Un juif en cavale, selon Laurent Sagalovitsch, ne perd pas son sens de l’humour…
Troisième et dernier volet d’une saga commencée avec « Loin de quoi ? » (2005) et « La métaphysique du hors-jeu » (2011), « Un juif en cavale » met en scène un Simon Sagalovitsch exilé dans le climat chaud et humide de Tel-Aviv. Déboires et Humour semblent fortement y rimer… Sortie chez Actes Sud.
Après maintes péripéties et notamment le Canada, Simon Sagalovitsch arrive à Tel-Aviv où il s’installe avec son insatiable compagne danoise au sabir incompréhensible : Monika. Alors que celle-ci se fait très vite adopter de tout le quartier, Simon copine surtout avec son voisin qui tient une épicerie et marche dans la ville plus comme une âme exilée qu’un juif de retour en terre promise. Ses pérégrinations et réflexions douces-amères sont interrompues par des coups de fils à sa sœur Judith, qui lui fait la tête et refuse de lui parler.
Sur un ton bonhomme qui entend à la fois emprunter à Woody Allen, à tout ce que les juifs ont pu produire comme « mot d’esprit » et – pour la filiation française- à un polar rétro à la Simenon, Laurent Sagalovitsch continue de dessiner à la serpe un alter ego parfaitement mec et macho et néanmoins très sensible sous sa carapace d’abusé sexuel désabusé. Une identité juive noire pour un public francophone.
Laurent Sagalovitsch, Un juif en cavale, Actes Sud, février 2012, 272p., 10, 40 euros.
« Je ne cherchai pas à argumenter. A quoi bon ? Chercher à comprendre Monika c’était comme s’essayer à lire un traité de philosophie allemande traduit en mandarin par un rabbin islandais. Une tâche vouée à l’échec et qui n’empêcherait pas la morosité et la frustration. » p. 103