Ségolène Royal, Cette belle idée du courage
Ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2007, ex-candidate à la candidature lors de la primaire socialiste de 2011 et actuelle présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal publie un essai intitulé Cette belle idée du courage, très récemment paru chez Grasset.
POURQUOI CE LIVRE ?
Comme Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy en leur temps, Ségolène Royal est un personnage haut en couleur . Elle ne laisse absolument personne indifférent : elle est soit adulée soit haïe et détestée. Pour employer un terme moderne, tiré des sciences politiques, Ségolène Royal est éminemment « clivante », c’est-à-dire qu’elle exacerbe les passions du corps social hexagonal.
Dans cet essai peu commun, la célèbre femme politique a voulu montrer ce qui l’a conduite à résister à l’adversité. L’ancienne ministre de Lionel Jospin a entendu livrer un ouvrage poignant sur le courage, qu’il conviendrait de réhabiliter en politique.
QU’EST-CE QUE LE COURAGE ?
Afin d’étayer son appel à la vertu politique, Ségolène Royal dresse le portrait de quelques personnes qu’elle juge singulièrement courageuses et exemplaires, comme Nelson Mandela, Leyla Zana (députée kurde), Aimé Césaire, Lula (ancien président de la république du Brésil), Dilma Rousseff (présidente de la république du Brésil), François Gabart (navigateur) et Stéphane Hessel, Louise Michel (révolutionnaire). La responsable socialiste mentionne, en sus, Olympe de Gouges à qui on doit une révolutionnaire Déclaration des droits de la femme et des citoyennes, Jeanne d’Arc, Jean Jaurès, François Mitterrand, Franklin D. Roosevelt, Ariane Mnouchkine ainsi que des ouvrières en lutte et un magistrat particulièrement intègre.
Ensuite, Ségolène Royal indique qu’à force de déchaîner les passions les plus vives elle ressent parfois le besoin de « se recharger » en quelque sorte. Avec cet ouvrage, la responsable politique voulait exprimer une reconnaissance à l’égard de tous ces « passeurs de courage », comme elle les appelle de façon poétique. Par le biais de leur extraordinaire exemple, ils transmettent en effet une énergie neuve, quand le découragement surgit.
UNE IDEE ORIGINALE
L’ouvrage est fort original : au lieu de parler d’elle comme la plupart des décideurs politiques, Ségolène Royal essaie de révéler ce qui la motive et l’aide à surmonter les difficultés inhérentes à la vie. L’auteure a choisi d’exalter le courage, mais elle aurait pu tout aussi bien choisir la vaillance. Il n’y a pas de courage sans vaillance.
Par contre, pour ce qui est du choix des personnages incarnant le courage, certains sont quelque peu surprenants. En effet, comme le notait Montaigne dans ses fameux Essais en citant Tite-Live, « les talents du soldat et ceux du général ne sont pas [nécessairement] les mêmes ».
Peut-être Ségolène Royal aurait-elle pu aussi insister davantage sur la notion de courage stricto sensu, car souvent le cruel destin des plus courageux et des plus vaillants est d’être malchanceux. Parfois, les défaites s’apparentent en effet à des triomphes égaux aux victoires. Un personnage comme Jean Moulin, mort sous les coups et la torture des envahisseurs allemands pour ne pas avoir trahi la cause de la Résistance, aurait mérité de figurer dans ce « Panthéon ».
Une belle idée !
JPF
Ségolène Royal, Cette belle idée du courage, Cette belle idée du courage, Grasset, mai 2013, 311 p., 19 euros.
