Irène Némirovsky, Chaleur du Sang
Irène Némirovsky fait partie des juifs convertis dont je suis le parcours pour ma thèse. Son dernier livre, écrit après le fameux Suite Française a finalement été retrouvé et publié. C’est une grosse déception. Je déteste définitivement la campagne. Ces sourdes machinations qui se trament dans le coeur vérolé de personnages trop falots et trop peu urbains pour me séduire.
« J’ai beaucoup écrit ces derniers temps. Je suppose que ce sont des œuvres posthumes, mais cela fait toujours passer le temps. » Lettre du 11 juillet 1942
On a retrouvé le dernier manuscrit de l’écrivaine française d’origine russe, Irène Némirovsky. Ou plutôt sa seconde moitié. Inspirée par le village de Issy-l’Evêque, en Saône et Loire, où elle a du se cacher en tant que juive pendant la guerre (et d’où d’ailleurs elle a été déportée en juillet 1942), Irène Némirovsky livre dans son dernier ouvrage un tableau de mœurs campagnard un peu désuet, à mille lieues des intrigues parisiennes, des arrivistes et des déracinés qu’elle affectionnait dans David Golder ou Le maître des âmes.
Chaleur du sang est l’histoire de femmes trop jeunes qui épousent des hommes trop vieux pour de mauvaises raisons. Elles finissent, de génération en génération, par suivre leur désir et prendre un amant, l’adultère menant inlassablement au crime de sang. Bien moins fouillé que Suite Française (prix Renaudot 2004), cet ultime opus tient du Giono, du Mauriac et du Colette à la fois. Pour les deux premiers auteurs, l’on comprend si l’on n’approuve pas forcément : baptisée en 1939, Irène Némirovsky avait de fortes tendances mystiques catholiques à la fin de sa vie. Mais le livre s’effrite parce qu’il il prend la forme d’un roman à suspense, dont le narrateur est un vieil homme soit disant retiré du petit monde qu’il décrit. Autant l’auteure est persuasive sur les mystères du désir féminin, autant son personnage de vieil amant ne fonctionne pas. Et les ficelles de l’intrigue sont un peu grosses pour ne pas gâcher la lecture. A feuilleter avec langueur et nostalgie, pour quelques très belles descriptions.
« Je suis vieux, Colette, et je désire la paix… A mon âge on éprouve une espèce de froideur… Tu ne peux pas comprendre ça, pas plus que je ne peux comprendre vos amours et vos folies. » (p. 110)
Irène Némirovsky, Chaleur du sang, Denoël, 15 euros.
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