“Héritage”, l’ADN de Dani Shapiro tient en haleine
Il n’y a pas que Maïwenn qui fouille son ADN. Outre-Atlantique, le dernier roman de Dani Shapiro, Héritage, est un best-seller incontesté avec une 11e place dans la liste du New York Times. L’auteure quinquagénaire y part à la recherche de ses gènes, pas aussi juifs qu’elle l’imaginait.
Test ADN et abîme identitaire
Alors que son fils est en stage sur la côte Ouest, les résultats du test d’ADN de sa demi-sœur ouvrent une brèche dans la vie de Dani, 54 ans. Auteure à succès dans la veine du roman familial, élevée dans une famille juive observante de Brooklyn, elle découvre, alors que ses deux parents sont morts, que… son père, décédé quand elle avait un peu plus de vingt ans, n’était pas son père ! Avec les technologies actuelles, cela lui prend 36 heures de trouver son père biologique bien vivant… Vertige et horreur, tandis que sa propre identité se dérobe et qu’elle promet l’anonymat à son géniteur et sa famille dans une correspondance douloureuse pour les deux parties, elle est soutenue pleinement par son mari, Michael.
Une fiction universelle
Dans une langue intime et travaillée, Dani Shapiro met les mots justes sur le vertige identitaire. S’il est difficile de comprendre pleinement ce qu’elle a vécu, les questions qu’elle se pose et nous pose sur l’identité résonnent fort et juste. Certaines scènes du passé, comme le poète Mark Strand lui décrétant brutalement qu’elle n’avait pas l’air juive et que donc elle n’était pas juive, prennent un nouvel écho. Toute la famille est impactée et c’est presque toute une vie qu’il faut relire à l’ombre d’un secret si bien gardé qu’il a été refoulé. Un roman intense et fort, qui trouvera très certainement son lectorat français.
Dani Shapiro, Héritage, Les arènes, trad. Clotilde Meyer, 304 p., 20,90 euros. Sortie le 21 janvier 2021.
visuel : couverture du livre