Un monde sans vous, de Sylvie Germain
Alors qu’elle faisait partie d’un voyage d’écrivains organisé à bord du transsibérien dans le cadre de l’année de la Russie en France (voir notre article), Sylvie Germain a écrit sur la mort de sa mère. Elle a rassemblé ce texte intime: “Variations sibériennes”, avec celui qu’elle avait écrit quelques années plus tôt après la disparition de son père : “Kaléidoscope ou notules en marge du père”. Deux récits sensibles, que touchent la grâce et la culture de l’auteure de “Jours de colère” (prix Fémina 1989), à découvrir chez Albin Michel dès le 7 avril 2011.
Alors que sa mère vient de disparaître, Sylvie Germain écrit son adieu à bord du transsibérien. Un texte intime, incrusté de morceaux choisis de poètes comme Ossip Mandelsatm et Paul Celan et où le récit de voyage s’entremêle avec les souvenirs inoubliables et la description de la perte. A la suite de ce récit, “Kaléidoscope ou notules en marge du père” revient à partir d’un Tableau de Piero della Francesca sur la disparition du père. Le monde se donne à voir, coloré et complexe, à l’aune de ce kaléidoscope endeuillé.
La grande force de Sylvie Germain est de savoir citer pour créer une intimité avec le lecteur. En partageant avec son lecteur les vers et les images qui l’ont accompagnée dans la vie et dans la perte, elle se livre, mais de profil. Et permet ainsi à celui ou celle qui suit sa méditation de prendre le temps de se l’approprier. Particulièrement délicat, ce diptyque met en lumière tout le talent de l’auteure.
Sylvie Germain, “Le monde sans vous”, Albin Michel, 140 p., 12 euros. Sortie le 7 avril 2011.
” Ma mère, tu n’étais pas poète, et ta main n’était pas une aile de merle blanc. Tu étais vivante, et tu étais ma mère. Cela constitue déjà une ample prose, et c’est par voie de prose que je m’adresse à toi.” p. 75