“Zizi cabane” : livre doudou de la rentrée
Traiter de la disparition avec grâce et poésie ? Tel est le génie de Bérangère Cournut.
Voilà déjà depuis plus de 10 ans que Bérangère Cournut explore des contrées oniriques. Des territoires fictionnels où l’eau se mêle à la terre, des plateaux arides où la poésie se pique à la froideur de la disparition, des paysages littéraires où la fable chante aux côtés du genre épistolaire. Avec Zizi cabane, l’auteure de De pierre et d’os poursuit son épopée singulière et parvient, une nouvelle fois, à associer le quotidien à la quête d’une vision alternative du monde.
Au cœur de son nouveau roman ? Un père et ses trois enfants contraints de trouver un nouvel équilibre. Car Odile, la femme du premier, la mère des trois autres, a disparu. Comme leur maison titillée au sous-sol par une source, la famille prend l’eau de toute part, boit la tasse et ce, malgré l’aide de tante Jeanne ou de Marcel Tremble, faux grand-père surgi de nulle part. D’un chapitre à l’autre, ces êtres abandonnés prennent tour à tour la parole et tentent, chacun à leur manière, de continuer malgré tout à avancer. Ainsi, Béguin, l’aîné, fugue dans le pré d’à côté. Zizi et Chiffon partent en exploration. Leur père Ferment s’improvise quant à lui sourcier et fait pousser toutes sortes de plantes dans les entrailles de leur ancienne maison.
Mais, s’ils noient leur chagrin sans jamais se noyer eux-mêmes c’est parce que, de part et d’autre de l’histoire, Odile veille sur eux. Elle est le vent et, au travers d’intermèdes poétiques délicieux, les emporte tous plus loin encore. Là où le chagrin et la mort ne sont plus rien. Là où Bérangère Cournut dessine les contours de son univers. Car Zizi cabane n’est pas simplement un roman intime et lumineux. Il appartient au cercle très fermé des livres qui vous marquent du sceau de la beauté des fables. Sans doute l’un des livres les plus invraisemblables, et donc les plus vrais et les plus forts, de la rentrée.
Bérangère Cournut, Zizi cabane, Paris, La Tripode, sortie le 18 août 2022, 240 p., 18 euros.
Visuel : couverture du livre par Astrid Jourdain