Livres

Room : Emma Donoghue condense l’amour maternel en une seule pièce

09 August 2011 | PAR Yaël Hirsch

Pour son 7e roman, l’auteure anglophone canadienne Emma Donoghue livre un thriller inventif sur le fond et la forme. Observant dans 4 murs l’amour fusionnel d’une mère et de son fils de 5 ans, elle l’écrit dans la langue qu’ils ont en partage. Et prouve que de temps en temps, dépasser le tabou de la juste distance peut être très sain. Coup de cœur disponible à la Cosmopolite de Stock le 24 août 2011.

Jack, 5 ans vit seul avec sa mère dans une seule pièce. Comme tous les petits garçons de son âge il regarde la télé, lit et relit les livres qu’il adore, adore les câlin de sa mère, les jeux qu’elle invente pour lui, chanter des chansons et sauter sur la table du salon. Il adore sa plante verte et rêve d’un chien. Il se couche à contre-cœur entre 20h30 et 21h. Et est tout excité de fêter son anniversaire. Mais de temps en temps, un homme “le Grand méchant Nick” entre dans leur pièce et passe la nuit avec sa maman. jack en l’a jamais vraiment vu, sait qu’il doit le craindre et en même temps attendre de lui provisions et “cadeau du dimanche”…  Après mûre réflexion, la mère décide de lui raconter son passé et décide qu’il est temps pour eux deux de revenir au monde extérieur à leur bulle d’amour…

Mêlant thriller et roman psychologique par simple effet de focale et sans aucune pédanterie, Emma Donoghue parvient à inventer un langage pou décrire l’amour fusionnel et passionnel entre une mère et son fils. Le vocabulaire quotidien d’une éducation en conditions extrême, du point de vue de l’enfant, est la marque même de cet amour protecteur et éducateur. Parfaitement traduite par Virginie Buhl, l’auteure parvient à la fois à attendrir, à faire peur et à faire réfléchir. Un très beau roman qui se lit d’une traite.

“Room” d’Emma Donoghue, traduction Virginie Buhl, Stock, collection  “La cosmopolite”, 408 p., sortie le 24 août 2011.

Mon truc préféré dans le monde de Dehors, c’est la fenêtre. Ses images changent tout le temps. Un oiseau file à toute vitesse, je sais pas ce que c’était. Les ombres sont rallongées maintenant : quand la mienne fait coucou, sa main va jusqu’au mur vert de l’autre côté de notre chambre. Je regarde la figure dorée du bon Dieu de plus en plus orange qui descend tout doucement et les nuages de toutes les couleurs; après, il y a des traits sur le ciel et le noir arrive si petit à petit que quand je le vois, c’est déjà fini.” p. 241

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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