Juste avant de Fanny Saintenoy, un premier roman familial
Le premier roman de Fanny Saintenoy fait entendre le dialogue qu’entretiennent une vieille dame de 95 ans et sa petite fille de trente avant “Juste avant” la mort de l’ailleurs. Tendre, poétique et plein de vie, le livre fait revivre 4 générations de femmes françaises de la Première Guerre à nos jours. Sortie le 24 août chez Flammarion.
Fanny prend le train de Paris à Bergerac pour vivre avec elle les derniers instants de son arrière-grand-mère, Juliette. Alors qu’elles e trouve à un moment charnière de sa vie, la trentenaire est triste de voir partir celle qu’elle appelle “Ma vieille pomme”, mais en même temps, après des décennies de maison de retraite, cette mort à un très grand âge semble dans l’ordre des choses. Juliette quand à elle garde les lieux clos, a “un peu peur”, mais décide de se repasser le film de son “petit siècle” pour “mettre de l’ordre dans ses pensées avant de partir” (p. 105). Elle se rappelle son enfance douloureuse, et l’amputation de ses pieds gelés quand elle était chez les sœurs pendant la Première Guerre, son mari drôle et résistant communiste mort en déportation, la naissance de sa fille unique, Jacqueline, puis celle de sa petite fille, Martine et enfin celle de Fanny, ultra-brillante et ultra-gâtée. Les années de travail d’assistante, à Paris, la retraite au jardin, à Bergerac, puis la maison de retraite. Matriarche simple, malgré les malheurs, Juliette est parvenue à une vraie philosophie de la vie, où ses “filles”, comme elle dit jouent la part du soleil et de la fierté.
Suranné sans faux-semblants, populaire sans snobisme, poétique sans lyrisme, “Juste avant” condense la ronde des générations dans un dialogue que seul le cœur entend. Émouvant, drôle, nostalgique et parfois dur, le texte de Fanny Saintenoy fait justice au personnage de la vieille dame, passagère simple du 20e siècle. C’est un travail d’amour et d’écriture qui rend avec exactitude toutes les couleurs de la vie qui passe. Superbe.
Fanny Saintenoy, Juste avant, Flammarion, 128 p., 12 euros.
“On m’appelait Juju. Ça m’allait mieux que Juliette parce que je ne ressemblais pas vraiment à une héroïne d’histoire d’amour.” p. 22