Livres

Moi, Zlatan Ibrahimovic : la vie du footballeur racontée à David Lagercrantz

17 February 2013 | PAR Jean-Paul Fourmont

« D’abord je suis allé à gauche, et il m’a suivi. Puis je suis allé à droite et lui aussi. Puis j’ai repris à gauche et il est parti s’acheter un hot dog » (pp. 134-135). Empreint d’une grande modestie, c’est en ces termes que Zlatan Ibrahimovic raconta un jour à la presse comment il parvint à enrhumer Stéphane Henchoz, le talentueux défenseur suisse de Liverpool, lors d’un match amical qu’il joua en arrivant à l’Ajax en 2001, à l’occasion du Tournoi d’Amsterdam.

« Vous pouvez sortir un gars de Rosengard, mais vous ne pourrez jamais faire sortir Rosengard de ce gars »

La traduction en français du livre de souvenirs de Zlatan Ibrahimovic vient d’être publiée aux éditions JC Lattès. Dans cet ouvrage, le buteur du PSG se raconte. Avec son franc parler, Zlatan revient sur son enfance à Rosengard, son passé de voyou, son irrésistible percée dans le football, ses passages (parfois tumultueux) à Malmö, à l’Ajax, à la Juventus de Turin, à l’Inter de Milan, au Barça et au Milan AC. Le footballeur dévoile également quelques aspects de sa vie privée, notamment sa rencontre avec Helena et la naissance de ses deux fils. Il évoque également ses relations avec certaines des plus grandes stars du football, comme par exemple Guardiola, Mourinho, Capello, Messi… Zlatan Ibrahimovic livre ici un témoignage passionnant et sans concession sur les affres du football moderne.

Un gars de Rosengard
Zlatan Ibrahimovic n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche, loin s’en faut. D’origine yougoslave, il a longtemps vécu dans le quartier de Rosengard, un « ghetto » suédois comportant beaucoup d’étrangers. Ses parents se sont séparés assez tôt et sa famille se recomposa tant bien que mal. La mère de Zlatan était femme de ménage, tandis que son père végétait. Celui-ci avait en effet des problèmes d’alcool du fait des guerres qu’il vécut et qui déchirèrent les Balkans pendant bien des années. La sœur de Zlatan Ibrahimovic se droguait, ce qui n’attira jamais son frère cadet, trop conscient des tristes dégâts que ce type d’addiction provoque. Si l’attaquant suédois habita d’abord chez sa mère, sous la pression des services sociaux, il dut cependant déménager pour vivre avec son père, chez lequel le frigo était souvent vide, mais où la bière coulait à flots.

Le football, planche de salut de Zlatan
Bad boy, dans son enfance, Zlatan Ibrahimovic vola assez fréquemment. Il dérobait des babioles dans les supermarchés ainsi que des vélos, son pêché mignon. Il raconte d’ailleurs avoir volé un jour, par mégarde, le vélo de l’un de ses entraîneurs… L’affaire commença à faire quelques remous dans le club. Zlatan se dénonça alors en prétextant avoir dû faire face à une impérieuse nécessité. Désireux de convaincre le staff de sa bonne volonté, il affirma également avoir voulu le restituer.

C’est grâce au football que l’actuel buteur du PSG parvint à s’extirper du ghetto. Il joua pour différents clubs dans son enfance, avant de s’imposer au Malmö FF. Il signa ensuite aux Pays-Bas, où l’Ajax Amsterdam le recruta. A cette occasion, il devint le joueur le plus cher de Scandinavie en surpassant le prix de John Carew. Toutefois, novice sans agent veillant sur ses intérêts, le prolifique attaquant se vit offrir un contrat certes un peu plus lucratif que celui qu’il avait signé au Malmö FF, mais bien moins que tous ceux de ses partenaires de l’Ajax. De ce point de vue, le grand club hollandais réalisa donc une très bonne affaire… L’entraîneur de Malmö FF manœuvra Zlatan (en le poussant à accepter des émoluments relativement modestes), afin que son club d’origine puisse récupérer une extravagante indemnité de transfert.

Quand il comprit l’envers du décor, le Suédois s’attacha les services de Mino Raiola, lequel l’aida puissamment durant la suite de sa carrière.

Star incontournable en Italie
Les débuts de Zlatan Ibrahimovic à l’Ajax furent extrêmement difficiles et poussifs, en raison notamment des réserves des Hollandais à l’égard des joueurs d’origine étrangère ainsi que l’explique l’auteur, mais le futur vainqueur de la Ligue des Champions (avec Barcelone) réussit finalement à surclasser ses rivaux. Eclaboussant le championnat de sa classe, l’attaquant fit l’expérience du niveau international. Avec sa sélection, il réalisa aussi d’excellentes performances.

Ce qui lui ouvrit les portes de la Juventus de Turin, rien de moins, où il joua sous les ordres de Fabio Capello, dont il garde un excellent souvenir en dépit du caractère difficile et ombrageux du coach. Mais l’idylle ne dura pas longtemps, le club ayant été rétrogradé en Série B. Refusant de jouer dans la division inférieure pour ne pas compromettre sa carrière, au terme d’un long bras de fer l’ayant notamment opposé à Didier Deschamps qui souhaitait le conserver à tout prix, il fut transféré à l’Inter de Milan, où il fut émerveillé par le coaching de Mourinho, « The Special One » comme on l’appelle outre-Manche.

L’échec barcelonais
Zlatan continua à remporter les titres et les distinctions, notamment celle de meilleur buteur du Calcio, puis il quitta l’Inter pour le Barça, qui lui fit à cette occasion un pont d’or. Le rêve ne tarda, toutefois, pas à se transformer en cauchemar. Après des débuts très prometteurs, la défiance grandit entre le serial buteur et son entraîneur, Pep Guardiola, lequel lui reprochait probablement un trop fort caractère. Le Suédois raconte également que Lionel Messi exigea de l’entraîneur qu’il le replace au centre de l’attaque barcelonaise (au lieu de l’aile droite), c’est-à-dire juste derrière Zlatan, ce qui l’empêcha de continuer à être aussi prolifique qu’il l’avait été jusqu’alors. Les rapports avec Guardiola s’envenimèrent au point qu’Ibra fut finalement contraint de rejoindre Milan AC, où il retrouva tout son lustre.

Dommage que ce livre (écrit en 2011) n’évoque pas le PSG !

Zlatan Ibrahimovic, “Moi, Zlatan Ibrahimovic”. Mon histoire racontée à David Lagercrantz, JC Lattès, 2013, 20 euros.

La Création du Monde à l’Opéra de Lille
L’ancien directeur de Polytechnique Bernard Esambert décrit les coulisses de la Ve République
Jean-Paul Fourmont
Jean-Paul Fourmont est avocat (DEA de droit des affaires). Il se passionne pour la culture, les livres, les gens et l'humanité. Contact : [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration