Fictions
“L’Embaumeur, ou l’odieuse confession de Victor Renard” d’Isabelle Duquesnoy

“L’Embaumeur, ou l’odieuse confession de Victor Renard” d’Isabelle Duquesnoy

24 January 2018 | PAR David Rofé-Sarfati

Auteur d’ouvrages historiques, Isabelle Duquesnoy a consacré dix ans de sa vie à ce roman, sans se soucier de savoir s’il serait publié. Elle a fait de ce long travail un chef-d’oeuvre.

Victor Renard ne naît pas sous une bonne étoile. Il vient au monde bossu et en étranglant son frère jumeau de son cordon ombilical. Son épouvantable mère Pâqueline le lui reprochera toute sa vie. Victor perdra son père tôt et dans des circonstances terribles. Il tombera amoureux de Angélique, une prostituée cependant qu’il se mariera par obligation avec la sœur d’un camarade. La chance lui sourit lorsqu’il devient embaumeur. Il goûtera aux plaisirs dispendieux, mais le sort le rattrape. Face à ses juges et sous la menace de la guillotine, Victor dans une longue confession va nous instruire de sa condition, de sa vie et de ses rêves, mais aussi des pratiques de thanatopraxie, de la médecine des morts, du commerce des organes et des secrets indignes de sa profession.

Nous suivons Victor qui apprend le métier d’embaumeur aux côtés d’un maître bienveillant ; sur le ferment de la tradition reliquaire du catholicisme se perpétue l’art de momifier le cœur des défunts et se structure le marché noir des organes des personnes célèbres. On apprend notamment que certains tableaux de nos musées nationaux ont été peints avec le sang des rois de France – après le saccage de la crypte royale de Saint-Denis, en 1793, quelques artistes employèrent les cœurs momifiés des rois de France, pour en faire des pigments de peinture.

Roman historique fascinant

Ce roman se passe en 1790 et raconte les onze journées du procès de Victor Renard. Tandis que Victor se raconte jusqu’au drame qu’il lui vaudra ce procès, nous cheminons dans le Paris de cette année charnière entre la royauté et la Constituante, une année entre l’âge classique et bientôt le romantisme.

Au delà du roman historique fascinant et de l’enquête policière palpitante, le livre de Duquesnoy puise son écriture et sa plume claire dans l’époque. Nous sommes en 1790. Le héros nommé malicieusement Victor renvoie aux futurs personnages de monstres de Victor Hugo. On pense au Gwynplaine de L’Homme qui rit ou au Quasimodo de Notre-Dame de Paris. On retrouve aussi l’esprit hugolien dans son réalisme et ses récits sur les miséreux, et dans le premier vrai sujet du livre, qui est un chef-d’oeuvre surtout pour cela : un grand roman d’amour.

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David Rofé-Sarfati
David Rofé-Sarfati est Psychanalyste, membre praticien d'Espace Analytique. Il se passionne pour le théâtre et anime un collectif de psychanalystes autour de l'art dramatique www.LautreScene.org. Il est membre de l'APCTMD, association de la Critique, collège Théâtre.

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