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La littérature pleure Antonio Tabucchi, écrivain européen et traducteur de Pessoa

La littérature pleure Antonio Tabucchi, écrivain européen et traducteur de Pessoa

26 March 2012 | PAR Celeste Bronzetti

Antonio Tabucchi meurt à Lisbonne, ville qu’il avait adoptée comme foyer littéraire depuis le début de sa carrière universitaire. A l’age de 68 ans, il est mort d’un cancer.  Écrivain et traducteur ultime de Pessoa en italien,  a conservé pendant toute sa vie, un regard attentif sur la situation culturelle italienne. À travers son attachement à ses origines, mais aussi à sa vision d’expatrié et « alloglotte » (c’est l’auteur même qui se définit ainsi), il a offert plusieurs portraits à la fois poétiques et engagés de l’Italie de nos jours. Napolitano, président de la République, a manifesté son chagrin pour la perte d’un écrivain qui avait su interpréter « lo spirito europeo » (l’esprit européen).

Le monde de la culture se resserre autour du souvenir de cet écrivain, traducteur, intellectuel qui a marqué l’actualité littéraire italienne de ces dernières décennies.

Né à Pise en 1943, il avait toujours gardé un contact vif avec ses terres d’origine, décor principal de ses premiers récits. Mais sa carrière littéraire a été parcourue surtout par son amour du Portugal et de la littérature de Fernando Pessoa, connu par hasard lors de l’achat d’un bouquin d’occasion bilingue devant la Gare de Lyon. L’auteur italien raconte cet épisode pendant une interview accordée à l’émission italienne Scrittori per un anno : il était à Paris pour des études de philosophie et un jour il a acheté Bureau de tabac de Pessoa comme lecture de voyage. « C’était le bouquin qui coutait le moins cher ». Profondément attaché à l’idée que ce sont les petits évènements qui changent de façon casuelle la vie de tout être humain, il a écrit un recueil de contes intitulé justement Petits malentendus sans importance. Et ce petit événement sans importance a transformé effectivement sa vie : il a épousé la portugaise María José de Lancastre, avec laquelle il a commencé à traduire Fernando Pessoa.

La traduction a occupé en grande partie son activité d’écrivain, il la décrit comme une activité d’approfondissement et fouille dans l’univers linguistique et littéraire d’un auteur. « La traduction est un voyage vers l’œuvre » : c’est une définition très fascinante que Tabucchi lui-même a donné

de son activité de traducteur. Et le voyage à travers les espaces et les souvenirs fragmentés de sa jeunesse toscane a toujours été au centre de ses nouvelles et romans.

Le monde de la littérature et de la culture européenne a perdu un interprète illustre de l’époque contemporaine, des contradictions qui parcourent notre présent débridé. Il a donné la parole aux petits équivoques de tous les jours, aux petits faits divers qui n’entrent pas dans l’histoire officielle, mais qui la rendent, occasionnellement poétique.

 

Visuel : Capture d’écran.

Seconde édition du festival Clap Your Hands
Palmarès du FIGRA 2012
Celeste Bronzetti

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