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« Venise, aller simple » d’Alain Veinstein : la solitude poétique

« Venise, aller simple » d’Alain Veinstein : la solitude poétique

26 January 2016 | PAR Marine Stisi

Dans Venise, aller simple, son nouveau roman publié au Seuil, Alain Veinstein, homme de radio, revient sur la mise à l’écart de son intervieweur, personnage crée pour un roman en 2002. Comment, après avoir vécu une vie tumultueuse et passionnante, gère-t-on l’arrêt de son activité principale ?

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« Depuis que j’ai arrêté la radio, je suis comme un cul-de-jatte qui ignore sur quel pied danser. Je fais les cent pas sur le pont de Grenelle sans me résoudre à traverser l’avenue du Président Kennedy. »

L’interwieveur n’est plus. Trop vieux, peut-être, ou plus assez intéressant, on ne sait pas vraiment. En tout cas, une chose est sûre : ce n’est plus sa voix qui rythmera désormais les nuits de la radio, ce ne sont plus ses critiques littéraires qui feront le bonheur des auditeurs nocturnes.

Comment se relever de cela ? Comment combler le manque, pour l’intervieweur (qui se mélange, non sans ironie, avec le vrai parcours d’Alain Veinstein) ? L’homme erre dans un Paris froid, calme, humide et silencieux. Il tente la compagnie des femmes, ces femmes qui, en un coup d’œil, le font fantasmer une vie à deux, complice et intime.

La réponse à ces questions, à ces ennuis, se trouverait-elle alors ailleurs ? Est-ce en fuyant les problèmes que l’homme parviendra à les oublier ? Venise, la belle Venise. Il y pense, tente de s’y échapper, mais pourtant, rien ne vient.

Les jours passent et ils sont sombres, isolés, noirs. Ils se succèdent en n’ayant de but véritable, si ce n’est cette obsession de s’en trouver un. « Depuis qu’il a arrêté la radio », le narrateur nage dans un océan de solitude silencieux, à la recherche d’un corps qui pourrait le sauver, et l’accompagner.

Entre récits nocturnes et poésie, souvenirs et espérances, Alain Veinstein offre une suite finalement très triste à son interwieveur. Le ton est lent, mélancolique, pour accompagner un homme qui voit sa vie décliner, ses buts, s’amoindrir.

Alain Veinstein, Venise, aller simple, Seuil, 286 pages, 19€.

Visuel : (c) DR

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Marine Stisi
30% théâtre, 30% bouquins, 30% girl power et 10% petits chatons mignons qui tombent d'une table sans jamais se faire mal. Je n'aime pas faire la cuisine, mais j'aime bien manger.

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