
« La vengeance m’appartient » : plongée dans un monde d’obsessions
La version poche de La vengeance m’appartient sort demain en Folio. L’occasion de revenir sur ce roman de Marie NDiaye.
Un jeu avec les archétypes
Une avocate issue d’un milieu populaire, Maitre Susane, tiraillée entre son accession nouvelle à la bourgeoisie et sa fidélité à sa classe d’origine. Un infanticide incompréhensible, un souvenir pour le moins brumeux et des soupçons plus ou moins fondés… Voici pour le cadre de ce roman qui nous fait suivre pas à pas le personnage principal.
Les rapports compliqués entre Maitre Susane et ses parents, ses amis ou sa femme de ménage sont, comme souvent chez Marie NDiaye, l’occasion d’une satire sociale où les préjugés des uns et des autres, pauvres et riches, sont passés au crible. Des personnages à la limite de l’emploi théâtral, avec les archétypes que sont les parents dépassés par leur fille parvenue, les amants trop tendres et les domestiques faussement dociles.
Plongée dans un monde d’obsessions
Mais il suffit que Maitre Susane laisse libre cours à ses obsessions pour que les personnages s’émancipent de leur emploi. Nous quittons soudain le monde de certitudes qui était celui de l’avocate pour celui, plus incertain, de ses fantasmes et de ses peurs. Chacun se fait désormais menaçant et bien malin qui saura distinguer le fourbe de l’ami véritable.
Entièrement rédigé en focalisation interne, ce roman fait perdre pied à ses lecteurs autant qu’à son héroïne. La langue de Marie Ndiaye, qui suit avec rigueur les pensées de sa protagoniste, participe de cette plongée dans l’inconnue.
Cette parution en édition de poche est donc l’occasion de découvrir ce livre qui feint momentanément la critique sociale, le thriller ou la chronique judiciaire pour mieux perdre son lecteur dans les méandres de la paranoïa.
Visuel : couverture du livre