélanger les sons naturels et synthétiques.

Vos concerts sont toujours de véritables performances spectaculaires, c’est important pour vous d’avoir des concerts de qualité ?

Oui, à 100% ! C’est aussi important que la musique pour moi. C’est LE moment où vous pouvez partager ce que vous faites avec les gens qui aiment votre musique et qui vous supportent. Donc c’est important de leur faire passer un bon moment, qu’ils aient une belle expérience et pas juste vouloir prendre leur argent. D’ailleurs je préfère dépenser de l’argent pour rendre le concert plus spectaculaire, car déjà ils reviennent si vous faites ça, mais c’est aussi super fun de créer un théâtre autour de la musique. C’est une autre manière d’exprimer ma musique.

Maintenant que je gagne en notoriété, il y a plus d’argent pour pouvoir faire mes concerts, donc plus de possibilités. Je peux donc faire des choses de malade que peu de personnes dans le monde feraient. Dans mes concerts maintenant, il y a ce genre de bureau avec des illusions d’optique et un miroir infini avec des LEDs, puis plein de choses suspendues au-dessus de moi et plein d’autres choses. Donc je suis très content de tout cela.

Vous avez un autre artiste en tête, avec qui vous aimeriez travailler dans le futur ?

J’aimerais vraiment travailler avec Damon Albam des Gorillaz. J’adore ce groupe, et ça fait partie de mes influences. C’est quelqu’un de très créatif avec un univers musical unique, et j’aime beaucoup sa manière d’utiliser les nouvelles technologies et la voix.

Vous êtes l’une des têtes d’affiche des Solidays, à Paris, ça vous fait quoi de jouer là-bas ?

Jouer à Paris est génial et ça va être un super événement, d’autant plus que ce n’est pas un festival comme les autres. C’est génial qu’il soit vraiment tourné vers les gens et la société.

Visuels: Cybele Malinowski ©

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Aurelien Bouron

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