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Le Retour du vieux dégueulasse de Charles Bukowski, exploration critique d’une société déviante…

Le Retour du vieux dégueulasse de Charles Bukowski, exploration critique d’une société déviante…

12 January 2014 | PAR Le Barbu

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Charles Bukowski, « Hank » pour ses amis, est né en 1920. Il est mort à San Diego le 9 mars 1994. Tour à tour postier, magasinier, employé de bureau, Bukowski, découvert tardivement, est devenu aujourd’hui un écrivain culte dans le monde entier. Le Retour du Vieux Dégueulasse réunit en un volume les écrits oubliés. Cet ensemble constitue un véritable « roman à clef » grâce auquel Bukowski a pu laisser vagabonder son imagination, et il nous est offert par les éditions Grasset pour cette nouvelle année 2014.

Le Retour du Vieux Dégueulasse explore l’âme humaine sous toutes ses formes, transgressant tous les tabous, avec perversion et humour. Le style est comme à son habitude, direct et « coloré », sans détours, ne cherchant pas à préserver les âmes sensibles. Les personnages de ces courtes histoires sont à l’état brut et dépeint avec rage et férocité. Ils vivent dans une société américaine merdique, absurde et dégueulasse qui fait d’eux des pantins coupés de toute réalité qui s’oublient dans l’alcool et le sexe. Bukowski nous offre, dans ce recueil, une critique acerbe et lucide de notre monde contemporain où l’homme oublie dans ses rêveries utopiques qu’il a constamment les pieds dans la merde…

Je suis horrifié par la souffrance que doit endurer un être humain, et j’aurais tendance à penser que cette saloperie de douleur ne disparaîtra jamais. Rester en vie dans une société aussi insensée qu’insensible n’est pas une mince affaire. Mais faire face à l’horreur universelle relève de l’exploit. La plupart d’entre nous survivent entre sous-alimentation et chômage. Et avec pour seules perspectives l’affliction et la déraison. Rares sont ceux et celles qui résistent au naufrage. C’est nous qui avons bâti cette maison dans laquelle s’entassent les demi-hommes qui nous dirigent. Adopter une attitude décontractée dans cette tempête de merde peut paraître cool mais revient à nier le réel. On a tous besoin de quelque chose pour aller de l’avant. Mais qu’est-ce qui s’offre à nous ? Presque rien putain ! Aussi, tels des automates, sacrifie-t-on à la barbarie nos années, nos vies. Ce qu’il nous faudrait, c’est un nouveau programme, de nouveaux leaders, hélas ! Entre-temps, la chance, le courage, nous permettront de tenir jusqu’au jour où nous n’en aurons plus. Peut-être que ce jour funeste est arrivé alors qu’en ce dimanche, j’écris ceci pendant que j’entends tout autour de moi le bourdonnement des postes de télé. L’américain moyen se gave de vomissures et d’ordures tout le week-end. Il n’a pas la moindre chance de se changer les idées après une semaine de servage. Au contraire, il est condamné à subir le flot incessant de soap operas merdiques qui n’existent que pour leurs pauses publicitaires, et condamné à devenir une créature anonyme dépourvue de la moindre réactivité… à l’image de celle que vous croisez chaque jour dans la rue.

Le Vieux Dégueulasse lâche une larme bleue pâle… (Charles Bukowski)

Le Retour du vieux dégueulasse de Charles Bukowski, éditions Grasset, traduction d’Alexandre et Gérard Guégan, janvier 2014.

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Le Barbu
Le Barbu voit le jour à Avignon. Après une formation d'historien-épigraphiste il devient professeur d'histoire-géogaphie. Parallèlement il professionnalise sa passion pour la musique. Il est dj-producteur-organisateur et résident permanent du Batofar et de l'Alimentation Générale. Issu de la culture "Block Party Afro Américaine", Le Barbu, sous le pseudo de Mosca Verde, a retourné les dancefloors de nombreuses salles parisiennes, ainsi qu'en France et en Europe. Il est un des spécialistes français du Moombahton et de Globalbass. Actuellement il travaille sur un projet rock-folk avec sa compagne, et poursuit quelques travaux d'écriture. Il a rejoint la rédaction de TLC à l'automne 2012 en tant que chroniqueur musique-société-littérature.

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