Les fleuristes de Virginie Bouyx: Balade poétique entre Paris, Moscou et Pékin
Diplômée en droit et relations internationales, russophone et sinisante, Virginie Bouyx partage son temps entre la France et la Chine. Ayant aussi travaillé à Moscou, elle s’est inspirée de ses nombreux voyages personnels pour écrire son premier ouvrage, “Les Fleuristes”, recueil de nouvelles publié aux Editions Gallimard. Une très belle découverte littéraire.
Dans les nouvelles de Virginie Bouyx, la parole est donnée à ceux que l’on croise chaque jour mais qu’on ne regarde pas vraiment. On y découvre des personnages souvent modestes, gardien d’immeuble, marchandes de fleurs, retraités. Des personnages qui regardent le monde qui les entoure avec lucidité, sans jamais s’apitoyer sur leur sort. Mais le regard des autres est toujours bien loin de celui que l’on porte sur soi-même… De la solitude qu’amène la vieillesse, de l’isolement que la pauvreté impose, Virginie Bouyx s’en empare mais sans jamais faire de bons sentiments. Elle y apporte de la poésie, de l’espoir, de la sérénité. On croise aussi le chemin de quelques expatriés navigant entre deux pays, à la recherche d’une identité, d’une histoire à laquelle se raccrocher, se perdant parfois eux-mêmes.
Que l’action se passe en Chine en Russie ou en France, l’auteur s’attache à dépeindre la fugacité de l’instant. Il y a beaucoup de poésie dans l’écriture de Virginie Bouyx. L’histoire de ce vieil homme chinois achetant un oiseau pour lui tenir compagnie en est l’exemple le plus réussi. Son écriture limpide et sans fard raconte ces bribes d’existence avec justesse et bienveillance. C’est parfois douloureusement tragique, parfois drôle, souvent mélancolique, comme la vie finalement.
“Devant le tiroir vide,ce jour-là, elle avait ressenti quelque chose de très désagréable. Quelque chose de très désagréable pour son pays. De la pitié. Et elle s’était dit, en refermant le tiroir, qu’avoir pitié de son pays, à seize ans, c’était à la fois absurde et très triste.” – Anna
Maniant très justement l’art délicat de la nouvelle, Virginie Bouyx nous transporte au cœur de l’intime et nous laisse entrevoir l’universalité de la nature humaine. Des nouvelles qui nous laissent rêveurs et qui nous donne envie d’aller voir au delà des frontières…On gardera en mémoire avec une tendresse toute particulière L’averse, évoquant les périples d’une jeune femme française coincée par la pluie dans les rues de Moscou…On rêverait presque d’avoir de l’eau plein nos ballerines.
Les fleuristes, de Virginie Bouyx, Editions Gallimard – Collection Blanche. Parution: 07 février 2013. 160 p. Prix: 15,50€.
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