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« VOUS N’ÊTES PAS VENUS AU MONDE POUR RESTER SEULS » D’EIVIND HOFSTAD EVJEMO, DEUIL ET SOLIDARITÉ

« VOUS N’ÊTES PAS VENUS AU MONDE POUR RESTER SEULS » D’EIVIND HOFSTAD EVJEMO, DEUIL ET SOLIDARITÉ

05 September 2017 | PAR La Rédaction


Vous n’êtes pas venus au monde pour rester seuls est le troisième roman du Norvégien Eivind Hofstad Evjemo et le premier à être traduit en français. Aux vues de sa justesse de ton et d’écriture pour parler d’un sujet aussi sensible que le deuil, parions que ce ne sera pas le dernier.

Par Mathilde Vincent

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Juillet 2011, une semaine après le massacre de 79 personnes sur l’île d’Utøya en Norvège par le terroriste Anders Breivik. Sella voit s’avancer dans l’allée ses voisins qui reviennent sans leur fille, victime de l’attentat. Elle voudrait aider, mais n’est-ce pas déplacé de s’introduire dans une souffrance si intime ? Elle se sent pourtant liée à ce couple, car elle aussi a subi une perte — celle de son fils adoptif, âgé de 18 ans.

C’est à travers le deuil récent de ses voisins que Sella va revenir sur le sien et sur les souvenirs liés à son fils. Par d’habiles sauts dans le temps, Evjemo nous dévoile petit bout par petit bout la lutte de cette femme avec son enfant, sa difficulté à établir un lien maternel et le sentiment d’échec qui la mine. Demeure-t-on seul face à la perte ? Telle est la question qu’explore l’auteur. Nous ressentons pleinement la solitude de Sella, comme nous ressentons ses tentatives de trouver appui auprès de ses proches et tout particulièrement de son mari.

Un récit touchant, donc, et magnifié par le sens du détail que nous propose l’écrivain. Ainsi, il suspend parfois le temps, à la manière d’une caméra opérant un arrêt sur image. Tous les menus détails qu’il nous fournit alors donnent sa profondeur à ce qui est en train de se passer et rendent l’atmosphère très visuelle. La force d’Evjemo, enfin, est de ne jamais prendre pour sujet direct le terrorisme, mais d’en faire une toile de fond, une réalité qui, sans la nommer, imprègne la société contemporaine qu’il décrit.

« Le deuil est comme un bateau lourd à manœuvrer, dit le père. Il faut ramer et écoper en même temps. Le plus important, c’est de cultiver la solidarité, je crois. Un de nos amis nous a fait cadeau d’une toile où il a calligraphié cette phrase : « Vous n’êtes pas venus au monde pour rester seuls. ». »

Vous n’êtes pas venus au monde pour rester seuls, Eivind Hofstad Evjemo, Grasset, 304 pages, 20€.

Visuel : ©Grasset

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La Rédaction

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