« Un parfum d’herbe coupée » : Nicolas Delesalle retourne en enfance
Grand reporter à Télérama, Nicolas Delesalle publie chez Préludes son premier roman dans lequel le narrateur, Kolia, se souvient de son enfance et de son adolescence entre nostalgie et humour.
Des petits détails de l’existence qui braquent les projecteurs sur les âges de la vie… C’est comme cela que l’on peut résumer le très beau roman de Nicolas Delesalle, Un parfum d’herbe coupée.
Kolia, le narrateur, un homme adulte et père de deux filles, puise dans les profondeurs de ses jeunes années dans les années 80 et remonte à la surface les épisodes, les tranches de vie dont certaines communes à tous les enfants que l’on a été. La famille, les souvenirs de vacances en famille, les rêves de grands espaces qui se font la malle aux premières sirènes de l’adolescence, la prise de conscience de la fragilité de la vie… Un parfum d’herbe coupée déroule au fil des pages la bande des souvenirs, mélancoliques et poétiques.
Comme nous tous, certains détails de l’enfance sont plus précis que d’autres. Chez Kolia, c’est le souvenir du clip de Thriller de Michael Jackson diffusé à l’hiver 1983 sur Antenne 2 dans Champs Elysées de Michel Drucker alors que dans le salon où trône le téléviseur la guirlande de l’arbre de Noël à peine installée clignote.
Puis Kolia devient un adolescent. Il a moins de mal à séduire la cigarette que les filles et découvre une vie plus complexe et difficile faite de grandes premières, la religion, les émois sexuels en essayant de regarder le film érotique de Canal+ caché derrière son rideau crypté, le premier baiser (qui « demande l’intrépidité du premier pas sur la Lune »), la première rupture et les chagrins quand la mort frappe un ami et plus tard le berger allemand de la famille. A cet âge-là, Kolia découvre aussi les grands auteurs chez une libraire, Vian puis Diderot et les autres, une libraire qu’il appelle son « dealer officiel ».
Très bien rédigé, Un parfum d’herbe coupée est un premier roman réussi dans lequel chacun de nous retrouvera le sentiment de lire le journal intime de sa propre existence et d’y savourer la légèreté du regard d’un enfant et la petite amertume de l’adulte qui constate que seule la mémoire a la chance de retourner en enfance.
Christophe Dard
Nicolas Delesalle, Un parfum d’herbe coupée, Préludes, 256 pages, sortie le 7 janvier 2015. 13,60 euros.
Visuel : couverture du livre
