« Maison Atlas » d’Alice Kaplan : c’est beaucoup de choses

Maison Atlas d’Alice Kaplan décrit l’amour improbable entre un homme et une femme, de même religion mais aux destins opposés.

En fait, Maison Atlas, c’est quoi ? :

C’est la rencontre de deux judaïsmes en terrain neutre (à Bordeaux) : l’ashkénaze des USA et le séfarade du Maghreb. Ainsi, l’auteur met en exergue l’antinomie aux plans culturel, sociologique et religieux de deux mondes.

Avec la famille Atlas, profondément ancrée en Algérie, présente avant les Juifs qui ont fui l’Espagne sous Isabelle la Catholique, elle se sentait profondément Juive et profondément Arabe.

Avec la famille Segal, installée dans le Minnesota, qui a adopté, comme un seul homme, le mode de vie américain. Ce sont des gens de classe moyenne et des agriculteurs, venus de Lituanie, pour lesquels la judéité est parfois un souvenir.

C’est une leçon d’histoire sur les Juifs du Maghreb avec le décret Crémieux, la Casbah, l’opposition entre Giraud et De Gaulle, le centre communautaire israélite et l’antisémitisme violent d’extrême-droite. Puis le départ des Atlas, bien après 1962, après avoir subi la montée du FIS et le terrorisme du GIA.

C’est aussi un parallèle entre les Israélites français, Alsaciens par exemple, héros de la grande guerre et le grand père Atlas, chevalier de la légion d’honneur. Ils avaient servi avec fierté leur patrie, et ils pensaient qu’à ce titre ils ne risquaient rien. L’avenir ne leur a pas donné raison.

C’est enfin un style précis et concis, qui allège la description des pays et des personnages.

Avec Maison Atlas, Alice Kaplan éclaire son roman avec tendresse, amour et bienveillance. La lecture de cette tranche de vie est salutaire.

 Maison Atlas d’Alice Kaplan. Éditions Le bruit du monde, 2022, 267 pages, 21€.