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L’amour et des poussières de Clémence Boulouque

L’amour et des poussières de Clémence Boulouque

30 August 2011 | PAR Yaël Hirsch

L’auteure de “Mort en silence” (2003) et “Nuit ouverte” (2007) décrit dans son dernier roman au titre poétique les aventures intellectuelles et amoureuses d’une intellectuelle française à New-York. Sensible, fin, et disponible chez Gallimard le 29 septembre.

A l’orée de la trentaine, Dora décide de recommencer sa vie à zéro à New-York et de commencer un doctorat d’études juives. Elle devient également l’assistante du formidable professeur Steve Kruger. Après quelques amants illustres, Dora finit par rencontrer la perle rare en la personne d’Ari : juif, scientifique et toujours prêt à la garder auprès de lui pour panser ses blessures d’enfance, Ari est ce genre de type assez rare qui sait ce qu’il veut : l’épouser, lui faire des enfants et happily ever after… Sa cour a été effrenée, son compagnonnage est solide. Mais petit à petit Dora réalise qu’elle ne voit plus ses amis, mêmes les plus proches. le voyage de présentations officielles du fiancé en France va mettre à jour la face sombre d’Ari…

Finement épinglée, la perversion selon Clémence Boulouque demeure un mystère dont il faut se garder, quitte à fuir à la dernière minute. Dans un cadre chic et new-yorkais, où brille le regretté Tony Judt derrière  le beau personnage de Steve Kruger, l’écrivaine ne se laisse jamais détourner de son objectif : faire passer son lecteur par tous les stades que connaît la proie du pervers. Un très joli roman, direct, simple et en même temps très justes sur certaines zones d’ombre de la psychologie humaine.

Clémence Boulouque, “L’amour et des poussières”, Gallimard, 183 p. Sortie le 29 septembre 2011.

Je repense aux mots de Steve. les filles deviennent leur mère, peut-être, et je ne veux pas de ces généalogies. Non par ingratitude : ma mère a tout abdiqué pour m’élever et ce serait assez pour me la faire aimer à l’infini. Il peut suffire d’un être, un seul, ai-je lu, pour conjurer les mauvais traitements de l’enfance, une présente forte et solaire qui permet de ne pas sombrer dan les souvenirs, qui donne du pris à l’enfant, à sa vie et au présent. Sinon la mémoire devient comme des plaques d’eczéma, démange jusqu’au sang. je voudrais pourtant être différente de ma mère, pour rendre un paradoxal hommage à celle qui m’a donné jusqu’à la force de vouloir ni la changer ni en être la copie conforme, de chercher mon chemin sans être obsédée par le sien“.

© Rezo Films

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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