Fictions
La petite fille sur la banquise : Adélaïde Bon livre un roman fort sur la vie après un viol pedophile

La petite fille sur la banquise : Adélaïde Bon livre un roman fort sur la vie après un viol pedophile

26 March 2018 | PAR Yaël Hirsch

Premier roman essentiel, La petite fille sur la banquise est à la fois un témoignage  et un processus de reconstruction très littéraire du parcours du combattant pour une petite fille violée et qui a mis vingt ans pour se confronter  à ses « méduses ».
[rating=4]

A l’âge de neuf ans, Adélaïde rentre à la maison dans un état second. Elle a été suivie et abusée par un homme dans la cage d’escalier de l’appartement parisien et cossu de ses parents. Attentifs, ces derniers la font parler et l’emmènent au commissariat. Elle porte plainte sous X mais le mot d’”attouchement” est retenu, pas celui de viol. Et le criminel n’est jamais arrêté. Sans vraiment revenir sur l’événement, la petite fille devient adolescente puis femme. Elle surjoue la vitalité et se gave la nuit, elle a des relations amoureuses avec des hommes mais le sexe, son corps, elle-même, la dégoûtent. Elle combat contre des méduses qui la mettent dans des états d’anxiété et de douleur forts. Après bien des méthodes d’analyse pour se soigner, l’adulte devenue comédienne et maman, parvient enfin à la guérison quand un coup de fil de la police lui demande témoigner : on a arrêté son agresseur d’il y a plus de vingt ans et elle est bien loin d’être la seule à s’être fait voler sa vie avec viol et violence.

Récit d’un combat plutôt que d’un mal-être, La petite fille sur la banquise se lit comme un témoignage et un récit littéraire arraché par une auteure affirmée, puissante et qui écrit avec clarté sous son propre nom. Attentive à donner des chiffres, à alerter de ne pas sous estimer l’impact et la terreur semées par le viol d’enfant, Adélaïde Bon nous emmène avec elle – et ses alliés : famille, psys, milieu social attentif et assez riche pour lui permettre de payer ses séances- dans une longue lutte contre l’assassinat et la haine. Un récit très fort, qu’on sent indispensable à son auteure et qu’on vit avec elle comme une victoire et une invitation à partager cette énergie de construire et reconstruire.

Adélaïde Bon, La petite fille sur la banquise,Grasset, 280 p., 18 euros. Sortir le 14 mars 2018.
Visuel : couverture du livre

visuel : couverture du livre

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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