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Une partie de chasse : Agnès Desarthe illustre avec humour et poésie que Toucher n’est pas jouer

29 July 2012 | PAR Yaël Hirsch

Auteure jeunesse prolifique et Prix du Livre Inter pour “Un secret sans importance”, Agnès Desarthe continue de filer la métaphore des effets de l’enfance. Après avoir mis le rassurant Jérôme au centre de “Dans la nuit brune” en 2010 (voir notre critique), elle propose en cette rentrée 2012 – et toujours à l’Olivier- l’éducation virile tardive d’un jeune-homme grandi trop vite. Drôle et toujours profond. En librairie le 23 août 2012.

Emma, la jolie femme de Tristan l’encourage à participer à une partie de chasse bien trop virile pour cet ami des bêtes. Selon elle, c’est le seule moyen à disposition de son cher et timide époux pour que ces deux nouveaux venus parviennent à vraiment s’intégrer dans le petit village de France où ils se sont installés après un détour par Londres. Après deux ans de rapprochements avec trois de ses voisins, Tristan est enfin convié. Pa-delà la peur de devoir tuer un lapin, le héros de cette “Partie de chasse” va voir défiler toute sa vie – et encore plus – au cours d’un moment de sport qui se transforme en tempête.

C’est toujours avec humour qu’Agnès Desarthe aborde les sujets les plus graves (le décès d’une mère, le sida, l’adultère et la virilité pour les thèmes au menu de cet opus). Héros un peu pâlichon au début, Tristan se révèle de plus en plus ancré et lumineux à mesure que le livre déroule ses pages. Sans aucun jugement, si ce n’est celui très sage et décalé du lapin que Tristan tente de sauver, “Une Partie de Chasse” met en scène une comédie humaine avec des nuances de gris et de noir mais jamais grimaçante ou glauque. Il y a beaucoup de très belles choses dans ce livre :l’humour, un soupçon de poésie qui semble tout droit venue d’un conte pour enfant et infiniment de rigueur dans la construction de l’intrigue en flash-backs. Mais le meilleur est bien évidemment le style, où les mots touchent très juste et évoquent avec précision des situations incongrues et des sentiments familiers. Un de nos chouchous dans la course aux prix de l’automne.

Agnès Desarthe, “Une Partie de Chasse”, L’Olivier, 153 p., 16.50 euros.

C’est bien ce que je disais, bougonne le lapin excédé. Vous séparez. Vous divisez. Vous vous croyez supérieurs pour cette raison, mais vous êtes vos propres dupes. J’ai beaucoup de tendresse pour toi, jeune-homme, mais j’ai honte quand je t’écoute. J’ai honte de l’existence morcelée que tu mènes. Absence de continuité. Classification stérilisante. En catégorisant, tu assassines. Cette femme, Emma, si tout est raté avec elle, quitte-la. Et ne me parle pas d’amour. Comme si je ne savais pas ce que c’est. Votre passion guindée, votre distance, le respect qu’elle t’inspire. Foutaises.” p. 123.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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